L'Amérique: Puissance du Nord, affirmation du Sud
Par Christopher • 29 Août 2018 • 8 201 Mots (33 Pages) • 486 Vues
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- Le bassin caraïbe est un espace traditionnellement ouvert sur l’Europe. La fin des empires coloniaux au XIX° siècle a marginalisé la région aux yeux des Européens, qui ont été supplantés par les États-Unis. Les Antilles françaises, britanniques et néerlandaises sont considérées comme des territoires ultrapériphériques européens qui ne maintiennent des niveaux de vie élevés que par les aides versées par les métropoles ou les facilités accordées à l’exportation des produits agricoles tropicaux.
- Ces territoires européens sont de fait mal intégrés au sein de leur espace régional. Les RUP françaises ne peuvent participer à l’AEC et à la CARICOM. Pour mieux assurer leur développement économique et leur insertion mondiale, ces territoires orientent leurs investissements vers les secteurs du tourisme, de la finance (paradis fiscaux) et des activités pétrolières.
- Un espace en contact avec l’Asie pacifique via le canal de Panama, et avec le Moyen-Orient. Le bassin reste encore à l’écart des grands flux de la mondialisation polarisés par les trois pôles de la Triade. Mais le canal du Panama permet une ouverture vers l’Asie pacifique. La modernisation des hubs portuaires (ports étatsuniens, Freeport aux Bahamas, Kingston à la Jamaïque) et du canal positionne le bassin caraïbe comme un espace-relais pour des activités diverses qui intéressent désormais les asiatiques : raffinage, pavillon de complaisance, transbordement des conteneurs.
- L’hégémonie des États-Unis : une « Méditerranée américaine »
Une emprise politique et militaire
- L’arrière-cours des États-Unis. Le bassin caraïbe est parfois considéré comme une « Méditerranée américaine » pour désigner une mer plus ou moins fermée en position d’interface Nord-Sud. Les États-Unis font des Caraïbes leur zone d’influence exclusive. Ils entendent y exercer une domination politique et économique en fonction de leurs seuls objectifs, notamment pendant la Guerre froide lorsqu’ils soutenaient les régimes dictatoriaux au Nicaragua ou à Haïti. Les États-Unis ont même mené des opérations militaires parfois à plusieurs reprises au sein des États des Caraïbes et maintiennent Cuba sous embargo depuis 1961.
- La démocratisation des États caribéens après la Guerre froide. Après la Guerre froide, la politique américaine s’infléchit vers la démocratisation de certains régimes (Guatemala par exemple). Mais elle permet aussi une libéralisation se traduisant par l’expression d’un net ressentiment anti-américain. Depuis les années 2000, le président Vénézuélien Hugo Chavez est la figure emblématique de la lutte contre l’hégémonie américaine.
- Une nouvelle politique américaine. Dans ce contexte d’influence déclinante des États-Unis, le président Obama a émis la proposition d’un desserrement de l’embargo sur Cuba non encore suivi des faits. Il propose également à ses voisins moins conciliants de traiter d’égal à égal. Les États-Unis restent néanmoins présents militairement par leur flotte et leurs bases (Guantanamo à Cuba). L’armée intervient parfois directement sur les zones de production de la drogue (Colombie). Ils maintiennent également Haïti sous surveillance.
Une forte dépendance économique des Caraïbes
- Un impérialisme économique américain. Exceptés quelques pays comme le Mexique ou le Venezuela, les États de la Caraïbe ne font pas le poids face aux firmes multinationales des États-Unis qui imposent le dollar, leurs règles, contrôlent des secteurs entiers de l’économie dans le domaine agricole ou dans le domaine industriel à l’exemple des maquiladoras implantées au sein des zones franches de la Caraïbe.
- Une volonté de renforcer l’intégration régionale. Les États-Unis souhaitent également renforcer l’intégration régionale par l’élargissement de l’ALENA à l’ensemble du continent américain. La ZLEA (zone de libre-échange des Amériques) prévue en 2005 devait réunir plus de 800 millions de consommateurs et contrecarrer les ambitions européennes sur le continent américain. Mais les négociations ne sont pour l’heure guère avancées.
- Les associations régionales du bassin caraïbe ne peuvent rivaliser. Elles sont peu efficaces. La CARICOM n’est pas parvenue à s’imposer même si elle offre une tribune aux petites entités étatiques à l’ONU.
Une moindre domination culturelle
- Un rayonnement indéniable de la culture américaine. Le modèle culturel des États-Unis est diffusé par les vecteurs traditionnels formés par les médias, le cinéma, la restauration rapide et caractérisé par la société de consommation.
- Mais ce rayonnement est concurrencé par les cultures caraïbes. Le bassin caraïbe est l’une des zones de production culturelle parmi les plus riches de la planète. Ma peinture haïtienne et la musique (zouk, salsa, reggae) s’exportent mondialement, en particulier au sein des métropoles américaines et européennes concernées par les diasporas caribéennes.
- Une diffusion sur le territoire même des États-Unis. Si l’anglais reste la langue du commerce, de la finance et de la diplomatie du fait de la domination des États-Unis, l’espagnol n’en demeure pas moins la langue la plus parlée et elle concurrence sérieusement l’anglais en Floride, au Texas ou le long de la frontière américano-mexicaine. Cela traduit l’importance des communautés mexicaine, cubaine ou dominicaine aux États-Unis.
L’ESSENTIEL
Le bassin caraïbe, interface américaine, interface mondiale
- Le bassin caraïbe est un espace maritime, politiquement fragmenté, structuré à l’époque coloniale par d’intenses relations qui en font un carrefour.
- Il constitue une interface à l’échelle américaine et mondiale, marquée par une fracture de développement Nord-Sud, et la domination des États-Unis.
- Les États-Unis dominent le bassin caraïbe mais ils sont contestés par certaines puissances régionales et concurrencés culturellement.
- Le continent américain : entre tensions et intégrations régionales
Le continent américain est dominé par les États-Unis. Leur volonté d’hégémonie, caractérisée par une présence multiforme, les implique dans la majorité des tensions qui restent toutefois modérées et affectent en particulier l’Amérique latine. Le rejet de cette domination se traduit notamment
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