Analyse de la pratique infirmiere - chambre d'isolement
Par Matt • 3 Février 2018 • 2 350 Mots (10 Pages) • 905 Vues
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4 - Analyse
Au cours de ce stage, j’ai pu me rendre compte du rôle que peut avoir la chambre d’isolement et l’équipe soignante chez un patient en situation de crises, en soins psychiatriques.
En effet, au-delà du simple isolement que peut représenter la CI, celle-ci comportent une dimension thérapeutique et est soumis à une réglementation très exigeante.
N’oublions pas qu’il s’agit d’un soin avant tout.
Le recours à l’isolement thérapeutique n’est pas rare. C’est un soin à part entière nécessitant une présence accru des soignants, ils jouent un rôle très important dans la réussite de ce soin. Il Repose sur une démarche protocolaire propre à chaque service.
Dans l’unité « la passerelle », la surveillance d’un patient en CI par l’infirmière ce fait toute les heures et un entretien médical est obligatoire toutes les 24h, nécessaire pour reconduire la prescription d’isolement.
Le protocole stipule aussi la présence obligatoire de 2 soignants à chaque ouverture de la chambre afin d’augmenter la sécurité en cas de débordement.
Le recours à l’isolement thérapeutique comporte des indications qui regroupent, la prévention d’une violence éminente soit envers le patient ou vers les autres lorsque les autres démarches ont échoué, c’est le cas de Monsieur H. Le risque de rupture thérapeutique surtout quand l’état du patient l’impose. La diminution des stimulations reçues par le patient tant par l’équipe soignant que par son environnement. Pour finir la mise en place de l’isolement thérapeutique peut aussi être à la demande du patient.
Pour cette dernière ce fut vrai chez Monsieur H lors de l’allégement de son cadre d’hospitalisation.
Par ailleurs, ils existent aussi des contre-indications absolues comme, son utilisation à titre de punition, il subsiste encore quelques cas rare mais son recours tend vers une réglementation stricte et cette utilisation relève de la faute professionnelle.
Son utilisation pour le « confort d’une équipe » et quand il n’y a pas d’indication, quand l’état clinique ne le nécessite pas.
→Contre-indications relatives :
En lien avec une problématique somatique non-stabilisé comme une insuffisance cardiaque…
Lors de l’isolement de Monsieur H, celui-ci a très mal vécu les premiers jours en CI, ne comprenant pas trop ce qu’il lui arrivait « je me retrouve enfermé dans une chambre alors que la veille j’étais tranquille chez moi ».
Malgré les explications du psychiatre sur sa situation, Monsieur H n’arrive pas à concevoir qu’il peut être malade et adopte une position clivante avec l’équipe soignante, utilisant des termes très violent à l’encontre de celle-ci. Monsieur H est persuadé qu’il n’est pas malade et que son père a voulu le tuer.
Malgré plusieurs tentatives, de l’équipe soignante, d’élargissement du cadre stricte de Monsieur H, celui-ci reste très clivant quant à l’utilité de son hospitalisation et a son placement en isolement. Il se sent comme « enfermé dans une cellule de prison », s’ennui et ne comprend pas comment l’isolement peut soigner quelqu’un. On assiste lors des 9 premiers jours de son isolement à une régression de la part de Monsieur H déchirant tous les pyjamas qui lui son fourni, s’urinant dessus lorsqu’il est contenu et urinant partout dans la chambre lors qu’il est décontenu. Il lui arrive même de jouer avec ses excréments en les étalant sur les murs de la pièce. Monsieur H n’a pas d’explication justifiant son comportement, sauf pour les pyjamas « si je les déchire tous, l’hôpital sera en rupture de stock et ils seront obligé de me sortir de la chambre d’isolement ».
Ce comportement ne joue pas en sa faveur mais l’on peut l’apparenter à une recherche d’attention de l’équipe soignante de la part de Monsieur H.
Lors des visites en chambre ou encore du moment de l’administration des traitements (qu’il n’a jamais refusé) nous remarquons à plusieurs reprise que Monsieur H alterne entre des phases d’euphorie, d’excitation, d’exaltation en faisant de multiples projets (mariage, maison, sauvé le monde des islamistes radicaux…) et des phases de dépression présentant des signes de grande tristesse lorsqu’il parle de ce qu’il a perdu (appartement, copine…), du manque et du souci qu’il peut faire à sa mère.
Le 10 ème jour de son hospitalisation Monsieur H, alors décontenu dans la CI, face à la difficulté de sa prise en charge, le psychiatre décide de lui faire part de son ressenti quant aux différentes phases par lesquels passe Monsieur H en lui énonçant un diagnostic clinique avancé (il m’a était dit que l’on pose un réel diagnostic psychiatrique qu’après 6 mois de soins environ). Monsieur H soufrerait de troubles bipolaires.
Le fait de posé des mots sur son mal être, sa maladie, a complètement changé le comportement de Monsieur H.
Monsieur H nous fait toujours part de l’ennui ressenti du fait de rester seul (étant opticien, il nous informe de l’importance pour lui du contact avec les autres), mais il ne vit plus l’isolement de la même façon. Le calme de la chambre est devenu rassurant. Il prend conscience qu'il est là pour qu'on prenne soin de lui, décrit finalement une routine qui rassure. Les barreaux aux fenêtres, avant enferment sont maintenant protégeant.
Il trouve dans l'environnement des choses auxquelles s'accrocher : « On voit l’horloge, parfois quand on la regarde on est surpris par l'heure qu'il est. » il ne compte plus le temps qui passe et considère cet endroit comme une parenthèse dans laquelle il fait le point. On peut penser que cet ennui, ce calme qu’il décrit l’oblige à se retrouver face à lui-même, Cela semble être pour lui un point positif.
Face à ce changement de comportement et a cette prise de conscience de Monsieur H, son cadre d’hospitalisation fut élargie dans un premier temps pour arriver 2 jours après à la sortie définitive de la chambre d’isolement.
Vu dans un premier temps comme une prison par Monsieur H, la chambre d’isolement c’est transformé en une sorte de refuge pour lui. On le remarque très vite car lors de son premier jour passé en dehors de la chambre d’isolement, il demande par lui-même, aux alentours de 16h,
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