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De la démocratie en Amérique (II), IV, 6

Par   •  16 Septembre 2018  •  2 046 Mots (9 Pages)  •  452 Vues

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- L’Etat démocratique ; un potentiel despote

L’Etat est au-dessus des Hommes, Tocqueville le définit comme étant « un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort » l-9/10. C’est l’Etat, ou du moins son outil législatif le Parlement, qui est en charge des lois : elles sont en effet votées par les députés au Parlement, puis promulguées par le Président de la République.

Ce souverain aurait été comparable à un père selon Tocqueville, s’il « avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir » l-12/13. En effet, l’Etat a tout intérêt à garder son peuple docile et satisfait, dans la mesure où ce dernier possède le droit de vote, est donc détient un pouvoir sur les gouvernants. Une bonne cohésion sociale est par ailleurs nécessaire pour éviter la révolte. L’Etat « travaille au bonheur » l-14 de son peuple, par exemple en mettant en place des réformes. On peut citer la réforme de 2010 sur la prise en compte de la pénibilité du travail pour le départ en retraite, la réforme sur le tiers payant pour 2017, ou encore celle de la semaine de trente-cinq heures datant de 2000.

Tocqueville considère que dans une démocratie, l’Etat a une emprise sur les individus, mais qu’il sait en user convenablement de telle sorte qu’il ne provoque pas de révolte : « il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naitre ; il ne tyrannise point, il gêne » l-26/27/28.

Il soumet également le peuple en instaurant des règles contraignantes et des procédures compliquées, laissant peu de chances à quiconque voudrait s’opposer au pouvoir souverain. Dans la démocratie française actuelle, cela peut se manifester également sous la forme d’asymétrie d’information entre gouvernants et gouvernés, mais aussi par exemple par toutes les limites au droit de manifester, ou le cadrage du droit d’expression.

Enfin, l’Etat, peut décider, bien qu’élu par le peuple, d’aller contre la volonté de celui-ci et des députés, faisant passer des lois en ayant recours à l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. C’est ce qu’a fait le gouvernement en juillet 2016 pour faire adopter la loi sur la réforme du code du travail, sans avoir à passer par le Parlement. Bien qu’étant légal, cette loi peut donner l’impression d’aller à l’encontre des valeurs de la démocratie. C’est un outil qui bien que limité, offre au gouvernement l’opportunité d’agir comme un despote. Il est « tout-puissant » l-37.

- La démocratie selon Tocqueville ; une vision trop sombre, parfois en désaccord avec la démocratie actuelle

- Diabolisation de l’Etat

Tocqueville offre une vision très négative de l’Etat démocratique ; il en fait un excellent manipulateur, qui sait habilement rendre le peuple docile « avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise » l-22 et lui retirer tout esprit critique « il rend moins utile et plus rare l’emploi du libre arbitre » l-18. Il faut nuancer la pensée de Tocqueville pour pouvoir faire un lien avec la démocratie d’aujourd’hui, l’Etat démocratique aujourd’hui, bien qu’améliorable ne manipule pas les individus. En effet, il est de plus en plus fréquent que le peuple s’oppose au gouvernement lors de prises de décision (par exemple lors de la réforme du code du travail de 2016) ce qui démontre bien que ce dernier n’a pas une totale emprise sur les esprits.

Il décrit le souverain comme un oppresseur : « il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; (…) il empêche de naitre ; (…) il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète » l-27/28. Cette vision n’est pas en accord avec la démocratie actuelle : les individus peuvent s’exprimer au travers de partis politiques, d’associations, lors des manifestations, et peuvent également agir, par le vote (référendum notamment).

Il introduit l’idée d’une relation dominant/dominé, dans laquelle le gouvernement serait comme le « berger » l-30 et le peuple « un troupeau d’animaux timides et industrieux » l-29. Il convient de nuancer cette critique, si l’uniformisation est effectivement un phénomène d’actualité, les divergences politiques et les oppositions de pensées le sont également, les Hommes ne peuvent donc pas être considérés comme « un troupeau » uniforme.

- La démocratie, un régime imparfait selon Tocqueville

Tocqueville réduit le bonheur en démocratie à « de petits et vulgaires plaisirs » l-3, et expose le principe de base du régime qu’est l’égalité comme une chose qui a disposé les Hommes « à les souffrir » l-20. On ne peut dire de l’actuelle démocratie qu’elle est source de souffrance : au contraire des régimes totalitaires qui se sont multipliés tout au long du XXème siècle, la démocratie offre au peuple une liberté d’expression et d’action. En effet « la démocratie est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », Abraham Lincoln.

Dans sa description, il fait également des individus des êtres asservis « cette sorte de servitude réglée » l-31 à un « maître » l-42. Ils sont emprisonnés par le pouvoir du souverain qui « étend ses bras sur la société́ toute entière (…), en couvre la surface » l-23.

Enfin, il considère que les Hommes sont des êtres perpétuellement tourmentés par le combat qui se livre en eux entre le désir de liberté et le besoin d’être conduit. Il les décrit comme habitués à « souffrir » l-20.

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