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L’Etat et le socioéconomique : de la politisation à la marchandisation.

Par   •  22 Mars 2018  •  1 518 Mots (7 Pages)  •  476 Vues

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Transition : L'Etat-Providence rend la société plus sécurisante pour le salariat et légitime les politiques gouvernementales. En 1973 la crise affaiblit les conditions sociales (↗ inégalités et exclusion). Les politiques dénoncent alors l'Etat-Providence et sa gestion trop pléthorique. Il subit une triple crise de financement, d’efficacité et de légitimité qui le pousse à se restructurer.

II – La marchandisation et les nouvelles fonctions de l’Etat

A - L'Etat-Providence s'oriente vers le néolibéralisme (5min30)

- L’Etat se tourne alors vers le neoliberalisme : C'est une doctrine plus qu'économique qui veut rétablir les libres forces du marché (libéralisme économique) et les initiatives individuelles (libéralisme politique). Elle transforme l'intervention de l'État. Le Grand tournant néolibéral a lieu dans les années 80. Ex : au Royaume-Uni avec le conservatisme de Mrs. Thatcher.

* Sa particularité, c’est l'extension du modèle de marché à toute la société : celui-ci recode les politiques de l'Etat, de la santé à la criminalité. Pour illustrer ce propos, la justice disciplinaire devient managériale et psychologique. La réparation faite à la victime est plus importante que la loi elle-même. Foucault démontre à ce sujet «le passage de la raison d’Etat à la raison du moindre Etat».

* M. Boltanski évoque une « culture du projet » qui s'immisce dans la vie privée. L'individu alors "entrepreneur de lui-même" doit valoriser son capital pour s'insérer sur le marché global. Par ex : le projet d'avoir un enfant qui est pensé en terme de coûts et d'investissement rationnel influence les politiques publiques familiales (la contraception, l’avortement, la question d'éthique).

- Puis, l'Etat se marchandise, c’est-a-dire qu’il se convertit en producteur de services marchands pour un citoyen consommateur qui s’intéresse plus à son bien-être qu'à celui de la collectivité.

* Pour ce faire il applique des reformes managériales : Il calque sa bureaucratie sur le secteur privé / Il baisse les couvertures sociales au profit d'assurances privées / Il privatise ses biens publiques / Il décentralise son pouvoir intra-étatiquement comme avec la fin du plan national d’investissement en France en 2000 ou supra-étatiquement avec les réformes de l'UE.

Transition : ce n'est donc pas un retrait de l'Etat au profit du marché mais l'Etat qui se met lui-même au service de celui-ci et reprend sa logique de fonctionnement. Cela crée des tensions dans le socio-économique.

B – Il devient entrepreneurial et bouscule la démocratie (7min30)

- L'Etat devient entrepreneur d’un social «de compétition» selon J.Donzelot. Il met en concurrence les individus pour inciter les disqualifiés à revenir dans la norme et aux autres de s'y conforter. Par ex : L’attribution du RMI (devenu RSA en 2009) à un individu sous-tend un projet de retour à la vie active. Or le problème vient des mutations socioéconomiques générées par l'ordre économique, et non de l’Etat.

* Le retour à l'individualisme de masse le pousse aussi à cibler les problèmes sociaux localement. L'Etat-Providence est réinterprété en « Social Investment State » avec des politiques de réinsertion dans le marché alors souvent précaire. Le Workfare se substitue au Welfare.

* Une société civile locale émerge ainsi au détriment de la citoyenneté nationale. Un nouvel instrument de gestion locale remplace la planification des administrations étatiques.

- Dans Le démantèlement de l'Etat démocratique, E.Suleiman critique cette logique managériale de sur-marchandisation. Celle-ci influence le rôle de l'Etat, le rend moins efficace envers le socioéconomique et donc moins légitime ; alors que la démocratie a besoin de cette légitimité pour exister. Néanmoins l’intérêt public est encore très présent en Europe.

- Les habits neufs de la politique mondiale de Wendy Brown offre une vision moins optimiste. Le marché nécessite forcément une intervention étatique mais la société est dominée par l'intériorisation des normes néolibérales. Le corps politique et social n'est plus UN, mais un agrégat d'entrepreneurs-consommateurs individuels. Les oppositions politiques dans les démocraties libérales diminuent donc. Le néolibéralisme prétend défendre la démocratie, mais privilégie les plus insérés dans le marché comme sous l'Ancien Regime. Selon elle, pour empêcher des dérives dictatoriales capitalistes, une alternative serait d'apprendre aux citoyens à gouverner ensemble.

Conclusion (9min 40):

- Pour résumer, il est important de retenir que la façon avec laquelle l'Etat agit sur la société évolue en fonction de son rapport avec l’ordre économique qui prévaut.

- En politisant la question social passant de l'Etat purement gendarme à l'Etat Providence, il ne se transforme pas, il évolue, se dote de nouveaux objectifs et d’outils pour les atteindre jusqu’à ce qu’une nouvelle vague néolibérale ne réoriente ses choix. Dans tous les cas, ces variations étatiques ont le mérite d’être critiquables.

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