Journal d'Etude Clinique
Par Plum05 • 10 Décembre 2017 • 4 047 Mots (17 Pages) • 665 Vues
...
Réunion territoire : ce temps est prévu avec le directeur du service. Il permet de traiter des sujets d’ordre institutionnel.
Les échanges informels
Les professionnels qui se rendent dans les familles seuls n’ont que très peu de temps pour pouvoir échanger et sont souvent en dehors de l’institution pour accompagner les familles. Des temps informels se sont alors mis en place pour pouvoir échanger. Les professionnels se retrouvent le matin pour prendre le café et discuter, le déjeuner est également pris en équipe, s’il n’y a pas de rendez-vous avec les familles.
Lors de ces temps ils peuvent discuter d’une situation, de leurs difficultés, leurs questionnements mais aussi de leurs « petites victoires ». Des conversations autour de leur environnement professionnel sont également présentes. La parole est libre, sans retenue, les cadres n’étant pas présents lors de ces temps.
Les bureaux sont aménagés pour accueillir deux ou trois personnes. Il y a beaucoup de mouvements dans les bureaux, et les professionnels se regroupent par affinités.
Les outils de communication professionnelle :
Dans le service, l’écriture tient une place importante dans la pratique. Les travailleurs sociaux communiquent avec le juge des enfants à travers des rapports rédigés en fin de mesure ou lors d’événements importants. De plus, chaque famille a un dossier où le professionnel référent de la situation inclut ses notes lors des rencontres avec celle-ci. « L’écriture met en place la pensée, la consolide, l’enrichit, la renouvelle »[4].
Les travailleurs sociaux se laissent également des « mots » avec des informations qu’ils ont pu recueillir sur une situation donnée dans les bannettes que possède chaque professionnel.
Un panneau d’affichage est également présent pour donner aux professionnels les informations concernant des sujets propres au service ou que les partenaires souhaitent transmettre à l’ensemble de l’équipe.
Le courriel et le téléphone sont aussi des moyens de communication utilisés (en interne, hors AEMO, avec les partenaires et les familles). Les travailleurs sociaux ont également un téléphone portable de service afin de pouvoir communiquer plus facilement avec les familles et les partenaires mais aussi entre eux.
L’avantage de l’écrit est également de garder une trace de l’échange, il permet de fixer une information, une situation dans le temps.
-
Définition théorique de l’équipe
Selon Gilles Amado et Paul Fustier, l’équipe « peut être définie comme un groupement de sujets que réunit un « projet » commun lié à l’exécution de la primaire dévolue à l’institution {…} »[5]
Je pense qu'une équipe est un groupement de personnes qui mettent en commun leurs compétences, leurs expériences, leurs vécus afin de répondre aux missions d’une institution. L’équipe est réunie pour une tâche commune, elle se doit d’être soudée, elle doit collaborer car chaque membre de cette équipe à besoin des autres pour parvenir à mener à bien la mission confiée. Chaque équipe est une entité avec ses règles, ses normes, ses valeurs. Des contrats, pactes et alliances se forment entre les personnes, afin de permettre une cohésion au sein de l’équipe.
L’équipe n’est pas qu’un tout, elle est composée de personnes singulières qui apportent chacune une vision, une compétence différente de par leurs expériences antérieures, leurs formations etc. De plus « L’équipe joue son rôle de tiers dans la relation entre Soi et l’Autre»[6]. L’équipe permet à l’éducateur de ne pas être seul, elle permet de prendre du recul sur une situation et peut permettre de l'appréhender sous un angle différent.
-
La famille B.
Nous sommes jeudi après-midi. Nous avons demandé à Madame B. de venir au service pour faire un point sur la situation de sa famille.
Mon référent, Hugo[7], et moi-même avons rencontré son mari en début de semaine. Il a demandé un entretien en urgence car ses enfants sont, pour lui, en danger. Madame et Monsieur vivent ensemble. Lors de cet entretien, Monsieur B. confirme que le conflit parental est omniprésent. La police doit intervenir plusieurs fois par semaine, voir par jour au domicile familial pour cause de disputes violentes en présence des enfants.
C’est ce conflit parental qui a conduit à un signalement et une mesure AEMO.
Zac, leur premier enfant est accompagné par le service depuis 2012. Après la naissance de leur deuxième enfant, Romain, une extension de mesure a été mise en place pour l'accompagner également.
Monsieur est d’origine Algérienne, il vit en France depuis son plus jeune âge. Il se marie avec Madame qui vit en Algérie. Très vite, Madame le rejoint en France et donne naissance à Zac.
Zac est atteint de mucoviscidose, le suivi médical et la prise de traitement sont suivis de près par Madame, nous n’intervenons pas sur ce domaine avec eux. La maladie de leur premier enfant n’est pas parlée avec nous.
Au début de la mesure, Hugo les a orientés vers une association de parents mais ils ne s’y sont jamais rendus.
Aujourd’hui n’est pas un entretien habituel avec cette famille. En effet Hugo et moi-même avons pris la décision de proposer un accueil provisoire des enfants. Le temps que Madame se sépare physiquement de son mari. En effet, elle a fait les démarches pour demander le divorce récemment et depuis le conflit est grandissant.
Zac et Romain sont confrontés quotidiennement à cette violence et se retrouvent au milieu du conflit parental. Madame et Monsieur se servent de leurs enfants comme d’une arme l’un contre l’autre. Zac commence à montrer des fragilités psychologiques face à cette situation. Il se pose en « médiateur » de ses parents, faisant tout pour les rassembler.
Hugo part en vacances à la fin de la semaine, il a donc demandé à un collègue, Nolan, de prendre en charge la mesure avec moi et donc de mettre en œuvre l’accueil. Le relais se passe très rapidement. Nolan vient dans notre bureau peu avant le début de l’entretien. Je lui explique brièvement la situation et comment se déroule la mesure,
...