Le langage
Par Andrea • 4 Janvier 2018 • 2 478 Mots (10 Pages) • 649 Vues
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Aristote utilise par deux fois le terme de symbole, le langage est une activité symbolique qui ne se réduit pas au simple usage de signe. En effet, le signe peut être un signe naturel, tout comme la fumée est le signe du feu. Autrement dit le signe est dû qu’il existe un lien de cause a effet naturel entre le feu et la fumée. De la même manière le simple usage de la voix n’est pas suffisant pour constituer un langage tant qu’on n’est pas rentrer dans un ordre symbolique. En effet, certains animaux disposent de la voix et la voix est alors signe d’un état de l’âme sans que ça soit un symbole. Le signe ne devient symbole que lorsqu’il est conventionnel et non plus spontané et naturel. Le langage consiste à articuler dans une construction qui dispose de règle, ces symboles. Le travail du philosophe est d’élaborer un discours vrai signifiant et qui se rattache aux choses qui existent c’est-à-dire le signifié. La difficulté peut être la suivante : si le langage suppose l’usage conventionnel de symbole comment savoir que ces symboles nous disent bien la réalité de ce qui existe ? La réponse d’Aristote repose sur le fait que dans le dialogue nous communiquons bien les uns avec les autres, nous nous comprenons. Il y a donc bien par l’intermédiaire de convention la création d’un monde commun qui s’articule au monde réel. Si tel n’était pas le cas, les hommes ne pourraient tout simplement pas se parler.
Avec cette théorie de la signification, est attribué au langage un rôle solennel assez grave qui est celui de dire la vérité ce qui s’oppose au jeu des sophistes. Cela ne fait-il pas du langage un discours quelque peu aride car ce qui importerait serait simplement ce qui est dit de quelque chose et non manière dont on dit cette chose. Or n’y a-t-il pas dans le langage une musicalité qu’il s’agit de retrouver.
- Les mots sont-ils une manière d’habiter le monde ?
Merleau-Ponty
Merleau-Ponty souligne que le langage, les mots ne sont pas extérieurs à la pensée comme si les mots était un vêtement qui venait recouvrir après coup une pensée préexistante. En réalité, la pensée et les mots naissent d’un même mouvement du coup le choix que nous faisons des mots que nous utilisons est une certaine de construire notre pensée et ainsi d’habiter de le monde. La manière dont nous parlons est alors révélatrice du rapport que nous avons au monde, aux autres et à nous même puisque nous sommes ce que nous habitons. Ne faut-il pas par conséquent apporter un soin tout particulier à notre manière de parler et retrouver ainsi peut être la caractéristique peut être la plus essentielle qui est d’être un chant du monde. La poésie, la musicalité, le rythme sont inérants au langage et nous sommes bercés par ce qu’appelle Merleau-Ponty la parole parlante qui s’oppose à la parole simplement parlée. En effet, la parole parlée est convenue, conventionnelle, stéréotypée, elle ne nous surprend plus tandis que la parole parlante est une parole innovante à l’état naissant, une véritable célébration du monde.
Les poèmes offrent une telle musicalité et à partir d’un nombre finit de mot, ils réinventent une nouvelle manière de dire les choses comme si les capacités langagières étaient infinies. Le langage est donc avant tout créateur. Mais il a ce pouvoir supplémentaire de créer de nouveaux liens entre les hommes. Et ce afin de répondre à des exigences éthiques.
- Pourquoi donner sa parole
Arendt, Condition de l’homme moderne
Parler ce n’est pas simplement chercher à décrire ce qui est, parler c’est aussi agir. La parole n’est pas quelque chose de léger ni d’anodin. Au contraire, la parole est quelque chose qui se donne comme un bien précis. Et ce pour répondre aux difficultés de la temporalité aussi bien quand on se tourne vers le futur que lorsque l’on se tourne vers le passé. Le futur et le passé engage une parole différente. Qu’est-ce qui caractérise le futur ? C’est son imprévisibilité et nous même nous ne pouvons jamais être certain de ce que nous serons et ce que nous ferons à l’avenir. Du coup, nul ne semble pouvoir compter sur personne puisque je ne peux assurer l’autre de ce que je serais à l’avenir. La conscience de l’imprévisibilité de l’avenir semble alors dissoudre toute continuité dans les relations entre les hommes. Alors quelle va être la solution ? La solution réside dans un certain usage de la parole c’est-à-dire la promesse. La solution « qui consiste à se lier par des promesses, sert à disposer, dans cet océan d’incertitude qu’est l’avenir par définition, des ilots de sécurité sans lesquelles aucunes continuités sans même parler de la durée, ne serait possible dans les relations des hommes entre eux. » Promettre c’est se lier à l’autre par la seule force de la parole, ce lien est principe de continuité et fait d’autrui le principe de ma propre identité puisque je suis tenu d’être celui que j’ai promis d’être. Je renonce alors à devenir n’importe qui, et limite librement la propre liberté. Mais ce renoncement et cette limitation est en même temps une force à la fois pour celui qui promet et pour celui à qui est faite la promesse. En effet, celui qui promet sait qu’il veut être alors que celui qui est libre de toutes promesses dispose d’une liberté bien fragile. Pour celui à qui est faite la promesse, il a la sécurité de disposer de l’avenir comme si c’était du présent : il sait où il va comme si c’était déjà là. Enfin pour celui qui promet, il y a la conscience d’une responsabilité accrue : ce n’est tout de même pas rien de savoir qu’on est l’ilot de sécurité pour celui vis-à-vis de qui on s’est engagé. Promettre c’est toujours quelque chose de grave. Si l’on se tourne vers le passé alors on n’est pas face à de l’imprévisibilité mais au contraire à la triste nécessité de fait c’est-à-dire on ne peut pas faire que ce qui a été dit ou fait n’est pas été dit ou fait. Autrement dit, alors que l’homme a une capacité de détruire tout ce qu’il construit, il ne peut pas détruire les conséquences de ses paroles ou de ses faits. L’homme est ainsi irrémédiablement lié a son passé mais alors il est comme prisonnier de ses tords et de ses fautes comme s’il était incapable de devenir un homme neuf. Le problème est qu’on se verrait alors reprocher toute notre vie nos moindre manquement. La solution va être interne aux problèmes, la solution sera le pardon. Cette parole que l’on donne à l’autre a le pouvoir quasi magique de délier
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