Etude de situation clinique
Par Ninoka • 16 Octobre 2017 • 2 235 Mots (9 Pages) • 954 Vues
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J’ai voulu lors de cette situation, être dans l’écoute, la communication pour qu’elle comprenne le mieux possible ce qui lui était reproché, afin qu’elle soit rassurée, et éviter qu’elle garde ses angoisses par un manque de compréhension et d’explication.
Cette situation m’a interrogé sur différents points comme :
- Les pratiques professionnelles de l’équipe, pour m’aider à comprendre leurs postures
- Les carences affectives
- Les pensées suicidaires chez l’enfant
- Comment se servir des temps d’activité pour créer du lien, des moments d’écoute et d’échanges.
- La distance professionnelle
- La place de l’observation et de l’écoute dans la relation éducative
Je vais retenir et développer en formulant des hypothèses théoriques la question des carences affectives.
La définition de carence affective selon le Larousse Médical parle « d’absence ou insuffisance des échanges affectifs essentiels au développement et à l’équilibre affectif d’un sujet ».
On voit bien chez M qu’il y a un syndrome carentiel. Elle peut se montrer hostile envers les adultes, puis demander une relation exclusive, elle est intolérante à toute situation éveillant l’abandon, et peut avoir une image négative d’elle-même.
M a une faible estime d’elle-même, on le voit bien quand elle dit que tout le monde s’en fout d’elle. Peut-être que lui proposer une dictée la renvoyé vers ses difficultés scolaires, et l’a confronté à un possible échec, ce qui a éveillé une colère. Tout d’abord elle s’en prend aux éducateurs, puis tourne sa colère contre elle en se dévalorisant. C’est ce que Michel Lemay appelle « la méchanceté inexorable ».
Dans sa rencontre avec Mme H, il y a eu une entrée en relation assez charmeuse et une forte envie de possession en disant « ma maison », « je t’aime ». Au moment où Mme H lui accorde sa confiance en l’autorisant à aller sur l’ordinateur, M en mentant, a comme saboté volontairement cette relation comme un mécanisme de défense. Pour les enfants carencés, aimer
est dangereux, aimer c’est pouvoir être abandonné. Du coup ils testent, voir si on va les rejeter, et accepter les tests qu’ils font passer.
On voit qu’il y a une grande avidité affective qui s’accompagne d’une grande difficulté à accepter les marques d’affection, de confiance. C’est ce que Michel Lemay dans « j’ai mal à ma mère » appelle des mécanismes de brisure. Ce sont des coupures que l’enfant déclenche chaque fois qu’il demande de l’amour. Il dit « l’enfant qui commence à aimer amorce un mécanisme de rejet dont il va être la victime, tout en fournissant à son entourage par des attitudes inacceptables des motifs justifiés d’abandon ».
Dans cette situation, je rassure M en lui disant que ses sorties avec Mme H continueront bien malgré son test.
M a subi des ruptures relationnelles avec sa mère, et ses frères et sœurs, qui l’ont fragilisé et lui créaient des peurs comme celle de ne pas être aimé, ou bien d’être en trop. Est-ce que le fait de la laisser sur le groupe des « petits » et d’être parrainé par Mme H sont-elles des solutions palliatives à ces successions de ruptures relationnelles ? Si je m’appuie sur le livre de Michel Lemay « j’ai mal à ma mère » il faut faire attention à ce genre d’action, car si la prise en charge n’est pas durable, cela peut être destructeur, parce que M ferait face à une nouvelle brisure.
Cette étude clinique m’a fait réfléchir sur la question de la distance, en l’occurrence avec un enfant carencé. Vouloir combler par de l’affection le manque que l’on perçoit chez l’enfant, nous mettra face à des demandes trop grandes de la part de l’enfant auxquelles nous ne pourrons pas répondre et entrainera une rupture. J’ai pu comprendre qu’on n’aide pas le carencé en le maternant, ni même en repoussant ses démonstrations d’affection, mais en accompagnant momentanément dans le mouvement, tout en sachant maintenir une certaine distance. Etre suffisamment proche, familier sans familiarité et sans familialisme, est exercice délicat, qui diffèrera selon les personnes, leurs, leurs sexes, des circonstances…et demandera un réglage singulier.
La parole et l’écoute sont des outils essentiels à mes pratiques éducatives car liés. Il y a à la fois l’écoute de celui qui parle, mais aussi l’écoute par celui qui parle. Mais il faut toujours questionner la place d’où l’on soutient l’écoute. C’est à dire qu’il faut tenir compte de la place à laquelle nous met l’autre lorsqu’il nous demande de l’aide, mais aussi repérer quelle place sociale, à partir de quelle fonction, on se situe.
J’aimerai travailler plus sur l’objectivation, c’est-à-dire savoir ce qu’il y a de soi dans ce que l’on observe. Pouvoir questionner une pratique, en examiner le bien-fondé et d’envisager les autres compréhensions et manières possibles qui auraient peut-être de faire mieux. Réflechir sur les gestes et paroles que j’ai crues utiles pour apporter des réponses à des besoins.
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Bibliographie
Michel Lemay (1979) « J’ai mal à ma mère » Editions Fleurus, Paris
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