Credo de l'imam de la terre d’hégire
Par Andrea • 12 Juin 2018 • 14 975 Mots (60 Pages) • 535 Vues
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- Cadi àboû bakr al-bâqillânî (mort en 403 de l'hégire).
ibn 'asâkir dit à son sujet, dans " tabîn kazibil mouftarî " (page 120) : "Si ce n'est qu'il laissa derrière lui un grand nombre de disciples qui se sont éparpillés dans les différentes contrées. La plupart en Irak et à Khorasan. Deux hommes d'entre eux se sont installés au Maghreb. L'un des deux était àboû 'abdillah àl-àndî, duquel les habitants de Kairouan profitèrent. Il y laissa un groupe de ses élèves les plus célèbres; que j'ai d'ailleurs connu pour la plupart…". Le Cadi al-bâqillânî, en plus d'être un chef de file de la tendance acharite, était aussi le représentant du malékisme pour la partie orientale de l'empire musulman. Sa notoriété amenait nombre d'étudiants en théologie, à quitter leur Maghreb natal pour venir étudier à ses côtés, avant de rentrer chez eux, influencés par son approche rationnelle du dogme. Parmi ces maghrébins directement influencés par le Cadi : àboûl hasan al-qâbisî et àboû 'imrân al-fâsî.
- àboû zar al-harawî (mort en 434 de l’hégire).
Nous pouvons ajouter une raison à l’origine de l’expansion de l’acharisme jusqu’au détroit de Gibraltar, et qui a peut-être échappé à certains spécialistes. Dans « siyar a’lâminoubalâ », az-zahabî nous relate la biographie de àboû zar al-harawî, qui, au dire de àboûl walîd al-bâjî, fut marqué par sa rencontre avec le Cadi àboû bakr al-baqillânî[9]. Pourtant, aux dires de ibn taymiyya, ce dernier est considéré comme le second fondateur de l’Acharisme [10].
D’obédience malékite dans les extensions de la Loi (fiqh), al-harawî épousa le crédo acharite. Compté parmi les narrateurs du recueil authentique de al-boukhârî, il importa la dialectique (kalâm) à La Mecque où il prit résidence, et en devint le porte-parole à tous les pèlerins en provenance du Maghreb et de l’Andalousie, venus pourtant étudier la Tradition Prophétique (sounna). Ces derniers dérogèrent ainsi à l’usage en vigueur chez les grands traditionalistes malékites avant eux, à l’instar de àSîlî, àboûl walîd ibn al-faraDî, àboû ‘oumar aTTalamankî, makkî al-qaysî, àboû ‘amr addânî, et enfin àboû ‘oumar ibn ‘abdil barr qui n’avaient jamais trempé dans la dialectique[11].
Ainsi, ce flux migrateur de l’Occident vers l’Orient eut, malheureusement, des contrecoups défavorables. ibn taymiyya fait remarquer que de grandes sommités maghrébines furent affectées par ce fléau. àboûl walîd al-bâjî lui-même prit contact avec àboû ja’far assamnânî. Partisan hanafite, il fut l’élève de àboû bakr al-baqillânî. Le grand Cadi àboû bakr ibnoul ‘arabî, fut influencé dans son voyage en Orient par « al-irchâd » de al-jouwaynî[12]. Rappelons qu’il était l’élève de àboû hâmid al-ghazzâlî, l’un des deux instigateurs à l’origine de l’essor du soufisme sur les côtes ouest de la Méditerranée[13].
Voici donc pour ces quelques repères sur les circonstances de l’éloignement des gens du Maghreb, du dogme de leurs pieux ancêtres.
Concernant le présent travail, j’ai traduit scrupuleusement les propos de l’auteur, et si jamais les notes de bas de page ne sont pas les siennes, j’ajoute au-devant : Note du traducteur. Et je n’ai pas été avare d’annotations qui enrichissent la matière scientifique de cet ouvrage, surtout en ce qui concerne des sectes et des individus cités dans le livre de manière succincte et sans précision, de sorte que la personne peu instruite des sciences islamiques puisse ne pas comprendre son sens ou la raison de sa mention.
Si un vocable d’origine arabe est francisé, je retiens l’orthographe du mot reconnu par le dictionnaire français. Si par contre, cette francisation n’existe pas, je me contente d’une transcription phonétique du terme… Ce principe est bien illustré par le passage suivant où l’auteur énumère certaines sectes, il dit : « Comme les premiers jahmiyya, puis les Moutazilites, puis les mâtouridiyya et les Acharites… ».
Enfin, j’ai donné une biographie détaillée de ce grand imam qu’est mâlik ibn ànas -Puisse Allah le gratifier de tous les délices qu’Il réserve aux serviteurs dont Il est satisfait, et qu’Il agrée mes efforts-.
Le traducteur.
Mars 2014, correspondant au mois lunaire joumâdi al-oûlâ de l'année 1435 de l'Hégire.
Introduction
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
La louange revient de droit à Allah, nous le louons, implorons Son aide et Son pardon. Nous cherchons refuge auprès d’Allah contre le mal enfoui dans nos âmes et contre nos mauvais actes. Nul ne peut égarer celui qu’Allah guide; et celui qu’Il égare ne trouve pas de guide. J’atteste qu’il n’y a de divinité qu’Allah, seul et sans associé ; et j’atteste que Mohammad est Son serviteur et Son messager.
(Ô les croyants ! Craignez Allah comme Il doit être craint. Et ne mourez qu’en pleine soumission) 3/102.
(Ô Hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux-là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d’hommes et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes, Allah vous observe parfaitement) 4/1.
(Ô vous qui croyez ! Craignez Allah et parlez avec droiture, afin qu’Il améliore vos actions et vous pardonne vos péchés. Quiconque obéit à Allah et à Son messager obtient certes une grande réussite) 33/70-71.
Suite à quoi : La parole la plus véridique est bien le Livre d’Allah. La meilleure voie de droiture est celle de mouhammad -à lui les éloges et la salutation-. Les pires des choses sont les innovations; toute innovation est une hérésie; toute hérésie est un égarement, et tout égarement est dans le feu (de l’Enfer).
Ce sont là des extraits de la parole de l’imam mâlik -Puisse Allah, le Très Haut, lui faire miséricorde- qui éclairent sa croyance à propos de l’Unicité (d’Allah), de la Foi, de la Prédestination, des Compagnons, des Attributs (d’Allah) et d’autres points encore ; de même qu’ils font toute la lumière sur l’étendue de son avidité à
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