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Adieu - G. Apollinaire

Par   •  1 Mai 2018  •  1 174 Mots (5 Pages)  •  577 Vues

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Il fait à Lou les serments les plus solennels : « à toi ma vie ! à toi mon sang ! » et le rapprochement de la première et de la deuxième personne : « toi, mon » dans cette double exclamation fiévreuse proclame l’union indéfectible des amants.

Le pouvoir, quasi magique, de la jeune femme irradie sur la nature qu’elle métamorphose, imprègne de sa grâce : lorsque Apollinaire pense à Lou, « la nuit noire » v.7 devient « très douce et très blonde » v.10 –comme Lou, peut-être ?- et « le ciel est pur comme une onde ». Cette fusion des éléments avec la comparaison du ciel à une étendue d’eau –principe féminin- et la personnification de la nuit en créature féminine, tout ramène le poète à Lou, et la strophe s’adoucit avec des rimes féminines et les sonorités assourdies de « blondes », « onde » et « monde ».

[Un amour menacé par la guerre]

Mais cet amour est menace et l’intensité du lyrisme le dispute à l’angoisse de la séparation, qui affleure sous les remarques détachées du poète. Le titre du poème « Adieu » résonne comme un cri désespère dans le contexte de la guerre.

Sans poser au héros, sans fanfaronner, il accepte son devoir militaire et c’est très discrètement qu’il évoque sa situation de simple soldat : s’il mentionne l’arme a laquelle il appartient-l’artillerie-, avec une légère touche cocardière apportée par le possessif « notre », il se fond anonymement, par le recours au pronom personnel indéfini « on », dans la foule de ses camardes, qui eux aussi, attendent des nouvelles de leurs proches.

Mais les moments de bonheur de ces brèves retrouvailles ont seulement fait passer à l’arrière-plan la menace qui pèse sur le poète et son amour. C’est pour conjurer le « sort » v.1, qu’il revendique la supériorité de l’amour, sa liberté. Quand le poète fait allusion a la « mort », quand il offre a Lou sa « vie », son « sang », ces mots prennent un relief prémonitoire : quelques mois plus tard, blesse grièvement, il a échappé de peu à la mort mais, affaibli par sa blessure, il succombe lors de l’épidémie de grippe espagnole.

Le dernier vers, avec le « une…deux…trois… », qui semble un pas que ralentissent encore davantage les points de suspension, pourrait évoquer le retour lourd de tristesse du poète vers sa caserne pour ne pas être en retard a l’appel du soir « il est neuf heures moins le quart », avant un dernier « adieu ».

[Conclusion]

Entre jeu formel et familiarité du ton, entre effusion lyrique et angoisse à peine voilée, Apollinaire évoque avec délicatesse, humour et la plus fine sensibilité quelques-uns des thèmes humains universels, l’amour, la guerre et l’angoisse de la séparation.

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