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La royauté homérique

Par   •  29 Octobre 2018  •  27 521 Mots (111 Pages)  •  476 Vues

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2.L'action des réformateurs (Solon, Dracon…) fut-elle importante ?

A Athènes, après 640, les privilèges des nobles ne sont plus acceptés. Athènes se tourne alors vers des réformateurs, Dracon et Solon.

Il faut auparavant mentionner l’aventure de Cylon. En 632 ou 636 av. JC, il profite de l’absence de la noblesse qui s’est rendue aux Grands Jeux, pour s’emparer de l’Acropole. Son but était certainement d’installer la tyrannie à Athènes et d’abolir les privilèges des nobles. Mais son origine étrangère et le fait qu’il n’a pu en conséquence se concilier les classes populaires entraîne son échec.

Et vers 624, Dracon intervient. La tradition en a fait l’auteur d’une constitution et même d’un code sévère puisqu’il a laissé son nom dans les langues européennes par l’adjectif draconien, qui exprime l’idée de jugement sévère.

Dracon n’a pas modifié le paysage judiciaire ; il a simplement publié la loi. Cette loi devient connue de tous et par là, la communauté ou polis l’emporte sur les lignages nobles. Donc, la réapparition de l’écriture, qui avait disparu dans le naufrage de la civilisation mycénienne, permet l’émancipation politique.

Dracon publie ainsi le droit pénal, le droit familial, le droit des successions et l’organisation de l’insolvabilité des débiteurs qui entrent en servitude du fait de leurs dettes. Le lignage s’efface peu à peu devant l’individu. Ceci permet aussi la disparition de la peine collective qui frappait tous les membres d’un clan pour la faute de l’un des leurs. On recherche l’intention coupable individuelle, dont la gravité permet de graduer la peine.

Quant à Solon maintenant, l’un des sept sages de la Grèce dont les Grecs étaient fiers, avec Thalès de Milet, Chilon de Lacédémone… Après Dracon, les nobles se sont refusés à de nouvelles concessions. Et l’ordre ou discipline l’eunomia, principe très important dans les institutions des cités grecques fut mis à mal de nouveau. Solon est né vers 640-630 av. JC dans une famille de la grande noblesse, donc lui-même un Eupatride. Mais, original, il refusa l’héritage paternel, fit du commerce et voyagea. De retour, il prit parti pour les paysans et fut nommé archonte vers 594 av. JC, élection fruit d’un compromis entre les nobles et le peuple. Il est investi des plus grands pouvoirs pour mener à terme la réforme. Ses réflexions l’amènent à vouloir réformer les institutions.

Solon essaie de faire de même avec le corps social. Il essaie d’en dégager des règles, des principes, des effets. . Pour lui c’est donc le déséquilibre et l’excès (hybris qui est une notion fondamentale) des groupes rivaux qui menacent la cité et donc l’entraînent vers un devenir inéluctable. Parallèlement, le peuple est prêt à se donner à un tyran et à anéantir les Eupatrides par jalousie de leurs richesses. Pour éviter l’avenir sombre qu’il pressent, Solon pense que seuls des contrepoids s’équilibrant peuvent sauver la cité. Ainsi les nobles et la masse populaire se feront naturellement contrepoids. Après une amnistie générale pour restaurer la paix, il s’attaque au problème de la dette qui détruit la paysannerie indépendante. Il pense en effet qu’il faut d’abord sauver la petite paysannerie indépendante. Nous avons vu qu’elle était en crise. Solon propose donc la « seisachtheia » ou « rejet du fardeau ». Il libère les débiteurs de leurs dettes, que celles-ci soient publiques et donc dues à la cité ou privées. Et il est décidé que les créanciers, qui sont en fait les propriétaires nobles, ne recevront de ce fait aucune indemnité. Ces mesures sociales s’accompagnent de mesures juridiques destinées à assurer la stabilité de la société, avec un code de lois qui va rester le fondement juridique de la Cité jusqu’aux réformes de 410-399. Il préfère développer l’économie en faisant d’Athènes un marché florissant, en favorisant l’exportation de certains produits comme la céramique. Ainsi, Athènes devient la principale exportatrice de vases grecs. Mais par mesure de précaution, il en interdit l’exportation d’autres comme celle du blé, produit de première nécessité. Il réforme aussi le système des poids et mesures et peut-être le monnayage.

Ces réformes s’accompagnent de réformes politiques et institutionnelles. Solon reconnaît de nouveaux pouvoirs à l’assemblée du peuple ou ecclesia. Le peuple participe désormais à l’élection des magistrats, même si celle-ci reste encadrée par des lois censitaires. Très strictes. Surtout, il va déplacer la fonction de juger depuis les magistrats vers le peuple assemblé. C’est dorénavant ce dernier qui exercera la fonction de jugement. Il crée un nouveau tribunal nommé l’Héliée, constitué de jurés assermentés. Dérivant du mot dorien Haliaia qui signifie le peuple rassemblé, il comporte peut-être déjà 6000 citoyens qui sont désignés par tirage au sort. Il semble qu’il y ait un droit de dessaisir tout magistrat avant que celui-ci ait rendu sa sentence et de porter l’affaire directement devant l’Héliée. Ceci est un véritable contrepoids à la juridiction des archontes qui sont nobles. Ceux-ci finissent par seulement instruire l’affaire, et c’est le peuple assemblé dans l’Héliée qui juge. Et pour assurer le succès de cette réforme, l’action judiciaire est ouverte à tout citoyen, même si celui-ci n’est pas la victime ou s’il n’a pas subi de préjudice. Outre sa participation au pouvoir judiciaire, l’ecclesia participe au choix des magistrats. Ce choix est retiré à l’aréopage et l’élection des magistrats revient à cette assemblée de l’ecclesia. Les magistrats sont désormais choisis sur ces critères censitaires qui remplacent donc la naissance par la richesse. Une catégorie de citoyens sur les quatre dont est composée la société, la plus pauvre, celle des journaliers est en effet exclue de toutes les fonctions publiques, tandis que pour certaines hautes fonctions, il faut nécessairement appartenir à la classe la plus riche. Pour Aristote, ces différentes réformes sont cependant démocratiques. Certes, il y a évolution, mais Solon n’a pas voulu bouleverser les institutions et fondamentalement il raisonne en termes de riches qui sont bons parce qu’ils exercent les vertus politiques et les autres qui sont pauvres et n’ont pas une sagesse suffisante leur permettant d’exercer le pouvoir. Mais l’œuvre de Solon, équilibrée, mécontente beaucoup et aboutit à l’instauration de la tyrannie.

3.Evolution des institutions athéniennes de Clisthène

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