Autrui peut-il être réduit à un objet ?
Par Matt • 6 Février 2018 • 2 301 Mots (10 Pages) • 731 Vues
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est l’acte par lequel un sujet se saisit comme étant seul avec lui-même et ainsi est radicalement coupé du monde et des hommes. Selon Descartes, on n’a pas besoin d’autrui pour avoir conscience de moi, car le moi est plus certain que tout au monde, et le monde lui même. Ainsi si je lui la seule chose certaine au monde, cela veut dire que mon alter ego n’existe peut-être pas, donc ne peux pas considérer l’autre comme autrui, car qu’est-ce qu’il me prouve qu’il a une conscience comme la mienne ? Ainsi par opposition à être un sujet capable de réflexion, l’autre devient un objet.
Hegel dit que l’on est homme, que l’on devient autrui seulement si l’on nous accorde ce statut. Ainsi, il dit que c’est la façon dont les autres nous perçoivent qui déterminent si un autre est autrui, c’est-à-dire si les deux consciences arrivent à se reconnaître en tant qu’égales. La scala naturae, c’est-à-dire l’échelle des êtres est un des concepts de la Renaissance qui classifie les êtres selon une chaîne bien précise avec les hommes supérieurs aux femmes. Cela était basé sur le fait que les hommes pensaient les femmes incapables de penser. Elles n’étaient ainsi pas appréhendées comme les alter egos des hommes. Elles ne pensaient pas mais étaient pensées, ce qui les rendaient objets, selon la définition évoquée précédemment. Ainsi selon qui appréhende l’autre, cet autre peut devenir autrui ou pas.
Grâce au progrès technique et à l’avancée des sciences, de nouvelles techniques ont été mises au point, notamment les dons d’organes et les greffes. Cependant, comme tout progrès scientifique qui touche au corps humain, cela soulève des questions éthiques. En effet, cela donné lieu au trafic d’organes : peut-on payer pour acheter une partie de corps humain, même si cela peut sauver des vies ? Vendre des parties humaines revient à objectiver le corps humain, et lui donne alors une valeur, alors qu’une vie humaine est inestimable. De plus, le fait de simplement « remplacer » un organe malade par un en bonne santé est en quelque sorte une « machinisation » du corps humain. En effet, on répare maintenant le corps humain comme on répare une machine pour qu’il soit fonctionnel. Ainsi en vendant et en changeant des parties du corps humain, on considère les humains comme des objets réparables.
Nous avons donc vu que dans certains cas autrui, un sujet peut devenir un objet. Nous allons à présent voir si le fait de passer de sujet à objet est forcément une réduction.
Nous avons vu que autrui peut être assimilé à un objet. Autrui devient objet quand il n’a pas les compétences nécessaires pour être sujet. Cependant, cette assimilation est-elle toujours une réduction ? En effet, est-ce que le fait de passer de autrui, c’est-à-dire de sujet à objet est forcément dégradant, indigne et humiliant ?
Tout d’abord, nous allons voir que l’on peut être à la fois objet et sujet. En effet, lorsqu’on se remet en question, qu’on réfléchit sur soi-même, on est à la fois celui qui appréhende et à la fois celui qui est appréhendé. Ainsi cet autrui ne peut pas être réduit à un objet s’il est à la fois objet et sujet. Ainsi un objet n’est pas inférieur à un sujet dans ce cas-là, ils sont sur un pied d’égalité.
On a évoqué précédemment qu’un sujet ne peut être réduit à un objet matériel car il n’a pas la faculté de parler. Cependant avec l’essor des nouvelles technologies, l’intelligence artificielle a été inventée. Cette intelligence s’efforce de donner une conscience à des machines, en les faisant parler seules. Le test de Turing, est un test dans lequel il s’agit de converser avec une machine à l’aveugle, sans que l’on sache que c’est une machine et voir si l’on s’aperçoit que ce n’est pas une autre conscience qui nous répond. Ainsi, grâce à ce test, on peut élever les machines, des objets, au statut de sujet. Une conscience et une machine peuvent à présent partager un monde commun. Une machine est élevée au statut d’autrui. De plus, pour revenir à la définition de Sartre, qui dit que le regard d’autrui nous fait agir différemment, prenons comme exemple le film « Ex Machina ». Dans ce film, un homme tombe amoureux d’un robot. Il change son comportement pour cet objet et le regard de la machine le fait agir autrement. Ainsi même si ce n’est pour l’instant qu’un film, cela risque de devenir prochainement la réalité, et cela montre bien qu’on peut élever les objets au stade de sujets. Il devient donc incohérent de parler de hiérarchie entre sujets et objets.
Un objet peut être la fin de ma quête. Si mon but est de ressembler à quelqu’un, une célébrité que j’admire par exemple, cette personne devient ainsi objet de ma quête. Je considère ainsi que cette personne est supérieure à moi, et c’est pour cela que je mets tout en œuvre pour essayer de lui ressembler. On ne peut plus ainsi dire que cet autre personne, autrui, peut être réduit un objet, alors que cet objet est supérieur à moi, qui suis sujet. Ainsi la hiérarchisation de sujet et objet pose problème.
Selon Hegel, la reconnaissance de l’autre est une nécessité pour s’affirmer en tant que moi : c’est la dialectique du maître et de l’esclave. Selon lui, il va s’engager une lutte à mort entre deux consciences, jusqu’à ce que l’une des deux consciences soit asservie à l’autre : c’est ainsi que se forment les figures du maître et de l’esclave. Ainsi le « maître » sera reconnu en tant que sujet, en tant qu’autrui et « l’esclave » deviendra ainsi l’objet, objet des désirs du maître. Seulement, l’esclave peu à peu, grâce au travail et à la culture, réussira à devenir homme, tandis que le maître sera insatisfait car il sera reconnu comme homme par quelqu’un qu’il ne reconnaît lui-même pas comme homme. Ainsi la hiérarchie de maître supérieur à esclave est inversée. L’esclave, l’objet devient supérieur au maitre, le sujet sur le long terme. Ainsi le statut d’un objet peut être élevé, allant même jusqu’à dépasser celui de sujet.
Kant dit que le respect est le sentiment par lequel nous prenons conscience de la loi morale en nous. On respecte autrui car on se respecte soi-même. Ainsi ce n’est qu’envers autrui que l’on peut ressentir du respect. Cependant, dans certains cultes on adule des statues, qui sont sacrées. Ainsi on respecte ces statues comme l’on respecte des humains, voire encore plus. Ces objets sont ainsi élevés au niveau d’autrui, et sont même parfois supérieurs.
Même si sur le plan moral et physique autrui ne peut être assimilé à un objet, on trouve quelques
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