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Contention chez la personne âgée

Par   •  9 Novembre 2018  •  3 325 Mots (14 Pages)  •  486 Vues

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On fait donc sa toilette, le changeons et nettoyons l’environnement. Une fois notre travail terminé, ma collègue me tend une sangle de contention et me dit de l’attacher pendant qu’elle s’occupe de l’autre côté. Je me sens un peu désemparée et lui explique que je n’ai jamais mis de sangle de contention et qu’il faudrait qu’elle me montre comment on installe ce dispositif. Elle me dit qu’il n’y a pas de soucis et me montre une fois qu’elle a fini de son côté. Je la regarde et une fois qu’on a terminé, on sort de la chambre. Je croise l’infirmière de mon secteur qui me dit de ne pas oublier de prévenir le médecin afin qu’il fasse la prescription pour les contentions. Je me hâte de le faire, préviens le médecin, et celui-ci me répond que ce sera fait.

A ce jour, le patient se montre très irrité, agressif et demande à ce qu’on lui enlève ses contentions. Aucune prescription n’a toujours été faite pour le port de contention chez Mr R.

- Remarques, questionnements

Si je suis actuellement interpellée par cette situation c’est parce que non seulement c’est une première pour moi mais aussi parce que plusieurs aspects de l’évènement ont attiré mon attention. Tout d’abord, il est essentiel pour moi d’insister sur le fait qu’au début de la prise en soins de Mr R, je l’ai connu avec une toute autre personnalité : un patient plutôt calme et agréable. Malgré le peu de communication verbale il répondait de manière cohérente si on engageait la conversation avec lui, il arrivait même de le voir sourire si on plaisantait avec lui et savait se faire entendre s’il quelque chose lui plaisait ou non. Cet incident, m’a montré un tout autre Mr R, quelqu’un que je ne reconnaissais plus, mais une personne totalement confuse avec un discours totalement incohérent. De plus, après ces épisodes à répétition, l’abord des contentions dans la pratique professionnelle m’a laissé dubitative : non seulement parce que dans mes représentations je croyais que cela était interdit mais le fait d’avoir contribué à cet acte, et même si cela n’a été qu’à travers l’observation, cela ne m’a pas semblé légitime, justifié même si quelque part l’enjeu de la sécurité pour le patient était ici un paramètre important à prendre en compte. Je me suis profondément sentie mal à l’aise, et j’y ai pensé durant un long moment en rentrant chez moi, me renseignant sur cet acte cherchant peut-être à me rassurer et à déculpabiliser…

Je me suis donc posé de nombreuses questions : La contention est-elle nécessaire dans cette situation ? Comment réagir quand la valeur de bientraitance entre conflit avec la sécurité du patient ?

- Difficultés, points à approfondir, réajustements envisagés

Les difficultés face à cette situation ont été multiples car ce genre d’incident a relevé chez moi les questions que je me suis posée précédemment. La première est que je n’ai pas anticipé une seule fois que ce genre de situation pouvait se produire chez mon patient car je ne me suis basée que sur la personne que je connaissais de lui en temps habituel. Je dois apprendre à anticiper et à prendre conscience que l’état d’un patient peut fluctuer avec le temps surtout si cela fait maintenant un long moment qu’il est hospitalisé. De plus, je dois envisager le fait de me montrer plus réactive et analyser la situation avec plus de rapidité pour pouvoir prendre en main la situation. De même que je dois élargir mes connaissances sur certains actes professionnels : car dans mes représentations, et n’ayant jamais fait l’usage, je pensais que les contentions étaient un acte interdit. Ce qui m’a surement conduit à avoir en premier abord une attitude réticente à devoir les mettre.

Ce qu'il en ressort alors comme points à améliorer pour moi sont ceux d'adopter au mieux la posture de professionnel dans ce genre de situation : je dois me montrer capable de gérer au mieux une personne lorsque celle-ci traverse une phase d’agitation. Mais je dois également montrer une certaine confiance en moi, une certaine assurance afin de pouvoir réagir spontanément auprès de la personne afin que celle-ci se sente également en confiance et qu'elle puisse se sentir aidée et apaisée par la suite.

- Analyse

Il est important d’aborder dans ce contexte, qu’ici, la contention utilisée est dite passive c’est-à-dire qu’elle se caractérise par l'utilisation de tous moyens, méthodes, matériels ou vêtements qui empêchent ou limitent les capacités de mobilisation volontaire de tout ou d'une partie du corps dans le seul but d'obtenir de la sécurité pour une personne âgée qui présente un comportement estimé dangereux ou mal adapté. L’analyse de la littérature révèle que la crainte de chute chez la personne âgée représente le premier motif d’utilisation de contention. Hors, ici Mr R. ne présente pas ce risque à proprement parlé. Cette pratique, qui devient une habitude, perdure car la plupart des soignants pensent que réduire la contention reviendrait à faire prendre des risques excessifs aux personnes âgées. Or si les conséquences de la contention physique concernent d'abord la personne « contenue », certains auteurs rapportent un ressenti pénible des équipes de soins. Strumpf et Evans* ont analysé le vécu des infirmières concernant l'utilisation de contentions physiques chez des sujets âgés en secteur aigu et rapportent que celles-ci concilient difficilement la contention avec le respect de l'autonomie et de la dignité de ces patients. Pour autant et en cas d'absence de contention concernant notamment les personnes âgées agitées, il est utile de rappeler que la présence constante et la répétition d'actes de soin (remise en place de protection, de perfusion etc.) peuvent être vécues par les infirmières comme un véritable harcèlement et générer un sentiment de culpabilité

Ceux qui m’amènent à relever plusieurs concepts de cette situation et principalement ceux de la bientraitance et de la sécurité ainsi que de leur enjeu.

- La bientraitance

Selon la HAS* « La bientraitance est une démarche globale dans la prise en charge du patient, de l’usager et de l’accueil de l’entourage visant à promouvoir le respect des droits et libertés du patient, de l’usager, son écoute et ses besoins, tout en prévenant la maltraitance ».

Ou bien selon l’ANESM* la bientraitance est « Une manière d’être, d’agir et de dire, soucieuse

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