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Dissertation sur Marcel Proust.

Par   •  13 Juin 2018  •  1 821 Mots (8 Pages)  •  794 Vues

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Certes l’ouvrage peut donner au lecteur l’illusion de se lire soi-même. Mais il sait bien qu’il n’est pas véritablement le personnage auquel il s’identifie, ou qu’il ne vit pas réellement dans le monde fictif ou il se projette. La lecture va lui permettre par procuration d’être celui qu’il voudrait être : héroïque, rusé ou maître de son destin. Le héros de Le Chevalier de la charrette, Lancelot, multiplie les prouesses et actes de bravoures pour prouver sa piété et son caractère extraordinaire. Si le lecteur peut s’identifier à se héros le temps d’une lecture, il garde aussi à l’esprit qu’il ne s’agit là que d’une illusion momentanée. Lancelot incarne un modèle de perfection, doté de toutes les vertus ; il personnifie le courage. Le lecteur ne peut qu’admirer cet exemple inatteignable, et ne peux que vouloir lui ressembler sans pouvoir y parvenir. Il ne s’agit pas de se découvrir soi-même, mais de s’imaginer autre, de jouer un autre rôle.

D’autre part, comment se découvrir soi-même dans des écrits non contemporains évoquant des mœurs d’un autre temps : La princesse de Clèves de Madame de La Fayette fait la description d’une condition féminine extrêmement éloignée de celle d’aujourd’hui. Tout l’intérêt est de percevoir ce qui a été, et qui n’est plus aujourd’hui, ce qui n’est pas soi-même. Un lien est tissé avec une période révolue, celle de Mme De Lafayette à la période contemporaine, celle du lecteur.

La citation étudiée pose de façon plus générale la question suivante : qu’elle relation s’établit entre l’écrivain et le lecteur ?

Lorsqu’il écrit l’auteur réalise-t-il volontairement un instrument d’optique ? Il écrit plutôt pour lui-même, comme une nécessité et non en pensant à chaque lecteur et à l’utilisation qu’il fera de son ouvrage. Marcel Proust écrit : « un instrument d’optique qu’il [l’auteur] offre au lecteur. », cet instrument serait un cadeau supplémentaire mais pas l’intention première de l’écrivain. Et le lecteur fait lui-même ce travail d’introspection en utilisant le livre comme instrument. Primo Levi à survécu au camp d’extermination d’Auschwitz, il témoignera de cette expérience traumatisante dans son récit : Si c’est un homme, un moyen pour lui de transmettre et d’évacuer cette tragédie en décrivant froidement les horreurs de ce génocide. Chaque lecteur à travers cet ouvrage se construit une opinion de la vie dans les camps nazis, l’auteur donne tous les éléments au lecteur pour émettre un jugement sans jamais lui en imposer un. Primo Levi livre un récit en quelque sorte dépassionné, il dépeint d’une manière sociologique les comportements et les codes de conduite dans ces camps de la mort. Il appartient au lecteur de lire cet ouvrage comme un simple témoignage d’un fait historique ou bien de s’en servir pour réfléchir, et tenter de comprendre notre condition actuelle par ce crime contre l’humanité.

Cependant, l’instrument ne permet pas de choisir le sujet d’observation, celui-ci est défini par l’écrivain. Il s’agit pour le lecteur de se découvrir soi-même, dans un personnage par exemple, lui-même élaboré à partir d’un autre instrument d’observation utilisé cette fois par l’écrivain. Le prisme est double et dirigé là ou l’écrivain le décide. Ainsi le lecteur peut découvrir autant de soi-même qu’il lira de livres. Dans Le Tartuffe, Molière a voulu à travers le personnage éponyme de Tartuffe, créer une satire de la dévotion, en dénonçant une église extrêmement riche et la fausse dévotion de certains de ses représentants. Le dramaturge accentue les traits négatifs et défauts physiques de son personnage, censé révéler et dénoncer l’hypocrisie. Il est difficile pour le lecteur d’observer ce Tartuffe par un autre prisme que celui imposé par l’auteur ; il ne s’agit plus là d’un cadeau offert.

Ne s’agit-il pas le plus souvent, de découvrir la part intime de l’écrivain qui se révèle dans ses écrits ? Flaubert aurait déclaré : « Madame Bovary, c’est moi ! ». De même Marcel Proust décrit un monde qui est le sien, celui de l’aristocratie du XIX° siècle, et place dans ses personnages autant de lui-même que de ce qu’il a pu observer chez les autres. La minutieuse description de ses personnages peut correspondre au travail d’introspection qu’il fait de lui-même ; la réflexion qu’il mènera sur le temps, la mémoire affective et l’amour, aurait aussi pour but d’essayer de se découvrir lui-même.

Ainsi la citation de Marcel Proust entraine plusieurs pistes de réflexion, la lecture est bien un moyen de s’appréhender soi-même ainsi que l’autre, et plus particulièrement, l’écrivain. Sa volonté d’écrire à propos de ses réflexions sur les effets de la lecture, révèle le rôle qu’il souhaitait attribuer à l’écrivain,et le souci qu’il avait de toucher le lecteur, de provoquer en lui des émotions. Tous les ouvrages littéraires n’ont-ils pas le pouvoir de changer le lecteur, peut-il rester après une lecture inchangé, indemne ?

Plan dissertation

I/La lecture: un moyen de se découvrir soi-même

- Cet instrument d’optique est un miroir

- L’instrument d’optique est une loupe

- L’instrument d’optique est un révélateur

II/La lecture: un moyen de découvrir autre chose que soi-même ?

- La lecture, une exploration de l’inconnu

- La lecture, comme illusion de se lire soi-même

- La lecture, un moyen de découvrir ce qui n’est plus

III/ Interrelation écrivain/lecteur

- L’instrument d’optique : un cadeau ?

- Le double-prisme

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