Panama Papers
Par Andrea • 16 Avril 2018 • 1 444 Mots (6 Pages) • 570 Vues
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Seulement quelques jours après la divulgation des Panama Papers, le premier ministre islandais a démissionné, une majorité du peuple s’est rallié au parti de l’opposition et a réclamé la démission du gouvernement. Tous ces événements nous montrent bien comment un élément extérieur aux Etats peut avoir un très fort impact sur la politique intérieure et extérieure d’un pays.
II – Les conséquences et les bénéfices des révélations des Panama Papers
Le premier ministre de l’Angleterre, David Cameron a été incriminé dans l’affaire des Panama Papers. A la suite de ses explications publiques où il a donné plusieurs versions différentes, il a perdu la confiance des Anglais. En effet, il avait construit sa réputation et son programme politique sur la lutte contre la fraude fiscale. Sa côte de confiance a chuté à 21% (soit moins 8 points en deux mois), alors qu’il ne reste que 10 semaines avant le referendum qu’il a organisé pour décider si le Royaume Uni doit sortir ou non de l’Europe. David Cameron est favorable pour rester dans la zone euro et doit défendre son projet alors que l’opinion publique lui est défavorable. Le parti de l’opposition, celui qui défend l’idée de faire sortir l’Angleterre de la zone euro pourra ainsi rassembler une majorité déçue par le premier ministre. On voit alors qu’à la suite de ces révélations les relations entre l’Angleterre et le reste de l’Europe sont fragilisés. En effet, si l’Angleterre sortait de la zone euro, il y aurait des retours sur les tarifs douaniers, des problèmes au niveau des normes sanitaires et une mobilité professionnelle qui se retrouverait amoindrie. Cela modifierait fortement les échanges entre le Royaume-Uni et le reste de l’Europe et ferait perdre des milliards d’euros aux deux partis. De son côté, la France s’est également engagée à remettre le Panama sur la liste noire (c’est-à-dire les paradis fiscaux non-coopératifs) et l’OCDE s’est aussi engagée à refaire une liste noire des paradis fiscaux fin juillet où pourrait figurer le Liban, le Panama et l’archipel de Vanatu. Ces pays seraient alors l’objet d’un boycott international et leurs relations avec les autres pays du monde seraient affectées.
Nous voyons alors comment cette affaire a pu engendrer et exacerber des tensions déjà existantes, même si elle a permis d’un autre côté de renforcer la coopération internationale. En effet, les pays de l’OCDE se sont engagés à échanger leurs informations, ce qui montre l’importance du rôle d’une coordination internationale pour lutter contre la fraude fiscale. De plus, ils se sont engagés à prendre des mesures, dont par exemple l’échange automatique d’informations dès 2017/2018, et à protéger mieux les lanceurs d’alertes. Ils se sont engagés aussi à faire en sorte que les banques soient plus transparentes afin de réduire leur pouvoir. En effet, une nouvelle directive exige que les données comptables et fiscales des multinationales soient rendues publiques par les pays membres de l’Europe. Cette affaire va donc permettre de mettre en place rapidement des nouvelles mesures pour rassurer l’opinion publique et ainsi éviter d’autres scandales politiques. Il y a donc bien une expansion de la coopération entre les gouvernements, une croissance d’interactions transnationales mobilisant des acteurs non étatiques (en particulier ceux du monde des affaires et des ONG), qui donnerait lieu au développement d’une société internationale régie par le droit international public. Cependant, on remarque en réalité que malgré ces interactions, les gouvernements continuent de subordonner le respect des engagements internationaux à la défense de leurs intérêts politiques.
Le scandale des Panama Papers a créé une onde de choc mondiale. En effet, on voit qu’une crise éthique et démocratique a lieu en Islande, ce qui pourrait totalement bouleverser le paysage politique de ce pays. De plus, les relations entre l’Angleterre et l’Europe se trouvent plus que jamais fragilisés car les Anglais vont alors vouloir se ranger dans le parti opposé à Cameron en faveur de la sortie du pays de la zone euro. D’un autre côté, ces révélations vont aussi permettre de renforcer la coopération internationale sur la lutte contre la fraude fiscale. Cependant, dans ces conditions « d’anarchie » la tentation reste grande pour les gouvernements de prendre des engagements juridiques sans les respecter car il y a un manque de légitimité des instances de justice internationale. Cette approche sur les réalités transnationales et les interdépendances entre les sociétés tend à minimiser le rôle de l’Etat et à confondre son pouvoir régulateur avec celui des autres acteurs de la scène internationale.
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