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Un Soir d'Octobre, Verlaine

Par   •  26 Novembre 2018  •  4 182 Mots (17 Pages)  •  495 Vues

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Le 2ème vers du premier quatrain explicite d’ailleurs les sentiments ressentis « Je suis heureux ! »

Ce bonheur face au spectacle de la nature se transforme en véritable déclaration d’amour dans le dernier tercet, Verlaine écrit « Moi, je t’aime, âpre automne ». L’automne est personnifié et aimé d’amour par Verlaine. Puis, au vers suivant « et te préfère à tous », la déclaration d’amour continue, si ce n’est qu’elle est encore plus intense. Non seulement, Verlaine déclare son amour à l’automne, mais il continue et affirme qu’il n’aime rien de plus au monde. La fin du vers marque une forme de paroxysme, la déclaration d’amour est totale, les préférences du poètes ne pourraient être plus grandes même s’il le souhaitait On peut y voir une certaine forme d’exagération si l’on s’en tient au sens premier qui est l’automne, mais nous verrons un peu plus tard que cette déclaration d’amour ne concerne pas seulement la saison, mais tout ce qu’elle représente pour le poète.

Dans cette première partie nous remarquons la description poétique d’une soirée automnale sublimée par Verlaine. Les métaphores sont nombreuses, elles se font échos mutuellement. Il y a l’utilisation d’un chiasme entre les vers 1 et 2, ainsi que les vers 2 et 3. Tous veulent dire la même chose : le soleil couchant et l’automne; et à la fois ils signifient tous quelque chose de différent. Les métaphores utilisées ne sont pas anodines et sont le résultat de choix réfléchis et précis que nous verrons en troisième partie. Cependant maintenant, nous pouvons remarquer une certaine fascination et une admiration du poète face à ce paysage automnale, qu’il exprime ouvertement dans ce poème.

Dans un second temps, il parait intéressant de se pencher sur l’aspect personnel de ce poème, qui est un véritable poème d’expression des émotions du poète.

En effet, certains poètes font le choix de créer une distance entre le protagoniste du poème, et eux, ce n’est pas le cas de Verlaine, qui ne laisse aucun doute quant à l’utilisation du « je » qui le représente bien. Nous pouvons remarquer cette utilisation dès le premier vers, le poète écrit « Je suis heureux », il y a donc bien la présence du déterminant « je » qui le qualifie, puis l’adjectif « heureux » fait part d’un sentiment intime et personnel que Verlaine a décidé de partager à ses lecteurs.

L’aspect personnel du poème est explicité une nouvelle fois au vers 5 « ton heure et ta saison, poète ». Verlaine s’adresse à lui même, comme chacun le fait lors d’une réflexion personnelle et silencieuse. Dans le cas du poète, sa réflexion personnelle, qui n’en reste pas moins une, est rendue accessible. L’onomatopée « Oh! » en début de vers accentue la véracité de sa réflexion, qui parait ainsi plus vraie, le flux naturel des pensées n’étant pas régulier et constant, Verlaine créer ainsi une exclamation intérieure spontanée.

Enfin, Verlaine utilise les adjectifs possessif « ton » et « ta », avant d’éclipser tout doute en ajoutant le terme « poète ». Il s’approprie ainsi le poème et ce qui est dit à l’intérieur de celui-ci. Il réaffirme ainsi que c’est bien lui, le poète, qui apprécie le spectacle, il s’approprie d’ailleurs la saison et l’heure tardive en utilisants deux adjectifs possessifs.

Ce choix du poème autobiographique de façon assumée permet l’expression de sentiments profonds du poète, cette fois plus implicite, et nous allons voir comment.

Seul le vers 1 permet une expression des sentiments explicite de Verlaine qui dit être heureux. Cette phrase exclamative, à priori toute simple et anodine, cache quelque chose de plus sombre chez le poète.

Ce quelque chose se précise au vers 6 « au coeur vide d’illusion », le champs lexical des passions est là : « coeur », et « illusion » qui renvoient au sentiment amoureux tous les deux. Le coeur est le représentant ultime de l’amour, il représente la vie, il bat pour l’être aimé. Quant à l’illusion, il s’agit de la fameuse illusion des amoureux qui perdent leur rationalité face à l’amour. Verlaine qualifie son coeur vide de ces illusions. Un coeur vide est un coeur brisé, qui a perdu les illusions de l’amour qui semblaient l’habiter autrefois. Verlaine nous parle d’une rupture amoureuse vécue et nous confie tout son désarroi et son désespoir face à ce qui est de l’amour.

Le vers suivant confirme cet aspect brisé du poète : « Et que rongent les dents de rats des passions ». L’association dent de rats et passions est surprenante à la première lecture. Verlaine transforme la passion en rats rongeurs de coeur. La passion devient un animal cruel, le choix du rat est pertinent, il est coupable de graves épidémies, dans l’esprit du plus grand nombre il évoque la saleté, la maladie, la mort. Verlaine associe donc la passion à un animal considéré comme une vermine, responsable de maux dans la société. Il explique ainsi que la passion est coupable de ses douleurs, c’est elle qui a provoqué son malheur, qui a vidé son coeur. L’utilisation du verbe ronger est aussi importante, car elle exprime très bien la douleur lente et atroce que ressent le poète au coeur brisé.

Dans ces deux vers, Verlaine montre le désespoir et le vide qu’il ressent, il exprime aussi la rancoeur qu’il a envers les passions, qu’il accuse de le mettre dans cet état et de le faire souffrir affreusement.

Le poète exprime bel et bien ses sentiments dans ce poème, et plus précisément, des sentiments de désespoir et de désillusion face à un amour envolé, qui semblent le ronger de l’intérieur. Rappelons nous la déclaration d’amour faite à l’automne que nous avons évoqué plus tôt, nous pouvons remarquer le côté paradoxal. Pourquoi un poète au coeur brisé ferait-il des déclarations d’amour ? C’est ce que nous allons voir tout de suite dans cette dernière grande partie en nous penchant sur deux aspects distincts décelables dans le poème, et qui font de Verlaine un poète torturé : l’allégorie de la nature pour une expression implicite du mal être du poète, et la marginalité de celui-ci.

En effet, ce poème, autobiographique, d’expression des sentiments, est avant tout un moyen pour le poète d’exprimer un mal être, par le biais de la nature.

Nous pouvons le remarquer dès le premier quatrain, à partir du vers 2, qui créer un chiasme avec le premier vers, et ainsi un effet de parallélisme entre les deux. Verlaine fait donc le parallèle entre automne et pourriture, et soleil couchant et

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