Le travail en équipe pluri-professionnelle
Par Ninoka • 20 Août 2018 • 3 300 Mots (14 Pages) • 559 Vues
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Il vit avec sa mère. Ses relations avec elle sont conflictuelles. Il n’a plus de contact avec son père.
A la rentrée scolaire 2016/2017, Théo est inscrit au lycée professionnel. Sa mère souhaite qu’il respecte son obligation scolaire au regard de son âge. Elle fait le choix de nous confier Théo pour l’éloigner volontairement du domicile et de ses fréquentations. Il rentre en 3è PEP (Préparation à l’Enseignement Professionnel) Le projet professionnel du jeune s’orienterait vers les arts graphiques mais ce n’est pas clairement défini. Le lycée propose une formation en production graphique en 3 ans. En intégrant une 3è professionnelle, Théo participera à des temps d’atelier qui sont proposés dans l’établissement dont la production graphique. Il va pouvoir vérifier son choix d’orientation professionnel vers ce secteur d’activité.
Théo est hébergé à l’IES, dans un internat « collectif » dans lequel je travaille.
b)-Théo ne veut pas intégrer son nouveau lycée :
Dès le mois de septembre, Théo présente des difficultés à intégrer un nouveau cadre de vie. L’intégration à St Michel est difficile le dimanche soir. Cette situation engendre de nouveaux conflits avec sa mère. De plus, il refuse de se lever le matin pour se rendre au lycée d’où des retards répétés. J’explique à Théo que dès qu’un jeune est en retard pour se rendre au lycée, je préviens par téléphone la vie scolaire. Tout retard est sanctionné par la suite. J’explique que nous sommes en lien avec le scolaire. Une fois l’appel passé, je reviens vers lui pour le tenir au courant de ce qui a été dit dans la conversation. Dans le règlement du lycée, tout jeune qui ne se présente pas à l’heure en cours doit passer par la vie scolaire. Je lui explique que s’il ne s’y rend pas, il doit se rendre au bureau du Conseiller Principal d’Education (CPE).
Un mardi matin à 8H15, après être resté un moment sur la cour devant le lieu de vie, il revient à l’internat. Il me demande un justificatif d’absence pour se rendre à l’infirmerie. Je lui réponds qu’à cette heure-ci, c’est le lycée qui peut lui rédiger un mot d’autorisation. A la suite de ma réponse, il repart vers l’escalier de sortie. Dans son passage, il balance une chaise et remet en cause verbalement les règles de vie du lycée et de l’internat. Je vais le voir. Je lui demande de m’accompagner jusqu’ à sa chambre pour l’aider à se calmer. A travers ma démarche que je lui explique, je veux qu’il prenne un temps pour s’apaiser dans un lieu calme. Je lui dis que j’informe la vie scolaire de la situation. J’explique ma décision dans un souci de le préserver et d’être bienveillante envers lui par rapport à l’école et les autres jeunes. Il montre des excès de violence dans son langage et dans son comportement. Il balance des chaises comme nommé ci-dessus, il claque les portes ou encore, il va renverser des affaires posées sur une table. Son agressivité est dans ses gestes et son oralité. Je sais qu’elle ne m’est pas adressée personnellement. Ceci explique ma demande de regagner sa chambre. Je ne me sens pas en difficulté face à sa colère et la violence qu’il exprime. Cependant, je sais qu’il fait des efforts mais il n’est pas en capacité de se maîtriser.
Il a du mal à intégrer les règles de vie. Je prends en compte sa déscolarisation l’année précédente. Je veux lui donner la possibilité d’en échanger au lieu de l’emmener au lycée. J’estime qu’il n’est pas en capacité de s’y rendre. Il a besoin de s’isoler. Calmer les tensions va me donner la possibilité de rentrer en relation avec lui par la suite.
J’informe le jeune que j’appelle la vie scolaire pour rendre compte de la situation ainsi que l’infirmière qui le recevra dans 15 mn. Il est important que les jeunes sachent que nous travaillons « ensemble ». Un lien existe entre les équipes éducatives et scolaires pour le bien-être des élèves. De plus, toute absence au lycée doit être justifiée.
Au cours de l’échange avec lui, il aborde plusieurs points : l’internat, son projet professionnel, et sa santé. Le fait de dire à voix haute son ressenti a pour effet de dédramatiser les situations. De plus, verbaliser lui permis de prendre du recul et d’y voir plus clair.
8h30 : Théo, calmé, descend voir l’infirmière. Le rendez-vous va porter sur son agressivité et ses actes de violence. Théo suit un traitement médical. Il est important de vérifier si celui-ci est adapté. L’infirmière, après entretien avec le jeune, peut interpeller la famille si nécessaire face au comportement du jeune sur un plan médical. Je préviens une nouvelle fois le scolaire du déroulé. Le jeune ne peut rester sur l’internat qu’avec l’aval du l’infirmière et du lycée. Sinon, à la suite de la rencontre avec l’infirmière, le jeune est tenu de regagner les cours en passant par la vie scolaire.
10h30 : Théo est de retour sur le lieu de vie. Je demande s’il a vu l’infirmière. Il me répond « non » car il n’a pas respecté l’horaire inscrit sur le billet que je lui avais donné pour s’y rendre. Je reprends contact auprès de la vie scolaire pour les informer que Théo est à nouveau avec moi mais qu’il regagne les cours ensuite. Je vérifie aussi où est le jeune entre 8h30 et 10h30. Je constate qu’il n’est pas allé en cours.
10h50 : Théo est à nouveau sur l’internat. Il me dit : « je veux faire ma valise et quitter le lycée » j’informe le jeune que je préviens une nouvelle fois la vie scolaire. De là, je reste avec Théo. Je lui propose de rencontrer le CPE. Je l’accompagne jusqu’à son bureau tout en discutant avec lui. Je souhaite que l’échange verbal le fasse changer d’avis. Je lui demande s’il a bien réfléchi et si c’est vraiment son choix. Je le sensibilise aux conséquences que cela peut engendrer. Il présente un risque sur une éventuelle récidive dans le décrochage scolaire. Il compromet également son projet professionnel.
Le CPE n’est pas disponible pour le recevoir à l’instant présent. Il lui propose de laisser sa valise dans le bureau et de revenir après le repas. A la sortie du bureau, sans sa valise, il croise un autre jeune qui connaît bien. Il le dissuade de partir en lui disant que ce n’est pas comme ça que les choses vont s’améliorer.
Après un temps de réflexion, Théo revient sur sa décision. Il ne souhaite cependant pas retourner en cours. Je l’informe que je reprends contact avec la vie scolaire. Je reste avec lui.
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