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Pluralité démocratique dans un monde commum

Par   •  12 Juin 2018  •  1 478 Mots (6 Pages)  •  641 Vues

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Des auteurs comme Chantal Mouffe ou encore Jacques Rancière ont aussi critiqué le consensualisme rawlsien, et s’inscrivent dans un courant appelé la « démocratie agonistique », et mettent en avant le fait que la recherche forte d’un consensus, comme le préconise Rawls, se faisait au détriment de l’acceptation du conflit politique. Si Rawls n’est pas en quête d’une unité politique substantielle, il ne participe pas non moins à une vision de la politique centrée sur la recherche du consensus.

2/ Une critique arendtienne du pluralisme discurssif habermassien

Dans la philosophie politique contemporaine, il existe une seconde manière de jeter le discrédit sur le pluralisme libéral, en partant toujours d’une conception radicale de la démocratie. Cette fois ci il s’agira de dénoncer le discutabilisme libéral au nom de la démocratie conçue non comme régime de la discussion et du débat mais comme action.

Pour illustrer cette critique, nous pouvons nous référer à l’auteur arendtien, Etienne Tassin, qui a écrit sur la notion de pluralité chez Hannah Arendt. Etienne Tassin rappelle bien que chez Arendt, la pluralité est conçue comme condition de possibilité de l’action politique et qui est le propre de l’expérience démocratique.

Le pluralisme libéral d’Habermas limite la pluralité aux seuls domaines des opinions et des valeurs, n’excluant ainsi du champ de l’action. On réduit, dans ce cas-là, la démocratie au seul critère politique du multipartisme et l’acceptation morale de la diversité des opinions. Cette conception de la démocratie est assez réductrice, voir erronée, car la démocratie n’est pas que une question d’opinions mais surtout d’actions, et de luttes pour l’égalité. Habermas dit qu’il est judicieux que la pluralité des opinions s’exprime, car elle enrichit le débat plus qu’elle ne le menace. Cela dit selon lui, le libéralisme ignore ou feint d’ignorer la conflictualité nécessaire et naturelle des positions des acteurs politiques. Il croit que le simple fait d’exprimer publiquement ses positions particulières et la discussion argumentée sont toujours susceptibles d’offrir une solution. Il y a donc un déni à reconnaître le rôle du conflit au sein d’une démocratie, alors que c’est l’un des éléments essentiels. Le libéralisme revendique le respect de la division sociale sans en assumer la réaction qu’elle pourrait engendrer. Il rejette la pluralité et la diversité des opinions quand celle-ci touche au domaine de l’action.

L’hypothèse selon laquelle le pluralisme libéral serait réfractaire à la pluralité des actions politiques, peut être sujette à des réserves. On pourrait l’opposer à la défense, par Rawls et Habermas, de la conception de la désobéissance civile. Ceci témoignerait de la compatibilité de la conception rawlsienne et habermarssienne du libéralisme, avec l’action démocratique conflictuelle. La désobéissance civile se définit comme une action collective et non violente contre une injustice ou une politique injuste, c’est donc bien une action politique conflictuelle. Or nous savons que Rawls et Habermas ont tous deux défendu la désobéissance civile, ce qui supposerait donc que ma thèse est erronée. La défense de la désobéissance civile par Rawls et Habermas semble mettre à mal la critique du pluralisme libéral que j’ai étayé en m’appuyant sur Lefort et Arendt. A moins que la défense libéral de la désobéissance civile soit moins évidente qu’il n’y parait comme je vais essayer de le montrer dans cette nouvelle partie.

3/La désobéissance civile, conception libérale ambiguë

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