Questin sur corpus : L'argumentation - Présentation de mondes idéaux

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effet, tous les habitants portent les mêmes vêtements ou encore ont les mêmes emplois. Ce manque de choix certain constitue une véritable limite à la liberté du peuple décrit dans ce texte. Réciproquement, les textes de François Rabelais et de Voltaire présentent une liberté des plus totale. Effectivement, dans l’extrait de Candide, l’absence de cour de justice, de parlement ainsi que de prisons montre que d’un point de vue juridique et politique, rien n’est imposé aux habitants de l’Eldorado, qui bénéficient d’une liberté sans limite. Cette liberté sans limite est tout aussi présente dans l’extrait de Gargantua. En effet, dès la première ligne, il est clairement indiqué que la vie dans l’abbaye « était ordonnée non selon des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur bon vouloir et leur libre arbitre ». L’emploi d’expressions telles que « quand bon leur semblait » ou encore « quand le désir leur en venait » accentue cette idée. Cette idée se résume en la seule et unique règle présente dans l’abbaye, à savoir : « fais ce que tu voudras ». De plus, le nom même de l’abbaye, « Thélème », signifie « volonté » en grec.

Enfin, l’idée de l’abondance et de la richesse est une caractéristique d’un monde idéal dans deux des trois textes du corpus : l’extrait de Gargantua, et surtout l’extrait de Candide. En effet, dans le texte de François Rabelais, le fait que les habitants de Thélème puissent avoir ce qu’ils souhaitent, quand ils le souhaitent, connote une idée d’abondance de biens. La liberté sans limite que nous avons abordée précédemment n’est possible que grâce à cette idée d’abondance de produits ou encore de nourriture et boissons. Mais c’est surtout dans l’extrait de Candide que l’idée d’abondance, de richesse notamment, est omniprésente. En effet, on constate la présence de nombreuses hyperboles comme aux lignes deux et trois, où le portail est décrit comme mesurant « deux cent vingt pieds de haut et de cent de large » ; ainsi qu’à la ligne dix-sept où Candide parle de « mille colonnes ». De plus, la présence de nombreux indices chiffrés et de nombreux pluriels insiste sur l’abondance des richesses et des biens de ce palais. En outre, on remarque également la présence du champ lexical de l’exception et de la richesse avec l’emploi de termes tels que « prodigieuse », « grands », « trône », « majesté » ou encore « ornés ». Dans l’Eldorado, tous les sens sont comblés par la richesse du lieu : la vue, notamment par la présence de raffinement et de richesses, mais aussi le toucher, par exemple avec l’évocation du « tissu de duvet de Colibri », ainsi que l’odorat et le goût avec l’évocation de « liqueur de canne à sucre », de « cannelle », et de « gérofle ». Enfin, l’ouïe n’est pas mise à l’écart puisqu’elle est satisfaite par la présence de musiciens. Ce texte regorge donc de procédés montrant l’abondance extrême de richesses et le gigantisme au sein de l’Eldorado. Cette idée d’abondance présente dans ces deux textes contraste avec l’idée de simplicité et de sobriété que l’on note dans le texte de Thomas More. En effet, l’auteur insiste sur le faible coût d’habillage des Utopiens, qui « s’habillent de cuir ou de peau », pouvant « durer sept ans ». Il précise aussi qu’ « un seul habit leur suffit d’ordinaire pendant deux ans ». Les biens des Utopiens se limitent donc au strict minimum, sans rechercher l’abondance et le raffinement.

Les trois textes de ce corpus s’accordent donc sur un monde idéal fait de savoir et de liberté, bien que celle-ci soit moins prononcé dans le texte de Thomas More. En revanche, les opinions des auteurs divergent quant à l’idée d’abondance et de richesse. Celle-ci, extrêmement présente dans Candide et à moindre mesure dans Gargantua, est décriée dans L’Utopie. Il n’existe donc pas une mais plusieurs définitions du monde idéal, qui varient en fonction des personnalités.