Philosophie cas
Par Junecooper • 20 Février 2018 • 1 051 Mots (5 Pages) • 478 Vues
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à la Pythie (qui rendait des oracles au temple d’Apollon de Delphes) la question de savoir s’il existait un homme plus sage que SOCRATE. Comme elle avait répondu par la négative SOCRATE s’en étonna car il ne s’estimait pas savant. Cherchant à comprendre le sens de l’oracle, il allait sur l’Agora et interrogeait ceux qui passaient pour être savants pour savoir en quoi il l’était plus qu’eux. Ce sont ces entretiens qui nous sont rapportés dans les dialogues de PLATON, l’un de ses disciples. Par ses interrogatoires, il parvenait à mettre ses interlocuteurs en difficulté, ce qui lui valut leur inimitié : il comprit que s’il était plus sage qu’eux, c’est qu’eux croyaient savoir ce qu’ils ignoraient, tandis que lui, ce qu’il ne savait pas, il ne pensait pas le connaître.
On voit qu’il y a deux formes d’ignorance :
• la première est caractéristique de celui qui ignore son ignorance ; cette modalité de l’ignorance renvoie à la doxa, à l’opinion, qui est une forme de croyance, puisque l’on croit savoir ce qu’en réalité on ignore. Le vrai croyant ne sait pas qu’il croit, dans le sens où il prend sa croyance pour un savoir,
• l’autre est l’ignorance socratique, et relève déjà d’une forme de savoir, puisque dire que l’on ne sait pas, c’est déjà savoir que l’on ignore.
Ce qui distingue fondamentalement ces deux figures de l’ignorance, c’est que dans la première, celui qui croit savoir n’est pas curieux de découvrir une vérité qu’il pense détenir, tandis que celui qui sait qu’il ignore va désirer connaître.
SOCRATE tira sa devise, « connais-toi toi –même » (Gnothi seauton, γνῶθι σεαυτόν), de celle qui figurait au fronton du temple d’Apollon (« connais-toi toi-même et tu connaîtras l’univers et les dieux ».) Se connaître c’est ici découvrir en soi ce qui n’est que croyance, préjugé, par l’examen ou le dialogue, le débat. Suivant cette conception, le philosophe est donc en premier lieu moins celui qui ajoute au savoir, que celui qui retranche, parmi nos idées, celles qui nous paraissaient évidentes et qui, à l’examen, s’avèrent ne pas être fondées. Selon SOCRATE, la philosophie naît de l’étonnement : il faut s’étonner, même de ce qui parait familier et aller de soi. C’est par l’étonnement, la radicale remise en question de ce qui semble acquis (on pense ici à l’expérience du doute chez DESCARTES, au 17ème siècle) que l’on parvient à se déprendre de nos opinions fausses. La première tâche du philosophe est de remettre en question les évidences, car, suivant la formule de HEGEL (19ème siècle) dans la Préface de La phénoménologie de l’Esprit : « ce qui est bien connu est en général, pour cette raison qu’il est bien connu, non connu » : ce qui nous paraît évident ne doit peut-être son évidence qu’au seul fait qu’on ne s’est pas interrogé à son sujet.
Cette remise en question critique même de ce qui semblait communément admis caractérise le philosophe, non pas qu’il cultive le goût du paradoxe, mais afin de s’assurer de ce qu’il tient pour vrai. Dans Qu’est-ce que les Lumières ? KANT cherche à préciser la pensée des Lumières et il la résume par la formule latine : « Sapere aude », ose penser ; c’est l’exigence de penser par soi-même.
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