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Marcel Proust le roman permet de mieux se connaître

Par   •  22 Août 2018  •  2 688 Mots (11 Pages)  •  820 Vues

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Dernièrement, la littérature peut faire office de déclencheur d’une réflexion sur soi, mais le lecteur doit être capable par le biais de son esprit critique de se former sa propre conception des choses, le risque étant qu’il ne suive naïvement la perception de l’auteur. Ce ne serait pas mieux se comprendre que d’adhérer à une idée qui n’est en réalité peut être pas la notre. Cependant l’auteur peut parfaitement délivrer son point de vue, c’est simplement à nous de savoir prendre en compte les circonstances. Par exemple dans 1984, Georges Orwell dessine un monde totalitaire dans lequel les idéologies triomphent de l’individu. Il dépeint une réalisation des plus extrêmes que l’on puisse imaginer d’un gouvernement moderne. Ce roman politique dirigé contre les régimes communistes naissants au début des années 1950 dénonce les dangers des dérives totalitaires. Il ne s’agit pas ici d’admettre aveuglément que nous sommes d’accord avec l’auteur et ce qu’il décrit, mais plutôt de réfléchir au message qu’il veut faire passer et à partir de là, se forger sa propre opinion. Puisque se connaît réellement soi-même celui qui est capable d’avoir des objectifs et des avis isolés de toute influence politique ou sociale, la lecture dans ce cas-ci ne nous éclaire pas entièrement notre personnalité si nous ne cherchons pas à approfondir l’interprétation de l’auteur. Mais si nous pouvons plus ou moins apprendre à mieux nous connaître grâce à une œuvre littéraire, ce n’est pas là notre unique dessein lorsque nous lisons un livre, et ce n’est pas non plus le seul but recherché par l’auteur.

Ainsi, ce qui définit le livre est d’une part la faculté qu’il nous transmet de nous analyser à partir de ce qu’il contient et des informations sur nous-mêmes que nous pouvons en tirer. Mais ce n’est évidemment pas la seule visée qu’a la lecture. Nous pouvons très bien lire sans ce premier objectif en tête, et pourtant ce n’est pas pour autant que l’on ne considère pas cela comme de la « vraie » lecture, comme une œuvre littéraire en tant que telle. Nous pouvons simplement lire pour le plaisir de lire, pour l’intrigue qui instaure un suspense divertissant par exemple (naturellement cela dépend des goûts de chacun), ou pour la beauté de certaines descriptions. Nous pouvons encore lire pour le plaisir de l’esthétique de l’écriture, ou l’étrangeté du style, tel celui de Georges Perec dans La disparition. Ce dernier considérait les contraintes formelles comme un stimulant pour l'imagination. Ici, il a choisi le lipogramme pour écrire une œuvre originale, dans laquelle la forme est fortement liée au fond. La disparition de cette lettre « e » est au cœur du roman, dans son intrigue même. Le lecteur suit les péripéties des amis d'Anton, le protagoniste, qui sont à sa recherche, dans une trame proche de celle du roman policier. On se rend bien compte que la vocation de l’auteur est bien de jouer sur l’esthétique d’abord, et que la dimension introspective de la lecture n’est pas l’ambition première.

Ensuite, bien que nous puissions mieux nous comprendre grâce à la littérature, l’auteur peut aussi nous mener à une réflexion sur autrui et le monde qui nous entoure de manière plus générale et décentrée de nous. En effet le roman peut inviter à la réflexion sur les qualités et les défauts de l'homme en permettant une confrontation de perspectives : l'exemple de La Peste d’Albert Camus est à cet égard éclairant. Le docteur Rieux est le symbole d'une cause à défendre. Il rassemble des hommes autour de lui, réunis par une même vision du monde, et s'oppose éventuellement à ceux pour qui cette vision est inopérante. Pour lui, la seule attitude possible est de lutter contre la maladie, soulager la souffrance et combattre la mort. Rieux, incarnant la lutte contre le fléau, rencontre un journaliste qui, lui, est prêt à tout pour quitter la ville où la peste s'est déclarée, et rejoindre sa bien-aimée. Pour ce jeune homme, l'amour est plus important que la solidarité avec les habitants. Mais Rieux ne le condamne pas. Les deux perspectives sont ainsi données au lecteur, comme deux choix personnels, engageant deux modes de comportement et deux visions du monde. De ce fait, nous sommes amenés par Camus à réfléchir sur la nature humaine, les comportements qui nous entourent en plus de nous aider à réfléchir sur nous-mêmes puisque nous vivons en société, il paraît logique d’arriver à l’analyser elle aussi pour mieux l’appréhender.

Pour finir, une des autres visées que peut avoir la lecture est son divertissement. Il est possible de nous évader, c'est-à-dire de devenir quelqu'un d'autre le temps d'une lecture en se projetant dans le personnage notamment. A travers lui, nous vivons par procuration et testons d'autres choix de vie, nous pouvons expérimenter des aventures que nous n’aurions jamais l’occasion de rencontrer dans la vie réelle. Le temps d’une lecture, nous oublions qui nous sommes et les raisons qui font que justement il est impossible que nous vivions de telles situations dans notre vie de tous les jours. Lorsque Jules Verne écrit par exemple en 1864 son Voyage au centre de la Terre, il s’aide beaucoup des données scientifiques liées à la minéralogie et utilise les cryptogrammes comme base de l’histoire, rendant un effet énigmatique qui plonge le lecteur dans l’histoire comme s’il était vraiment en voyage au centre de la Terre comme le professeur Lidenbrock et son neveu. Or nous n’irons probablement jamais au centre de la Terre, mais ce récit nous permet de nous y projeter et de voyager tout de même dans un autre monde. Nous échappons à la réalité, à nos problèmes et à notre condition grâce à la lecture, qui ici vise plutôt à nous faire office d’échappatoire et nous rendre plus heureux juste le temps d’un instant.

Nous avons donc vu que la lecture d’un ouvrage littéraire pouvait nous aider à mieux connaître notre propre personnalité puisqu’il nous permet d’avoir conscience de nos préférences, ou encore parce qu’il peut dépeindre une situation ou un personnage qui nous ressemble ce qui le fait s’interroger sur qui il est. Pourtant ce n’est pas nécessairement que le lecteur se livre à une introspection en lisant un livre, il peut ne pas s’identifier au personnage, réfléchir à d’autres problèmes comme la condition humaine en générale ou vouloir le lire juste pour se procurer du plaisir et s’évader de son quotidien. Au terme de notre réflexion nous pouvons conclure que l’ouvrage peut bel et bien permettre au lecteur de se révéler à lui-même, mais à nuancer toutefois ;

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