Résumé Sénèque - De la brièveté de la vie
Par Plum05 • 5 Mars 2018 • 2 532 Mots (11 Pages) • 550 Vues
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Sénèque éclaircit alors le terme d'homme "occupé": il ne s'agit pas seulement des hommes de commerce, de politique ou les faux philosophes, ces hommes occupés le sont parfois simplement dans leur quotidien, et parfois alors même qu'ils sont retirés de tous. En effet, c'est en réalité leur propre personne qui les encombre, et leur vie ne saurait être rapprochée du loisir mais de l'oisiveté. Il prend l'exemple d'un commerçant très consciencieux: peut-on qualifier celui qui s'inquiète nuits et jours de ses biens d'un homme de loisir? Au contraire, il semble qu'il soit un homme bien peu sujet au véritable loisir. Il en va de même pour ceux qui se préoccupent uniquement de leur apparence ou leurs talents. Leur vie n'est en fait pas une vie de loisir, car elle n'a rien de commun avec le véritable loisir prôné par le sage, mais est une vie d'oisiveté. Au final leur vaine méticulosité dans les affaires matérielles les coupe de l'essence de l'existence.
Les sages et le loisir
"Seuls sont hommes de loisir ceux qui se consacrent à la sagesse". Ces hommes parviennent à dépasser la vacuité de leur existence pour réfléchir sur la vie bonne, et sont ceux qui vivent le plus pleinement leur vie. En effet, lorsque nous parvenons à suffisamment travailler sur nous-même, par la force de l'esprit, pour être capable de dépasser les limites de la faiblesse humaine, alors le temps que nous avons en notre possession est immense. Nous rejoignons alors un tout ; l'ensemble des sages et des idées. « Puisque la nature nous admet en la communauté du tout entier, pourquoi ne pas sortir de l'étroit et périlleux passage de la vie pour nous donner de toute notre âme à ces méditations immenses, éternelles, partagées par les meilleurs esprits ? ». Tandis que les hommes occupés courent après les obligations, les occupations, les passions et n'approfondissent rien, le sage touche à l'essentiel, dans un retour à l'importance du temps. En conséquence Sénèque conseille à Paulinus de toujours rechercher la compagnie de ces sages : s'il ne ne nous est pas permis de choisir nos parents, on peut néanmoins choisir des maîtres pour nous guider dans notre appréhension de la vie. « Ces génies t'ouvriront le chemin de l'éternité […] voilà le seul moyen de prolonger la condition mortelle, bien plus, de la convertir en immortalité ». Effectivement, tandis que tous les biens matériels, toutes les richesses et les honneurs finissent par s'écrouler, la sagesse elle demeure et se transmet, s'accumulant dans un ensemble de savoir commun éternel. « aucun âge ne l'abolira, aucun âge ne l'affaiblira. L'une après l'autre, les générations sans cesse apporteront un tribut à son culte ».
Le sage est exception parmi les hommes, sa longue réflexion lui permet d'accéder à une même longue vie : « Le temps, est-il passé ? Il s'en saisit par le souvenir. Présent ? Il en fait usage. A venir ? Il l'anticipe. La réunion de tous les temps en un seul lui fait une longue vie ».
Les « occupés » et le temps
Au contraire, le commun des hommes oublie le passé, néglige le présent et craint l'avenir : sa vie ne peut être que malheureuse quand, au terme de celle-ci, l'homme « occupé » prend conscience de la vacuité de son existence, des heures gâchées, de tout ce précieux temps perdu ! Le fait que certains souhaitent parfois la mort ne saurait en aucun cas être une preuve d’une vie bien menée qu’ils estiment arrivée à son terme, au contraire, leur vie gâchée ne vaut même plus la peine d’être « vécue ». L’habitude d’aucuns à dire que le temps passe lentement, qu’il leur semble trop long et qu’ils s’ennuient ne saurait non plus être une preuve que les occupés ont tout leur temps. C’est tout l’inverse : c'est la preuve que dès qu'une activité les quitte, ils ne sont plus capables de s'occuper, et tout ce temps qui n'est pas gaspillé en préoccupations futiles, ils le gaspillent également en le rejetant sous prétexte de s'ennuyer. Ils ne s'ennuieraient point s'ils savaient occuper leur temps de la bonne façon, car « ce n'est pas que leur journées soient longues, c'est qu'ils les voient comme des obstacles ». Et même dans leurs plaisirs, dont ils ne profitent que peu et qui leur paraissent bien courts, ils sont inquiets : « Ils perdent le jour à désirer la nuit, et la nuit à craindre le retour de la lumière. Leurs plaisirs mêmes sont inquiets, troublés de mille alarmes, et au fort de leur joie vient les assaillir cette désolante pensée : « Combien cela durera-t-il? » Fatale réflexion ». Si leur joies elles-même sont inquiètes, explique Sénèque, c'est parce qu'elles ne reposent pas sur d'assez solides bases, et ce même néant d'où elles sortent fait leur instabilité. Elles ne sont que le fruit de l'envie, du désir, des plaisirs immédiats, de la satisfaction matérielle et non d'un travail sur soi longuement mené et approfondi. Leur joies ne sauraient donc être que superficielles et non approfondies. Si même leurs joies n'en sont pas véritablement, que penser alors de ce qu'ils considèrent comme des malheurs ? « Jamais ne nous manqueront, soit dans le bonheur, soit dans la disgrâce, les motifs d'inquiétude : mille embarras nous couperont les voies du repos ; sans jamais en jouir, nous y aspirerons toujours. »
Exhortation à Paulinus
Sénèque conseille à Paulinus de se retirer de la vie politique, se « retirer de la foule » afin d'enfin pouvoir accéder à une certaine sérénité, ce « port tranquille » auquel fait référence le philosophe. Mais ce n'est pas à un lâche et oisif repos que Sénèque invite, au contraire : c'est en travaillant sur lui-même qu'il affrontera les pires épreuves et là alors se révélera son véritable courage. Et pour traiter ces affaires les plus importantes pour l'homme sage, il est nécessaire qu'il s'éloigne de tous tracas, tous soucis. Il doit s'occuper de toute chose de façon désintéressée, pour autant toujours avec beaucoup de zèle, et, au lieu de traiter comme le font les hommes occupés des affaires publiques, il « vaut mieux régler les comptes de sa vie ». Pour Sénèque, toute âme est vigoureuse et à la hauteur des plus grandes choses, le tout est ne pas l'entraîner à une mauvaise occupation du temps attribué à l'homme. Il ne sert par exemple à rien de l'enchaîner
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