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Croissance et économie numérique

Par   •  6 Mai 2018  •  2 094 Mots (9 Pages)  •  406 Vues

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Par ailleurs, le numérique est à l’origine d’une véritable révolution dans les modes de consommation et de production qui ouvre de nouvelles potentialités en matière de compétitivité hors-prix (celle qui reste inexpliquée par le coût des produits). Les consommateurs en particulier réclament des produits de qualité et de moins en moins standardisés. Les entreprises peuvent alors jouer sur la différenciation des produits en y ajoutant par exemple une multitude de services joints. En vendant ses iPhones, Apple ne vend pas seulement des téléphones mais un moyen de télécharger des applications, d’accéder à Internet, de se géo-localiser… Les TIC permettent également la production de nouveaux biens et services permettant de relancer la consommation.

Face à la menace que fait peser un ralentissement de la demande mondiale sur son modèle historiquement exportateur, la Chine se recentre depuis quelques années sur son marché intérieur et cherche à se construire de nouveaux avantages comparatifs, notamment dans les TIC. Cela lui permet d’être en 2013 le premier pays exportateur de TIC. Par opposition, l’Europe, malgré de fortes potentialités (main-d’œuvre qualifiée, infrastructures de qualité, marché commun), accuse un retard important en matière numérique. Seuls deux pays de l’Union européenne se retrouvent parmi les dix premiers exportateurs de TIC en 2013, l’Allemagne et les Pays-Bas. La Stratégie de Lisbonne qui prévoyait un investissement de 3% du PIB en recherche et développement (R&D) est un échec (2,01% du PIB en 2012 et en 2013). La France plus particulièrement est régulièrement critiquée pour les rigidités de ses marchés et de sa réglementation impropres au développement des activités créées par le numérique.

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S’il semble encore difficile d’évaluer l’apport du numérique pour la croissance, en raison de la nouveauté du phénomène, de nombreux éléments laissent à penser que le numérique jouera un rôle décisif dans les modèles économiques de demain. Il importe donc, surtout dans les pays européens, de bâtir une véritable politique du numérique visant à relancer la croissance.

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II – Les moyens d’une politique du numérique au service de la croissance.

Une politique du numérique doit d’abord viser à mettre en place un cadre favorable au développement de l’innovation (A). Elle doit également accompagner la révolution numérique, en corrigeant ou en prévoyant ses effets pervers (B).

A – Construire un cadre favorable au développement du numérique.

Si le numérique constitue un progrès technique permettant de favoriser la croissance, il n’est pas, selon l’expression de Rorer, « une manne tombée du ciel ». Les pays voulant développer les activités numériques doivent donc impulser des politiques de croissance endogène au service de l’économie numérique.

Il importe en premier lieu d’investir dans la R&D numérique à l’origine de l’origine de l’innovation de rupture. Cette dernière permet de briser les sentiers de dépendance et de créer un environnement politique, social et économique favorable au numérique (Schumpeter). Néanmoins, dans un contexte de réduction des déficits, la tendance à financer la R&D, dont les effets ne sont visibles que sur le long terme, se réduit. En dehors des subventions (direct) et des crédits d’impôt (indirect), les Etats peuvent favoriser le cofinancement via les techniques de partenariats public-privé, du numérique. La mise en place d’une fiscalité incitative sur le financement des activités ayant un lien avec le développement du numérique pourrait également jouer un rôle important (Pigou).

Le numérique présente par ailleurs un défi essentiel en termes de capital humain. Selon les perspectives de France Stratégie pour 2017-2027, 60% de nos enfants auront des métiers jusque-là inconnus. Par conséquent, il est essentiel que les pouvoirs publics développent une politique d’éducation et de formation efficace permettant une adaptation optimale des compétences et savoir-faire des individus aux technologies numériques. L’économie numérique est aussi une économie de la connaissance. La mise en place d’un cadre attractif pour les jeunes talents est indispensable pour l’innovation numérique. Sur ce point, l’Europe peut s’inspirer du programme « Cent talents » mis en place par la Chine pour favoriser le retour des étudiants chinois après leurs études à l’étranger.

Enfin, selon Barro, des infrastructures de qualité sont indispensables pour l’innovation. Si globalement les infrastructures européennes sont de bonne qualité, des progrès restent à faire, notamment dans l’administration française. D’autant plus que celle-ci a démontré qu’elle possédait une réelle capacité réformatrice avec la fusion de la DGI et du Trésor en 2008 pour simplifier les procédures pour le contribuable (guichet unique).

Que l’on en soit consommateur ou producteur, le numérique est un phénomène inévitable. Sa progression entraîne des bouleversements importants d’un point de vue social. Une bonne politique numérique doit donc accompagner ces transformations.

B – Accompagner la révolution numérique.

La révolution numérique est à l’origine de mutations importantes et parfois brutales au sein des sociétés. Ces mutations redistribuent les cartes et engendrent des gagnants et des perdants. Ces transformations doivent être prises en considération par les pouvoirs publics.

La révolution numérique appelle d’abord une révolution du marché du travail vers davantage de fluidité et de flexibilité. En France par exemple, le marché du travail va être amené à s’hétérogénéiser. La dualité du marché du travail salariat/travail précaire (Doeringer et Piore) ne pourra pas perdurer. Parallèlement, les pouvoirs publics doivent assurer la sécurisation des transitions professionnelles qui se multiplieront inévitablement. La mise en place du compte personnel d’activité, partiellement mis en place en France avec le compte personnel de formation, permettra de faire reposer la logique d’assurance non plus sur le contrat de travail mais sur le parcours de l’individu.

La révolution numérique impose également une révolution de la protection sociale. Il s‘agit de passer du « Welfare » au « Workfare ». La protection sociale qui permet de faire face aux risques sociaux (chômage, maladie, accidents du travail) doit désormais

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