L'intervention systémique dans le travail social
Par Christopher • 2 Octobre 2018 • 4 432 Mots (18 Pages) • 773 Vues
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- Les fondamentaux de la pensée systémique
Nous allons développer ici les grandes théories et pratiques sur lesquelles repose l’approche systémique. La théorie est un moyen de connaissances, elle est « vivante (elle change) et mortelle (le réel peut lui infliger un démenti fatal) ». Elle est donc périssable. L’approche systémique s’organise en tant que modèle d’action et de pensée pour le travail social sur une base théorique issue de la théorie du système général, de la théorie de la communication de Palo Alto et de la théorie du constructivisme.
- La théorie du système général
Nous présentons quelques points fondamentaux concernant cette théorie.
Le fondateur de cette théorie est le physiologiste Ludwig von Bertanlaffy. Cette théorie nous permet de construire la réalité en système. Il ne s’agit pas d’une théorie particulière, mais d’une grille de lecture pouvant s’appliquer dans différentes branches du savoir (psychologie, anthropologie, histoire). Cette théorie s’adapte aux mutations de nos sociétés qui s’organisent sur une élaboration en réseaux. Le but de cette théorie consiste en une formulation de principes valables pour tout système indépendamment de la nature des éléments qui le composent et des relations qui les relient.
« Le système est un ensemble d’éléments en interaction, organisés, qui, dans un contexte donné, évoluent, cherchent à atteindre des buts, produisent des activités ». Pour un éducateur, cette approche permet de considérer les personnes accompagnées, les familles soutenues, les groupes sociaux comme des systèmes : chaque élément est en interrelation, il est influencé et il influence les autres. C’est pourquoi dans ce type d’approche dans le travail éducatif, l’usager n’est plus perçu dans sa simple individualité, mais comme faisant partie de systèmes eux-mêmes décomposés en sous-systèmes. Toute modification d’un élément ou d’un attribut entraîne à la fois une modification chez les autres éléments et dans le système. Voici les des réflexions fondamentales concernant la compréhension des systèmes vivants relativement ouverts que nous rencontrons dans le travail social : l’individu, le groupe, la famille, le quartier. Le mode de compréhension du fonctionnement systémique s’appuie sur la notion de « causalité circulaire ». « La question n’est plus « qu’est-ce qui a causé tel symptôme ? » mais plutôt « dans quel contexte ce comportement fait-il sens ? » et non plus « qui fait quoi à qui ? » mais « que font-ils ensemble » (FALL Sokhna . Causalité circulaire et responsabilités. Pour une autre approche des violences. Disponible sur : www.europeanfamilytherapy.eu. ). La question à poser dans ce type d’intervention (notamment les entretiens à caractère systémique) utilise principalement le « comment » et pas le « pourquoi ». Nous reconnaissons que les lois (règles impératives imposées de l’extérieur) s’appliquent aux systèmes et favorisent l’homéostasie et que les singularités propres à chaque système sont sources de changement. Les systèmes humains tendent à la fois à la transformation et à la stabilité : un système est en crise lorsqu’il n’y a plus un équilibre acceptable entre ces deux tendances. La stabilité s’obtient par des rétroactions négatives et le changement par des rétroactions positives. Nous Nous observons souvent une prédominance homéostatique dans les systèmes dysfonctionnels, appelés aussi pathologiques). Ces systèmes sont relativement ouverts, c'est-à-dire qu’ils sont influencés et influençant. C’est pourquoi ils sont imprévisibles et peuvent alors être vecteurs de création, de changement. Cette imprévisibilité complexifie les facteurs intervenants. Le travailleur social fait partie des « facteurs intervenants ». Il existe une implication de l’observateur dans son observation. Nous verrons plus en détail cette question de l’engagement du travailleur social dans la dimension éthique de l’intervention systémique dans le travail social dans le chapitre III.
B .La théorie de la communication selon l’école de Palo Alto
Qu’est-ce que nous pouvons retenir cde ce courant de l’intervention thérapeutique dans l’enseignement de l’approche systémique ? Ce courant va étudier la « dynamique des relations entre émetteur et récepteur et s’intéresser aux questions de valeur ou d’utilité des messages, à la reconnaissance et à l’interprétation des signes, à leur aspects psychologiques, à leur sens. » Le lien entre l’émetteur et le récepteur c’est la communication. Tout comportement est considéré comme une tentative de communication. Il devient donc impossible pour un être humain de ne pas communiquer. Le processus d’interaction marque les règles de la communication : A agit sur B qui agit sur A et ainsi de suite (enchainement de réactions et d’inductions) et la circularité devient la caractéristique centrale de ce modèle. Communication égale comportement qui prend sens dans un contexte donné : l’évaluation de la normalité et l’anormalité est liée au contexte et au processus d’interactions et non plus aux caractéristiques individuelles. Une série de messages (donc une interaction) est potentiellement un système.
- L’approche systémique dans l’intervention sociale
- Repères méthodologiques : comment l’éducateur peut il concevoir l’approche systémique dans son travail ?
Il existe une interaction permanente entre l’hypothèse que nous formulons et qui nous éclaire sur ce qu’il conviendrait de mettre au travail avec le système de la personne accompagnée, c'est-à-dire l’intervention. L’hypothèse est un fil conducteur pour bâtir une compréhension qui doit engendrer une action. Le contenu de cette action est au croisement de multiples systèmes. C’est dans ce croisement que peut s’exprimer « la marge de création de chacun ». Les quatre repères méthodologiques que nous mettons en avant représentent le fruit d’une confrontation entre praticiens et formateurs du travail social.
- 1er repère : le contexte
- Concepts et idées-clés
La notion de contexte est très largement utilisée dans les écrits qui traitent d’approche systémique. Pour Bateson, le contexte donne du sens : un événement ne peut être compris que s’il est rapporté à l’environnement dans lequel il se produit.
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