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Etude de l'impact du genre sur la relation entre valence émotionnelle et cognition

Par   •  10 Septembre 2018  •  6 580 Mots (27 Pages)  •  767 Vues

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Il existe une hiérarchie dans ces traitements structurels, même si selon les auteurs l’ordre change : Selon Navon (1977), c’est la forme globale qui était toujours traitée en première, en priorité. Cet effet est appelé « top-down ». Selon Rumelhart (1970) le traitement structurel se fait d’abord sur les détails pour ensuite s’intéresser à la forme global. On parle alors d’effet « bottom-up ». Pour Pomerants (et col., 1975) ni la forme globale, ni la forme locale ne sont vraiment ignorées. Cet un effet est appelé « middle-out », le traitement structurel part du milieu et va soit vers le détail, soit vers l’image dans son entièreté, selon certaines variables : la taille du stimulus (Kinchla & Wolf, 1979) ; la parcimonie, le nombre réduit de lettres locales dans la grande (Martin, 1979) ; la clarté de la forme (Hoffman, 1980).

Ces modifications de focus attentionnel peuvent être également influencées par les émotions.

Konrad Lorenz, éthologiste, a proposé en 1943 la notion de Kindenschema : Il postule que le schéma corporel des bébés, comportant des caractéristiques physiques infantiles typiques (tête large, visage ronde, grands et larges yeux, front haut et saillant, joues rebondies, nez et bouche petits, extrémités courtes et larges, corps potelé), entrainerait, chez les adultes, des réponses affectives positives, le percevant comme mignon, et une augmentation de la motivation à avoir des comportements d’approche et de caretaking (prendre soin).Pour lui, les mécanismes déclencheurs de ces comportements d’affection et nourricier sont innés.

Brosch (et col., 2008), se basant sur les théories d’évaluation des émotions (Appraisal), émet l’hypothèse d’un système général, global, de contrôle de l’attention par les émotions quelque soient leurs valences : Les sujets ont visualisé des images à valence émotionnelle neutre (visages de bébés et d’adulte avec une expression neutre), ou à valence positive (visages de bébés, standards du kindenschema, induction de comportement de caretaking), ou à valence négative (visages d’adultes en colère, induction de peur), considérée comme de même importance phylogénétique. Lors des tests du Point-sonde qui ont suivis les images émotionnelles, les résultats montrèrent une diminution du temps de réaction, liée une meilleure orientation spatiale automatique quant à la localisation du stimulus.

Alors que, sur le plan neurologique, Najt (et col., 2013) a montré que, lors de la perception d’expressions faciales, il existait une différence inter-hémisphérique de l’activité cérébrale des sujets corrélée à la valence des émotions induites : L’hémisphère droit est d’avantage activé pour les expressions de colère, de peur, de tristesse et de surprise. Alors que l’hémisphère gauche est d’avantage activé pour les expressions de joie. Il n’existerait pas de différence d’activation pour les expressions de dégout et les expressions neutres.

De plus, Kringelbach (et col., 2008) a montré que la présentation d’images de visage d’enfants, non familiers, et d’adultes activent (MEG) les mêmes patterns au niveau des aires visuelles mais que seule la visualisation de visage d’enfant entraine une activation des aires de récompense. Et cette activation se fait dans un temps très court (130ms) et entraine une augmentation de l’activité visuelle, semblant faire penser à un processus automatique, surement du fait de son importance vitale en termes d’évolution.

Hains et Baillargeon (2011) ont démontré que les processus neurologiques de traitement visuel, en termes de détection et d’identification, ainsi que la vitesse de catégorisation étaient similaires lors de la présentation de faces animales et de visages humains.

Nittono (et col., 2012) a mis en évidence un effet Kawaii suite à la présentation, à des sujets adultes, d’images de bébés animaux (chiots et chatons), reprenant le Kindenschema humain : Il existe vis-à-vis de ces images, contrairement à celles d’animaux adultes ou celle d’objets neutres, une augmentation de la précision dans le test de performance en interactions sociales au dépend de la rapidité, une augmentation de l’attention dans le domaine perceptif (test de recherche visuelle), et une augmentation du focus attentionnel (test de global-local letter), liée à une augmentation de la motivation et une diminution des interférences.

Selon l’approche psycho-évolutionniste (Darwin, 1859, 1871 ; Mayr, 1983), il existe entre les femmes et les hommes des différences physiologiques, hormonales et neurologiques, mises en place par la pression sélective naturelle, de l’environnement, pendant plus d’un million d’années de l’évolution de l’espèce humaine. Cette évolution adaptative aurait ainsi modelé nos scripts cognitifs et nos tendances comportementales.

Ces différences sexuelles se sont faites autour des coûts et bénéfices en termes de reproduction de l’espèce, c'est-à-dire en termes de répartition entre efforts d’accouplement et efforts parentaux (Trivers, 1972, 1974, 1985). Les hommes seraient ainsi plus enclins à la compétition, entrainant une prédisposition aux actions physiques, de force et d’agressivité, allant dans le sens d’une dominance sociale pour l’accouplement, le territoire et les ressources. Les femmes seraient plus enclines à la coopération et aux soins postnataux, allant dans le sens de la survie de leurs progénitures.

Alley (1983) a montré que face à des dessins et des photographies d’enfants d’âges différents (forme de la tête), les sujets ayant une expérience avec les enfants présentaient plus de motivation à des comportements de protection, de défense en cas d’agression physique.

Glocker (et col., 2009) a montré que face à des photographies d’enfants dont les caractéristiques infantiles étaient élevées (morphing), les femmes présentaient une motivation aux comportements de caretaking plus élevées que les hommes. Glocker explique cette différence par le fait que les femmes sont les caregivers primaires (eibl-eibesfeldt - 1989) dans l’espèce humaine et par la prise charge coopérative des nourrissons chez les chasseurs-cueilleurs (allomothering, Hrdy, 2005), c’est à dire l’extension des comportements de caretaking aux autres femmes du groupe que la mère elle-même. Cette différence sexuelle n’existait pas en ce qui concerne la perception par les sujets des enfants comme mignons.

D’un point de vue neuropsychologique, Gur (et col., 2002) a mis en évidence une corrélation entre la tendance des femmes à avoir moins de comportements

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