Le rôle de l’état dans le déséquilibre territorial et régional
Par Raze • 21 Août 2018 • 5 230 Mots (21 Pages) • 429 Vues
...
Elles apparaissent comme une donnée commune a tout espace géographique, qu’il soit représenté par un pays ou par une partie de ce pays, et se traduisent à l’intérieur d’une entité nationale par l’opposition entre une ou plusieurs régions principales et le reste du territoire.
L’étude des disparités régionales au Maroc prend donc comme base d’analyse l’influence des rapports économiques et sociaux sur l’organisation de l’espace .En partant du fait que celle-ci est avant tout la traduction du système économique et social , c'est-à-dire qu’elle est le reflex de la société marocaine sur un espace donné , il s’agit de démontrer dans quelle mesure les rapports existent au sein de cette société ont pu créer le phénomène de disparités et comment ces déséquilibres se manifestent au plan spatial .Les disparités régionales et les distorsions qui en découlent renvoient donc à l’étude de l’organisation urbaine , élément structurant de l’espace , et a son type d’articulation a l’ensemble du territoire .
Avant de parler des dynamiques que peuvent jouer les régions .il faut dresser un bilan de la pratique régionale depuis l’indépendance, et s’arrêter sur les causes et les conséquences et de l’échec de cette pratique.
I- Déséquilibres structurels et maintien durables des inégalités
A-Approche historique :
- Au lendemain de independence 1956 :
Au lendemain de son indépendance, en 1956, le Maroc hérite des territoires administratifs établis par le Protectorat. D'avantage conçu comme structure d'administration et de contrôle qui, à partir de bases littorales, s'articule et s'étend en direction de l'intérieur du pays, circonscrivant le développement au "Maroc utile" (celui de la côte et des plaines), à l'opposé d'un "Maroc inutile" (le reste du territoire) marginalisé - entre autres dualités qui, aujourd'hui encore, ou représentent une réalité spatiale ou sont encore présentes dans l'imaginaire collectif, tel que l'opposition entre blad siba et blad el Makhzen- le maillage administratif centralisateur et puissant hérité du Protectorat a servi de base aux autorités marocaines pour consolider leur maîtrise de l'espace.
Mais le territoire tel que conçu, puis délimité par les colons, a tôt révélé son incompatibilité avec les objectifs de développement que s'est assigné l'Etat marocain. Or, "la volonté de mettre en place un Etat moderne a relégué au second plan la question de la régionalisation, laissant la place à une organisation basée sur les provinces et les communes comme principales unités administratives et territoriales
Malgré ces réaménagements opérés par les pouvoirs publics dans le but d'équilibrer une organisation spatiale héritée du Protectorat, la persistance des disparités régionales rendra impérative l'adoption d'un nouveau découpage.
Le Pouvoir Central, le Makhzen n'avait donc ni les techniques, ni les moyens, ni la capacité d'intervention et d'encadrement de l'espace communautaire. Son existence en tant qu'autorité, dépendait du contrôle des voies d'échange et des accès aux villes.
La capacité de maîtrise de l'espace par le pouvoir central et l'ampleur de l'étendue territoriale à dominer, impliquait des limites au contrôle, Cette limitation conduisait le Makhzen à baliser l'espace à défaut de l'investir dans sa totalité.
2-La régionalisation économique 1971 :
Le découpage de 1971 marque l'apparition de la notion de la région dans l’organisation territoriale du royaume. Cette année, le Maroc se dote d'un découpage qui créé 7 régions. La rupture du découpage de 1971 avec les découpages coloniaux s'y manifeste autant dans la volonté --annoncée mais non concrétisée-- de minorer le poids de la géographie physique (qui était le principal référent des premiers découpages coloniaux), que dans la doctrine de développement autocentré qu'il souhaitait servir. Tributaire de la conception qu'avaient les pouvoirs publics de l'époque des rôles que pourra jouer la région, celle-ci a été définie, en 1971, comme "un ensemble de provinces qui, sur les plans tant géographique, qu’économique et social entretiennent ou sont susceptibles d’entretenir des relations de nature à stimuler leur développement, et de ce fait, justifient un aménagement d’ensemble", et ne sera qu'un "cadre d’action économique dans lequel des études seront entreprises et des programmes réalisés en vue d’un développement harmonieux et d’équilibre des différentes parties du royaume". En somme, pour les décideurs, la région est une simple addition de provinces qui a vocation à être un cadre de déploiement de plans de développement économique. 7 régions économiques seront créées, et identifiés par une toponymie cardinale (région du Nord-ouest, région du Centre-Nord, région de Oriental, etc.)
En effet, l'expérience de 1971 se solda par un échec du, en partie, aux profondes dysharmonies du découpage, qui ont contribué à creuser le fossé entre régions riches et régions pauvres.
3-La région reconnue comme collectivité territoriale 1997 :
En 1997, un nouveau découpage créant 16 régions est adopté. La région n'est plus un simple cadre spatial neutre destiné au déploiement de plans économiques, mais, depuis la révision constitutionnelle de 1992, puis celle de 1996, reconnue comme collectivité territoriale. Elle est certes dotée de pouvoirs, d'attributions et de compétences, mais ces derniers demeurent limités en raison de la tutelle pesante et complexe de l'administration centrale via les Walis.
Les spécificités de chaque région sont reconnues, et les soucis de cohésion et d’homogénéité font leur entrée dans l'arsenal de critères du découpage.
En revanche, la loi instituant le nouveau découpage est restée bien vague sur la définition de la notion de "souci de cohésion". La composante humaine des régions, avec ses particularités identitaires et culturelles, est prise en compte, mais déconsidérée et marginalisée au moment du découpage au profit d'autres référents, notamment économique, ce qui a lourdement compromit l'affirmation de ce processus au niveau de la perception sociologique locale
...