EN QUOI LE THEATRE PEUT-IL ETRE CONSIDERE COMME UN MIROIR DE L HUMANITE?
Par Orhan • 4 Avril 2018 • 1 716 Mots (7 Pages) • 800 Vues
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Par ailleurs, le théâtre nous invite souvent a nous remettre en question, à réfléchir sur notre condition, avec les conflits des tragédies grecques et sa thématique du destin inévitable. Le Cid de Corneille est emblématique du conflit qui partage l’amour et le devoir ; Rodrigue ne sait si venger son père au risque de perdre Chimène, mais il finit par tuer le père de celle-ci. Contrairement à Antigone, il choisit de respecter son devoir à ses sentiments, bien que dans les deux cas l’honneur de la famille est ce qui prime sur les lois et le coeur. C’est donc un bourrage de crane des tragicos-classiques voulant nous pervertir à l’honneur, cette notion désuète. Méthode que l’on retrouvera plus tard avec Lénine, qui ne pouvait opérer son pouvoir que par la propagande, celle-ci s’effectuant –entre autres– dans le domaine de la culture. Ainsi nous voyons apparaître au début du vingtième siècle le théâtre d’Agirprop, un théâtre populaire destiné masses prolétaires, instrument d’agitation et de propagande.
(Mais Jean Paul Sartre disait du théâtre populaire qu’il était défini par son public alors ce n’est pas très grave)
Finalement, ce théâtre exagéré et déformé n’est jamais bien loin de la réalité, il dénonce ou il défend des convictions, et nous invite surtout à observer l’humanité sous un angle différent.
Cependant, il nous faut aussi constater que le théâtre connaît des limites.
À travers ses différentes époques, le théâtre a connu de nombreuses périodes, marquées par des esprits plus ou moins ouverts et transigeants. La tragédie classique est l’exemple même du théâtre codifié, ponctué de règles et de censures, destiné aux classes dominantes et ignoré du peuple –qui ne pourrait de toute manière pas le comprendre. C’est un aussi théâtre, qui bien que reflet d’une certaine élite de la société, de représente absolument pas l’humanité. Andromaque de Racine, de par la richesse de ses vers n’aurait jamais été compris par la plèbe. Les dramaturges le savaient et la craignent, et Plyade est obligé d’emmener son ami Oreste au plus loin pour éviter le peuple d’Épire …
Il n’y a d’iailleurs pas que les pièces censurées qui ne peuvent être jouées, il y a aussi les pièces trop compliquées ; Victor Hugo ne pourra ainsi jamais représenter certaines de ses œuvres, de par les changements de décors trop fréquents et la multitude de personnages. Ce théâtre reste encore une fois peu accessible au peuple, à l’humanité.
Quand il n’est pas trop compliqué, le théâtre est trop simple. Les farces étaient mal vues au dix-septième siècle, et faisaient figure grise face aux alexandrins des grands dramaturges. Il y a encore quelques années l’on ne comprenait pas forcement le théâtre d’Eugène Ionesco (notamment la Cantatrice chauve qui s’inspire directement de la méthode Assimil…)
Le miroir a depuis toujours une connotation hautement symbolique, exprimant le reflet de ce que l’on est aux yeux de la société, nous permettant de nous observer, de nous analyser, de nous comprendre, de nous juger. L’on aurait néanmoins tort de soutenir qu’il ne ment pas, qu’il reste fidèle au réel ; les miroirs déformants sont une réalité au même titre que les reflet de Narcisse dans un eau limpide. Finalement, et par ce raisonnement, il nous est possible de conclure que le théâtre est le bien miroir de l’humanité. Certaines pièces sont plus déformantes que d’autres, elles exagèrent nos traits, mais ne cachent rien. C’est que le reflet de l’homme peut aussi nous manipuler, nous faire rire ou pleurer, et au même titre que l’humanité, le théâtre évolue, s’innove, se transforme et se cache, au même titre que l’humanité le théâtre à une voix, un souffle et un espace temps unique et borné.
Finalement, Arhur Schopenhauer avait sans doute raison ; « Vive sans théâtre, c’est comme faire sa toilette le matin sans miroir. »
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