Philosophie: le désir n'est-il que l'expression d'un manque?
Par Ramy • 23 Novembre 2017 • 2 033 Mots (9 Pages) • 1 135 Vues
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III – Le désir est bien l’expression de l’humanité de l’homme
A - Le désir est un élément de la conscience
Le désir caractérise notre humanité. Pour Spinoza, le désir est la marque de notre détermination naturelle donc lutter contre nos passions c'est se tromper sur l'essence de l'homme. Chaque homme est "conatus" (effort pour persévérer dans son être). L'homme, au travers de son désir, qui constitue son essence, tend à persévérer dans son existence. C'est parce qu'il est un être de désir qu'il désigne des objets comme étant désirable. "Cet effort, quand il se rapporte à l'Âme seule, est appelé "Volonté", mais quand il se rapport à la fois à l'Âme et au Corps, est appelé "Appétit", l'appétit n'est par là rien d'autre que l'essence même de l'homme"
La nature de l'homme fais qu'on ne peut pas vivre sans désirer. Le mot désirer signifie-t-il souffrir d'une absence. La conscience de l'être naît donc d'une insatisfaction intérieure projetée sur l'extérieur. Ces "négatives" ou absence d'être (craintes, remords, espoirs, regrets...) sont des désirs de présence. Ce désir se crée car nous nous projetons avec notre conscience dans l'avenir, nous forme d'espoir et de crainte.
B. Le désir est tourné vers l'avenir
Le désir est l'expression de la liberté car il nie ce qui est et tend à amener dans le réel ce qui lui manque. Le désir est produit par la conscience et est souvent confondue avec le désir de reconnaissance. Il exprime notre liberté de saisir ce qui manque dans l'Etre. Le désir n’a pas de limite, ni de fin. Il surenchérit toujours. C'est ce qui explique que le désir ou les passions contribuent souvent à notre malheur. Il faudrait donc limiter nos désirs. Mais cette limitation est une perte de liberté ou son expression et sa réalisation. Il faut donc accepter ce que la chance nous apporte, que ce soit bon ou mauvais. Donc pour être heureux, il ne faudrait désirer que ce qui dépend de nous, ainsi, nous ne souffrirons pas. Se laisser emporter par les passions c'est perdre sa tranquillité et souffrir.
C. Le désir est volonté
Il faut vouloir ce qui est, et ce que l'on peut transformer, rien de plus. Désirer ce que l'on peut vouloir et qui dépend de nous. C’'est rechercher ce qui manque en nous. La volonté est raisonnée ; elle s'accorde avec la raison. Elle est l'expression de notre liberté. Le désir est lié à l'affectivité. Nous sommes affectés par la réalité extérieure et intérieure. La volonté est active on exerce notre liberté. Notre liberté d'action n'est que limitée par nos actions, jugements, désirs et aversions.
Spinoza pense que notre puissance de jugement est soumise à notre désir et que notre volonté n'est pas libre arbitre. Il renverse l'ordre, la volonté et l'appétit viennent en premier, le jugement en second.
Nous ne pouvons pas limiter nos désirs car cela est impossible selon Spinoza. Nous devons donc essayer de comprendre nos désirs pour savoir ceux qui sont actifs et ceux qui sont passifs. Un désir est actif s'il est l'expression de la nécessité de notre nature. Il faut cesser de subir pour agir.
Conclusion:
Le désir ne doit pas plus être considéré par rapport à son objet comme un manque, mais comme mouvement permettant à l’homme de se réaliser. Il est intrinsèque à l'homme, à sa conscience et à sa liberté. Il nous fait souffrir car il nous mène à une succession d'insatisfactions, mais il nous permet de persévérer dans notre être et d'augmenter notre puissance d'agir. Nous ne devons pas combattre nos désirs, mais essayer de les comprendre grâce à notre raison, pour éviter l'opposition raison-passion.
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