Le bonheur propre
Par Junecooper • 21 Août 2018 • 3 913 Mots (16 Pages) • 521 Vues
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Mais affirmer ainsi que le bonheur est « dans le passé », c’est en fait dire que le bonheur est dans le souvenir d’un moment passé mais c’est au présent que ce bonheur s’éprouve.
Les seules théories qui placent véritablement le bonheur dans le passé sont peut-être les diverses conceptions mythiques et religieuses qui évoquent un âge d’or révolu.
Par exemple, pour la religion chrétienne, l’homme ne fut heureux que durant la période qui précède le péché originel, c’est-à-dire quand Adam et Eve jouissaient encore en toute tranquillité du jardin d’Eden. Depuis le péché originel, l’homme est condamné à la souffrance et au malheur. Il ne pourra, éventuellement, connaître à nouveau le bonheur qu’après la mort.
II. Le bonheur se trouve dans la satisfaction de tous les désirs
Le bonheur est étroitement lié au désir : en effet, l’objet par excellence du désir n’est-il pas le bonheur ? Et le bonheur ne consiste-t-il pas en la satisfaction de nos désirs ? Nous allons donc commencer par étudier si le bonheur se trouve dans la satisfation de tous les désirs.
A. L’hédonisme
La thèse hédoniste affirme que Le bonheur est dans la satisfaction de nos désirs. L’hédonisme est la conception qui fait du plaisir la valeur suprême, le but de la vie, qui identifie bonheur et plaisir. Or le plaisir est conçu comme ce qui accompagne la satisfaction de tout désir ; donc le bonheur consistera, pour l’hédoniste, dans la satisfaction des désirs.
Toutefois au sein même de la théorie hédoniste : il y a ceux qui affirment que le bonheur consiste à satisfaire tous nos désirs, et ceux qui recommandent de ne chercher à satisfaire que certains désirs.
Le bonheur est dans la satisfaction de tous nos désirs (Calliclès)
Ainsi, selon la conception de Calliclès, personnage d’un dialogue de Platon, qui met en scène socrate, la manière la plus simple de concevoir le bonheur est d’affirmer qu’il consiste en la satisfaction de tous nos désirs. Socrate, critiquant l’hédonisme, utilise une métaphore pour pousser Calliclès au bout de son idée. C’est la célèbre image du tonneau des Danaïdes : Platon compare le désir au tonneau des Danaïdes. Selon la mythologie, les Danaïdes ont été condamnées à remplir d'eau un tonneau percé. Le tonneau représente les désirs. Calliclès, un sophiste qui conteste Socrate dans le Gorgias définit le bonheur comme la capacité de satisfaire tous nos désirs, y compris nos passions les plus intenses : pour lui bien vivre consiste à satisfaire ses désirs. Socrate répond à Calliclès par l’allégorie des tonneaux : imaginons deux hommes qui possèdent chacun des tonneaux : le premier a ses tonneaux remplis de miel, de lait et de vin, cet homme représente l’image de la vie tempérante de l’homme juste ; Le second a ses tonneaux percés : il ne peut jamais accéder à la tranquillité, c’est l’image de la vie déréglée de l’homme injuste. Pour Socrate tout désir réside dans la sensation. Or celle-ci a une durée de vie limitée et elle est vouée à s’éteindre.
De ce fait, le plaisir nécessite un renouvellement constant de la sensation. Lorsqu’on laisse les désirs s’exprimer sans limite on est voué à une frustration sans fin. Mais Calliclès s’oppose à Socrate, selon lui il faut entretenir les plus fortes passions au lieu de les réprimer, (…) et il faut être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu’ils éclosent » C’est ce que Calliclès considère comme constituant la vertu et le bonheur.
La figure de Don Juan, dans la pièce de Molière, est un hédoniste au sens de Calliclès : il cherche à satisfaire sans cesse tous ses désirs, notamment ses désirs de conquêtes féminines. Toutefois l’homme est plein de désirs infinis et démesurés : s’il cherche à satisfaire tous ses désirs, y compris les plus fous, ne risque-t-il pas d’être voué à l’échec et à la frustration, et ainsi de rencontrer un malheur cinglant au lieu du bonheur tant espéré ?
Le bonheur est la satisfaction de certains désirs seulement (Epicure)
Le philosophe Epicure, hédoniste modéré, recommande de chercher à satisfaire certains désirs seulement, les plus fondamentaux. En effet, si le bonheur se trouve le plaisir, c’est-à-dire pour Epicure l’ataraxie, ou « absence de douleurs dans le corps et de troubles dans l’âme », alors il convient de fuir les désirs démesurés qui seront bien difficiles à satisfaire et qui, par conséquent, nous apporteront davantage de troubles que de sérénité.
Epicure distingue trois catégories de désirs et de plaisirs, ainsi l’homme est contraint de faire un travail de hiérarchisation des désirs en prenant comme critère la souffrance et le plaisir que lui procureront ces désirs :
Il y a les plaisir naturels et nécessaire : Ces plaisirs sont tous ceux qui sont naturels et nécessaires à notre survie. Il y a les désirs naturels mais non-nécessaires : des désirs qui m’apportent du confort par exemple. Enfin, il y a les désirs ni naturels ni nécessaires, les désirs qui sont vains. Le désir de gloire ou de richesse. Selon Epicure seuls les plaisirs nécessaires sont à satisfaire pour atteindre l’ataraxie. Les plaisirs non-nécessaires sont à éviter, dans la mesure du possible, car il faut apprendre à se contenter de peu et ne pas chercher à avoir toujours plus. Enfin, les désirs vains sont à fuir absolument, car ils nous apporteront bien plus de maux et de troubles que de bien.
→ Le bonheur se trouverait selon Epicure dans le plaisir au repos, ne devant pas entrainer de souffrance.
Spinoza qui considère le désir comme étant l’essence de l’homme, rejoint Epicure sur le fait de rationaliser ses désirs. Le désir est nécessaire à l’homme mais tous les désirs ne sont pas moraux : il doit les évaluer en se fondant sur la notion de Bien et de Mal, car dès que je comprends l’origine de mon désir, j’ai une prise dessus.
Le stoïcisme
En effet, si le bonheur consiste en la satisfaction de nos désirs, cette satisfaction peut être atteinte de deux manières : c’est ce qu’prône la thèse stoïcienne Le bonheur est dans la restriction de nos désirs.
Pour être heureux en satisfaisant nos désirs il faut ajuster le monde à nos désirs, c’est-à-dire chercher à avoir ce qu’on désire
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