Observation clinique avec cours théoriques de la psychanalyse.
Par Ninoka • 29 Juin 2018 • 1 294 Mots (6 Pages) • 564 Vues
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Lors d’un entretien avec la psychologue qui le suit, monsieur R évoque sa maladie, sa douleur comme sa compagne. Il me parait alors important de s’intéresser de plus près aux actes de pulsions mortifères.
Freud déduit qu’il y a dans la vie psychique un principe directeur, totalement indépendant de l’aspiration au bonheur ou de l’aspiration à guérir : c’est la pulsion de mort. Il faut y voir une force de destruction ou d’autodestruction plus profonde que la recherche du plaisir.
Cette force se traduit par un acte destructeur suite à une mauvaise image de soi, un sentiment d’inutilité voire de nuisance. C’est une sorte d’autopunition en réponse à un échec personnel, qui peut être soit perçu, soit réel. Dans tous les cas, ce qui compte n’est pas nécessairement le réel et l’objectif, mais ce qui est perçue par la personne, ce qui constitue sa propre réalité subjective.
J’ai remarqué au cours des visites de monsieur R de multiples d’éléments relevant de l’autodestruction, à commencer par son choix de non traitement de la maladie.
Le refus de se soigner ou de prendre les médicaments, alors que cela pourrait stabiliser sa maladie, me permet de penser cette action comme sous-tendu par une pulsion autodestructrice. De plus, monsieur R est totalement informé des conséquences de ses actes.
Freud parlait du concept de mécanisme de défense comme le renversement dans le contraire et le retournement sur la personne propre. Il expliquait que ces deux processus étaient étroitement liés l’un à l’autre. La réaction de monsieur R concernant le refus de se soigner me laisse penser à un retournement contre sa propre personne.
Freud définit la pulsion comme la mesure du travail imposé à l’appareil psychique du fait de sa dépendance du corps. C’est à partir de la notion de compulsion et de répétition qu’il théorise ce qu’il appelle la pulsion de mort. Cette pulsion tendrait à annuler tout ce qui serait du registre de l’excitation.
Suite à une réflexion personnelle nourrie par un échange avec une professionnelle de l’association, j’ai pu mettre en lien cette pulsion et la notion de narcissisme.
Dans le mythe, Narcisse, qui admirait son reflet dans l’eau d’un étang, meurt noyée car sa fascination pour son image l’entraine trop près de son reflet. En l’occurrence, dans le cas de monsieur R, on remarque comment et combien son narcissisme est mis à mal par cette maladie invalidante, qui lui renvoie une image dégradante, abîmée de lui-même. La pulsion d’autodestruction serait une façon, inconsciente, de répondre à cette évidence insupportable. Une réponse certes biaisée car douloureuse, mais une réponse, un aménagement à l’insupportable.
Au début de son accompagnement au GIHP, monsieur R refusait de se nourrir. La question du corps et de son lien à la pulsion de mort est donc centrale. En effet, s’il refuse de manger, cela a bien entendu des conséquences sur son corps. Mais à quel corps s’adresse-t-il ? Non pas au corps réel mais au corps idéal, voire idéalisé. En évoquant la question de la privation de nourriture, on peut parler de la tendance psychique à la mort. Je pense que cette résistance traduit tout à fait le phénomène de pulsion de mort.
Conclusion
Au-delà d’enrichir mes connaissances sur les concepts de déni et d’actes autodestructeurs étudiés dans le cadre des cours sur les concepts de base de la théorie freudienne, cette observation clinique m’a permis de mieux comprendre les problématiques liées aux aménagements autour de son handicap. De plus, cet écrit a permis de débloquer la situation relationnelle entre monsieur R et moi-même, qui restait, au début de l’accompagnement, complexe de par la difficulté de compréhension liée à son comportement.
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