Cours IFSI, la relation soignant / soigné
Par Ninoka • 7 Décembre 2018 • 1 538 Mots (7 Pages) • 807 Vues
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La loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades en fin de vie, respect du refus du traitement même hors phase terminale, arrêt des traitements inutiles…
La valorisation du modèle autonomiste peut être considérée comme une avancée, mais elle peut cacher un désengagement, une indifférence vis-à-vis de la souffrance de l’autre, boire même conduire à une médecine « défensive » où l’on cherche d’abord à se « couvrir » juridiquement par des preuves d’information et de consentement.
L’autonomie « tempérée » de bienfaisance dans la loi du 4 mars 2002 : un modèle mixte.
Dans cette loi des dispositions autonomistes sont contrebalancées.
Priorité de l’information orale : « Cette information est délivrée au cours d’un entretien individuel ». Seuls certains actes, définis par la loi imposent une information écrite : participation à la recherche biomédicale, anesthésie, interruption volontaire de grossesse…Ce sont des actes sans finalités directes sur la personne.
L’accès direct au dossier médical est subordonné à un délai de 48h
Le consentement écrit est facultatif.
Du point de vue de l’éthique appliquée
Comme en respectant les principes fondamentaux et en suivant la loi et la déontologie, faire preuve de sollicitude tout en respectant la dignité de la personne soignée lorsqu’on est infirmière ?
La question est d’autant difficile que les techniques médicales modernes conduisent à une objectivation du malade mettant en cause la dignité de la personne. La personne malade est alors réduite à sa maladie. En effet la médecine s’est largement construite sur un dualisme hérité de Descartes qui sépare l’âme, ou l’esprit du corps. A cela s’ajoute une grande spécialisation de la médecine. Comment pratiquer un soin qui prenne en compte la personne dans sa globalité ? Qui n’objectivise pas le malade avec distance ?
Ethique de l’empathie, du sentiment moral
Le comportement éthique se rapporte à la sensibilité de celui qui agit : il s’agit de faire preuve de compassion, de sympathie.
Ouverture à autrui, la compassion se révèle comme une forme de responsabilité vis-à-vis de la détresse d’autrui. La sensibilité est donc le 1er *ressort du désir et de la volonté.
Rousseau évoquait la pitié comme un sentiment moral, 1er et universel.
La compassion apparaît comme trop connoté, renvoyant à la religion quant à celui de sympathie a perdu beaucoup de sa force.
On préfère ainsi le terme d’empathie qui a été mis en valeur.
Mais l’empathie est fragile, changeante et partisane, elle peut être indiscrète, elle peut être infantiliser ou déresponsabiliser autrui, elle peut conduire à se consacrer à quelques-uns seulement, tous les autres malades doivent être soignés.
L’éthique du respect
Afin de protéger le soin de la contingence des sentiments certains privilégient une approche basée sur le respect.
Ce qui formule un texte contemporain « La dignité de l’homme tient à son humanité »
Mais le respect peut dériver en distance indifférente, en rationalité sans chaleur, ni proximité, voire en désengagement et inaction.
L’éthique de la sollicitude, du care : un synthèse ?
Care= prendre soin
Ne s’agit-il pas dès lors de rechercher une forme possible de relation soignante qui permette au sentiment de s’ajouter à la raison, à l’empathie de se joindre au respect ?
Dans ces conditions, il s’agirait d’établir avec l’autre un rapport qui n’exclut ni lui ni l’autre comme représentant de l’humanité. Selon Paul Ricoeur, seule la sollicitude peut permettre de dépasser un respect qui risque de réduire autrui au même, sans verser pour autant dans une sensibilité qui reste contingent par nature. A la recherche d’une hypothétique bonne distance, la sollicitude doit permettre au soignant d’être bienveillant tout en permettant autrui de devenir lui-même.
L’exemple des éthiques du care
Le care a une double dimension
Une disposition cognitive et affective : se soucier des besoins de l’autre (care about= se soucier de quelqu’un, se sentir concerné par ce qu’il lui arrive).
Des activités concrètes d’aide, d’accompagnement et de soins quotidiens pour répondre à ces besoins.
Reconnaissant la vulnérabilité comme un élément central de nos vies, les éthiques du care visent à valoriser l’entraide et la sollicitude active dans une logique de réponses singulières et situés à des besoins et nécessités universelles. Le care est ainsi la recherche d’une attitude ni trop compassionnelle ni trop distanciée
CONCLUSION
Ne pas opposer l’éthique à la loi
Appliquer la loi ne peut se faire sans comprendre l’esprit, c’est-à-dire les principes fondateurs, les valeurs promues.
La tension du bien à faire et du devoir à accomplir, la complémentarité de l’empathie et du respect
Comme toute éthique, l’éthique du soin est marquée par une tension entre le bien et le mal.
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