Machiavel
Par Raze • 26 Janvier 2018 • 2 766 Mots (12 Pages) • 514 Vues
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« Touria ! Tu vois maintenant se qu’a causé notre malheur ? Je t’avais prévenu de ne pas adopter cette saleté ! Si ses parents l’avaient abandonnée c’était parce qu’ils savaient que cette fille ne leur attirerait que des ennuis ! »
Quand il se retourna pour punir sa fille, Amina avait déjà disparu.
Amina marchait sans arrêt dans les rues désertes et obscures de Casablanca, les pensées ailleurs, elle nageait dans des questions : Pourquoi personne ne l’acceptait ? Pourquoi tout le monde la rejetait ? De quel droit les gens la jugeaient sans même la connaître ? Toutes ces questions étaient sans réponse. Elle se sentait méprisée, avilie, maltraitée, perdue.
Un bruit derrière elle l’arracha de ses pensées, c’était un clochard, il s’approcha d’elle, mais elle ne pouvait pas se sauver car elle était paralysée, il posa un lame de rasoir sur sa joue et lui demanda de lui donner tout se qu’elle possédait, elle sortit son téléphone et le clochard le lui arracha d’entre ses mains, quand il la laissa partir, elle courut à toute jambe, mais quand elle arriva près d’un réverbère, elle s’aperçut que du sang lui coulait le long de sa joue droite.
Elle avait très mal, mais à vrai dire cette douleur était la bienvenue puisqu’elle la distrayait de celle de son cœur fracassé.
Il faisait déjà nuit, elle était crevée, et tous ces événements la dépassait, elle se réfugia dans le chantier d’une maison en cours de bâtissage.
Le matin elle fut réveillée par un maçon qui lui demanda de le rejoindre pour partager le petit déjeuné, elle s’exécuta car elle avait trop faim, « Les gens bons existent toujours ?» pensa-t-elle.
Le maçon l’interrogea à propos de la raison pour laquelle elle se trouvait dans la rue, alors elle lui raconta toute son histoire, le vieil homme eut pitié d’elle et décida de l’emmener chez lui.
Les jours passèrent, et Salem, le maçon, trouva un travail pour Amina, comme étant une femme de ménage chez une famille très riche.
Sa patronne était une femme dure, elle la privait de déjeuner quand elle n’excellait pas dans son travail, qui lui-même dépassait ses pouvoirs physiques et moraux, elle la battait parfois, quand elle passait dans le salon alors que son mari y était aussi, elle l’insultait pour n’importe quoi, et diminuait de sa prime pour la simple raison qu’elle n’était pas d’humeur.
La vie devenait de plus en plus compliquée, si seulement Amina pouvait mener une vie normale comme toutes les autres filles à son âge : se réveiller le matin dans un lit confortable, manger son petit déjeuner fait par sa maman, qui la prendrait dans ses bras et l’embrasser avant d’aller à l’école, sentir la chaleur familiale.
Un jour alors qu’Amina faisait la vaisselle dans la cuisine de la grande villa de ses patrons, un verre glissa d’entre ses mains, pour tomber parterre et s’éclater en mille morceaux. Lalla Kenza se précipita alors dans la cuisine, furieuse, elle prit un couteau le réchauffa jusqu’à ce que le métal gris ait une couleur rouge orangée, et le posa sur l'avant-bras d’Amina avec un sang très froid.
Le bras d'Amina avait une entaille profonde, elle ramassa un morceau de verre sur le parquet et se coupa les veines, elle perdit connaissance et tomba sur place, après une heure environ, le fils de Kenza entra dans la cuisine pour chercher un verre d'eau, il vit la pauvre fille et appela sa mère, cette dernière appela l'ambulance.
Quand elle ouvrit les yeux, Amina se trouvait dans une chambre obscure, étendue sur un lit blanc , à sa droite une table de chevet avec des médicaments et des prospectus dessus, à sa gauche un long support d'aluminium, qui tenait son sérum, relié par un tube en plastique transparent, jusqu'à sa main qu'on avait soigneusement enroulée dans une sorte de pansement.
La porte s'ouvrit brusquement pour laisser Salem pénétrer dans la chambre, vêtu d'une djellaba beige, un large sourire se dessina sur son visage quand il s'aperçut que Amina avait ouvert les yeux, il s'assit dans le lit juste à coté d'elle, et lui teint la main pour la réconforter, il ne lui en voulait pas parce qu'elle avait essayer de se suicider, car il la comprenait.
D'abords, elle eut à surmonter les terribles fatigues du travail domestique. Les vêtements à repasser lui cassaient les bras, au point que, pendant les deux premières semaines, elle criait la nuit en se retournant, courbaturée, les épaules meurtries. Mais elle souffrit plus encore de ses vieux souliers, de gros souliers apportés de souk Gmiaa, et que le manque d'argent l'empêchait de remplacer par des bottines légères.
Toujours debout, piétinant du matin au soir, grondée si on la voyait s'appuyer une minute contre la boiserie, elle avait les pieds enflés, des petits pieds de fillette qui semblaient broyés dans des brodequins de torture; les talons battaient de fièvre, la plante s'était couverte d'ampoules, dont la peau arrachée se collait à ses bas. Puis, elle éprouvait un délabrement du corps entier, les membres et les organes tirés par cette lassitude des jambes, de brusques troubles dans son sexe féminin, que trahissaient les pâles couleur de sa chair. Et elle, qui devint si mince, l'air si fragile, résista, pendant que les autres filles à son âge se plaignaient de n'importe quoi. Sa bonne grâce à souffrir, l'entêtement de sa vaillance la maintenaient souriante et droite, lorsqu'elle défaillait, à bout de forces, épuisée par un travail auquel des hommes auraient succombé.
Salem lui fit jurer de ne plus jamais recommencer ce qu'elle venait de faire, elle quitta l'hôpital un peu heureuse de ne plus jamais revoir Lalla Kenza qui allait causer sa mort.
Les jours passèrent et Salem obligea Amina à rentrer au lycée pour finir ses études, elle accepta, cette fois-ci ses nouveaux camarades de classe ne se moquèrent pas d'elle, car elle n'était plus grosse.
Elle eut son baccalauréat avec mention; car elle avait fais serment à elle même de bien étudier, pour effacer son passé de misère. Toutes les écoles supérieures l'acceptèrent elle choisit alors l'école nationale de droit où elle étudia pendant sept ans avant de devenir juge dans l'une des tribunes de Casablanca. Elle avait assuré son avenir par l'aide de Salem qui l'avait aidé, et à qui elle devait sa réussite.
Amina
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