Approche historique du couple
Par Matt • 27 Septembre 2018 • 3 395 Mots (14 Pages) • 591 Vues
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Durant longtemps, en tout cas en Occident, la femme sera considérée comme l’assistante (élever les enfants, s’occuper de la maison…) de l’homme dans son évolution personnelle. Elle est, pendant ce temps, dépendante financièrement et même socialement de l’homme (autorisation du mari nécessaire à la femme pour ouvrir un compte en banque notamment).
Un processus d’émancipation des femmes, inhérent au cheminement de l’histoire de l’homme, va prendre un essor considérable dès le XVIIIème siècle et bouleversé les rapports homme-femme.
Une succession d’exemples non exhaustifs en atteste :
- Depuis 1907, les femmes sont en droit de disposer de leur salaire,
- L’instruction est accessible aux femmes sans l’autorisation du mari depuis 1938,
- Les femmes sont électrices et éligibles depuis 1944,
- La loi Neuwirth dans laquelle l’accès à une contraception efficace pour contrôler la fécondité est autorisée en 1967 (remboursée par la sécurité sociale en 1974),
- En 1975 la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse est prorogée (remboursée en 1982) …
Malgré ces progrès, les normes et la morale sont ataviques et ne peuvent être solutionnées en quelques décennies. La morale religieuse reste à travers nombre de représentations que les individus tentent de mettre de côté, l’apanage du mariage.
Dans la culture judéo-chrétienne, le péché, la culpabilité, la faute reste des imprécations très présentes. Le désir, le plaisir, la jouissance liés à la sexualité sont des tabous et le resteront par bien des aspects dans nos sociétés contemporaines.
A l’instar du contrôle établi par l’état, le clergé à lui-même imposé son dictat au sein du couple depuis plus de 2000 ans. Tout ceci semble-t-il au départ, pour palier et réfréner les pulsions humaines et les adapter aux normes éthiques de la vie en commun. Car nous serions pour nombre de théologiens chrétiens tel Augustin, des pécheurs originels.
Nous constatons, à travers cette culpabilité instaurée insidieusement au cœur des individus et du couple, une tentative de contrôle des masses dans leur liberté de penser et d’agir.
Notons, qu’un indéniable poids moral, social et culturel pèse sur le couple depuis ses origines, ceci expliqué par son rôle de transmission des valeurs, il est donc épié à la loupe pour éviter qu’il ne devienne déviant.
Au niveau des carcans idéologiques, les valeurs vont changer. En effet, la situation actuelle est telle que de nombreuses entraves qui pesaient sur le couple sont tombées. Une liberté, tout du moins ressentie, est à l’ordre du jour mais de nombreuses tensions restent présentes.
La liberté prônée reste ambiguë en rapport à la notion d’attachement, les considérations morales restent présentes, l’infidélité est synonyme de trahison et la rupture, un aveu d’échec.
Le désir ou les pulsions prises dans l’acceptation de Freud ne sont interprétés, dans le couple actuel, que dans leur négation. Un élément qui confirme cette tendance contemporaine à la frustration sexuelle est la bien portance financière des réseaux clandestins de prostitution. De même, la surconsommation d’images érotiques pose question sur la réalisation au sein du couple des aspirations de chacun. Un lien serait peut-être à faire avec la tradition sociétale de la monogamie comme unique modèle moral, juridique, social et les tendances à la transgression de ce dernier.
Des auteurs tel que Freud, Fourier, Schopenhauer, Sade entre autres, chacun avec des degrés de misogynie différents, s’accordent à dire qu’il y a contradiction entre les règles biologiques qui gouvernent l’être humain et les règles que la morale civilisée rend proscrites. Ces contradictions mal intégrées créeraient selon Freud des frustrations, des névroses, des maladies psychiques.
Il est à mettre en lumière que les changements familiaux sont intrinsèquement liés aux changements sociaux. La famille et donc le couple sont représentatifs de la société dans laquelle ils évoluent. La société post-moderne étant en réorganisation permanente, le couple se voit de même en restructuration.
Le rôle ancestral du « patriarche » est un exemple de nécessité de remise en question de la position de l’homme dans le couple et dans la société. De même, la solitude, le célibat, les unions intermittentes ou les couples non cohabitant sont autant de configuration à étudier pour présager de ce que sera le couple de demain.
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Vers de nouveaux liens conjugaux
Dans une période de crise de l’institution du mariage, d’émergence de formes familiales nouvelles (monoparentalité, familles recomposées, homoparentalité…), d’augmentation des divorces, de baisse de la natalité, la question se pose à savoir si tout ceci est à considérer comme une atteinte à la morale, une perte de repère, une dégénérescence ou bien une évolution des mœurs de la société.
De nouveaux déterminants sont apparus pour désigner le couple moderne. Ainsi il est devenu « fusionnel » qui, comme son nom l’indique, se caractérise par la fusion romantique de deux êtres pour former une nouvelle entité. Dans cette configuration, le Tout est supérieur aux parties, chacun fait le deuil d’une part de soi pour le bien du couple. La liberté individuelle est sacrifiée par les protagonistes.
François de Singly propose, pour palier à cette situation, une union dans laquelle deux êtres seraient « libres ensemble »*.
Pour parler de cela, des auteurs tel que Serge Chaumier* parle d’amour « fissionnel » pour décrire les nouvelles formes de contrats que passent les couples. Dans cette perspective, le couple est envisagé comme une association, son but premier serait l’autonomie de ses membres. Ce dernier parait certes plus instable mais d’après l’auteur, ce qu’il perdrait en sécurité, il le gagnerait en honnêteté. Ce nouveau modèle propose une liberté accrus aux individus souhaitant faire couple.
A l’inverse du couple fusionnel, refermé sur lui-même le couple dit « fissionnel » propose une ouverture sur l’extérieur.
*se reporter au chapitre Bibliographie pour les références
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