La libération de Raqqa signe-t-elle la fin de l’Etat Islamique ?
Par Ramy • 25 Novembre 2018 • 1 125 Mots (5 Pages) • 539 Vues
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C’est la fin de la présence territoriale de DAESH. L’organisation perd ses camps d’entrainements et sa chaine de commandements mais pas forcément sa capacité à mener des attaques…
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- Un Etat Islamique encore présent
La bataille a été rude. Autour du rond-point Al-Naïm, devenu tristement célèbre par les mises en scène des combattants de l’EI qui y exécutaient et décapitaient leurs opposants, la ville n’est plus qu’un champ de ruines. Ces derniers jours, alors que s’approchait le dénouement, des négociations auraient permis le départ de plusieurs dizaines de combattants de l’EI, mais pour aller où ?
Selon Bertrand Badie, professeur de relations internationales à Sciences-Po Paris, l'EI perd sa capitale syrienne mais ce n'est pas pour autant la fin de l'Etat islamique : "Ce n'est pas la fin de Daesh. On aura plus à faire à une logique de réseau. Lorsque l'on reconquiert un territoire contrôlé par Daesh, ce qui est extraordinairement difficile c'est de faire la distinction entre les personnes que l'on va découvrir. On peut donc parier qu'aujourd'hui à Raqqa, comme hier à Mossoul, qu’une partie des combattants s'est fondue dans la population locale et devient une sorte de réseau dormant ». C'est alors la naissance d’une autre époque qui est en train de s'ouvrir.
Malgré les défaites essuyées, ces derniers mois, la force de nuisance des djihadistes reste bien réelle. « La terrible vérité, c’est que Daesh sera tout aussi meurtrier comme réseau d’insurrection terroriste que lorsqu’il était un quasi-Etat », avertit Nicholas Heras. En Syrie et en Irak, Daesh a pour stratégie de mener une insurrection brutale contre n’importe quelle force qui va conquérir son califat, en utilisant de jeunes combattants endoctrinés, issus de la population locale.
Un avis partagé par Aymenn Jawad al-Tamimi, spécialiste des mouvements djihadistes. Il met en garde contre "les cellules dormantes, les raids, les kamikazes", auxquels Daesh peut encore avoir recours selon lui. Les attaques en Europe vont continuer pendant un certain temps. La défaite du projet étatique de Daesh diminue certes son attrait, mais, le groupe continuera d’avoir des partisans pendant un long moment.
Pour l’analyste Charlie Winter, "il ne s’agit pas simplement de conquérir le territoire de Daesh pour voir son idéologie disparaître". En effet, aux yeux de ceux qui se battent pour Daesh, l’organisation a réussi à déclarer un califat et le maintenir, c’est sans précédent dans l’histoire moderne du djihadiste salafiste", souligne le chercheur au Centre international d’études sur la radicalisation et la violence politique au King’s College de Londres. C’est quelque chose qui aura un impact sur l’ensemble du spectre djihadiste, pour des années et des années à venir.
Il y a plusieurs mois, les chefs de l’EI ont enjoint leurs sympathisants à la patience et à se préparer à une nouvelle étape d’insurrection qui suivrait la fin du califat. Avec la chute de Raqqa, cette nouvelle étape est désormais ouverte. L’EI devrait suivre le destin d’Al-Qaïda au Maghreb, c’est-à-dire défaite sur le terrain en Afghanistan mais présent sur tous les continents ainsi qu’en Afrique.
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