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Vie quotidienne, la collation de dix-sept heures

Par   •  3 Septembre 2018  •  2 153 Mots (9 Pages)  •  547 Vues

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s’installent avec eux au salon. Durant la collation, les usagers discutent entre eux, et/ou avec les éducateurs, quelques-uns débarrassent leurs verres et retournent aussitôt dans leurs chambres, d’autres s’attardent un peu jusqu’au moment de la toilette.

Une fois la collation terminée, chacun repose son verre ou tasse sur le chariot. Un résident volontaire aide un des éducateurs à ramener le chariot en cuisine et à mettre la vaisselle au lave-vaisselle.

II) Temps du quotidien : temps éducatifs

1) Qu’apporte ce temps du quotidien qu’est la collation ?

Les personnes en situation de handicap mental sont majoritairement dans l’incapacité de lire l’heure et de se repérer dans la journée, ils se réfèrent souvent aux éducateurs présents. Pour combler cette lacune, les usagers sont énormément « ritualisés » : ils « ont de la difficulté à faire face aux changements. Pour les aider, une routine journalière et imagée doit être mise en place » (J.C JUHEL, 2015). Cette collation est donc un repère temporel qui leur signifie la fin des ateliers, c’est un temps de transition entre la fin de la journée de travail et la soirée.

De plus, ce moment leur permet de se poser, de se « calmer » pendant un temps serein. Etant beaucoup sollicités durant les ateliers, physiquement et psychologiquement, cela peut vite devenir compliqué pour une personne en situation de déficience intellectuelle, de par la limitation de certaines de ses facultés.

Les difficultés des résidents se manifestent aussi par une limitation dans la communication et les interactions sociales. Ce temps de convivialité permet donc de pallier ce trouble en donnant accès à la création d’une meilleure relation à soi et aux autres en favorisant les échanges, base de toute socialisation. En outre ce moment consent à travailler la maîtrise de soi nécessaire au bon déroulement de la vie collective de même qu’au respect des règles communes et favorise le développement affectif, lacune caractéristique de leur handicap.

2) Comment se situe l’intervention de l’éducateur dans ce temps ?

La collation est un moment propice aux échanges entre résidents mais aussi entre éducateurs et résidents. Dès lors, le professionnel peut se servir de ce temps pour questionner respectueusement l’usager sur sa journée, ses loisirs, etc… afin de développer la prise de parole de celui-ci, ainsi que ses interactions sociales.

C’est un temps où l’éducateur est plus « disponible », physiquement et psychiquement grâce à l’esprit calme de ce moment, ainsi son écoute est réellement perçue par le résident qui le sent vraiment attentif à lui : « […] dans la relation éducative, il faut entendre l’Autre pour le comprendre […] » (P. GABERRAN, 2007)

Cette compréhension donnant des clés quant à la mise en place d’un accompagnement adapté à l’usager : « Organisateur du quotidien » « comme disent les textes, le moniteur éducateur prend appui sur ce quotidien pour instaurer la relation et pour essayer de comprendre la personne qu’il accompagne. » (P. GABERRAN, 2004).

III) Quotidien – stagiaire – action éducative

1) Pourquoi ce moment de « collation » est-il un temps du quotidien pour moi ?

La collation de dix-sept heures au foyer me renvoie très familièrement au goûter de mes enfants, chez moi, après leur journée d’école. Moment agréable de mon quotidien !

En effet, c’est une pause transitionnelle et conviviale où l’on se retrouve chacun après un temps de travail / temps scolaire afin de raconter et d’échanger sur les différents moments, bons ou mauvais, de sa journée. Un instant où l’on donne et où l’on reçoit une écoute posée et attentive, qui permet de se « décharger » de certaines émotions permettant d’aborder la soirée avec plus de sérénité.

2) Comment ai-je trouvé ma place dans ce temps ?

Dans les premiers temps de mon stage, je m’étais positionnée en tant qu’observatrice passive, intégrée au groupe, questionnant les professionnels que je suivais, observant les résidents mais n’intervenant pas sur le déroulement de la vie au sein du foyer. Or, rien que le fait d’être avec les usagers durant cette collation, d’échanger avec eux sur leur journée, leurs activités, leur week-end, de partager cet instant avec eux ; je m’étais, sans m’en rendre compte, intégrée au groupe.

Suivant les interactions crée pendant ce temps de la collation, je pouvais adapter mon accompagnement aux usagers, dans le sens où nos échanges et mes observations m’aidaient à définir l’état d’esprit dans lequel se trouvait la personne accompagnée et ainsi me permettait d’ajuster mes interventions.

Je n’avais pas seulement pris part à ce moment du quotidien, j’avais dès lors pris part au quotidien des résidents, au quotidien du foyer.

Je participais aux levers, aux repas, aux toilettes, aux veillées, aux couchés… par conséquent, je faisais partie de la vie des usagers, de la vie du foyer.

IV) Projet et quotidien

1) Le projet d’établissement et le quotidien

L’établissement d’accueil s’adapte et adapte l’accompagnement de la personne en fonction de ses caractéristiques et de ses besoins, donc à son quotidien, et parallèlement, il devient le quotidien de la personne accueillie, son lieu de vie.

Par conséquence, il doit attester des pratiques professionnelles par une amélioration continue des pratiques d’accueil et d’accompagnement car la confrontation possible aux troubles de comportement des résidents peut créer une source d’inquiétude voire d’angoisse face aux manifestations ritualisées et parfois incohérentes de ceux-ci.

Par ailleurs, l’accueil des usagers aux âges, compétences et problématiques diversifiées imposent une pluralité des accompagnements et une réelle personnalisation du projet de chacun.

Prenons l’exemple de Ludovic B, résident de la Chaussée Haut, autonome dans les gestes de la vie quotidienne mais qui lui demandaient des efforts titanesques dans leur pratiques. Le simple fait de porter une cuillère à sa bouche devenait compliqué tant par le fait de lever le bras que par celui de baisser la tête.

Après cette observation, il a été décidé, en accord avec l’équipe

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