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Leçon sur l'incipit

Par   •  28 Août 2017  •  1 624 Mots (7 Pages)  •  683 Vues

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Le sujet de l'énonciation : Si le personnage est une fiction, une illusion (Maupassant dit dans la préface de Pierre et Jean que les romanciers réalistes sont des illusionnistes), la façon dont il nous est présenté, la voix et le point de vue qui le présentent sont très importantes pour cet effet. Qui parle ? Qui voit ? Qui sait ? Ces questions ne sont pas simples, malgré les apparences.

Qui parle ? Le narrateur :

Le récit ou narration peut être effectuée à la première personne, par un narrateur intradiégétique et homodiégétique (il participe à l'histoire en y ayant un rôle) ou pas (il ne fait que raconter).

Le récit peut être fait à la troisième personne, par un narrateur extradiégétique. C'est le cas de la majorité des romans du XIXème siècle. Il ne faut pas le confondre avec l'auteur en chair et en os. Ce n'est jamais Flaubert, Maupassant qui racontent, mais une source, une illusion : un narrateur.

Cette distinction de la parole du personnage et de la parole du narrateur est très importante dans le roman classique, comme La Princesse de Clèves. Cette distinction tend à disparaître avec le Nouveau Roman (Planétarium) ou même avec certaines formes (le roman épistolaire). Les paroles rapportées (discours direct, indirect, indirect libre) permettent également de varier la source de la voix narrative. Le lecteur peut également se retrouver pris à partie dans le roman. C'est le cas de Jacques le fataliste et son maître de Diderot: le narrateur s'adresse à un lecteur fictif, qu'il prend à partie : l'illusion d'un récit-conversation est à son comble.

Le point de vue :

Dans un écrit à la première personne, le point de vue est toujours interne. Le narrateur est soumis au doute : c'est le point de vue et la narration choisit par la nouvelle fantastique . Le lecteur doit évaluer les limites de savoir du narrateur. Cela crée aussi un effet d'authenticité , puisque l'information est incomplète.

Dans un récit à la troisième personne, l'alternance des points de vue est fréquente. Le point de vue est interne, omniscient (focalisation zéro), ou externe (vision de l'extérieur). Attention : lorsque le roman est focalisé par un personnage (le gentilhomme de notre scène), celui-ci voit les autres selon la focalisation ou point de vue externe : les marques de focalisation externe justifient alors le point de vue interne.

L'enjeu des points de vue est important : en effet, c'est ce qui assure la polyphonie(littéralement plusieurs voix) du roman, avec les paroles rapportées : le récit se fait selon plusieurs voix, plusieurs points de vue, relais. En effet, c'est la façon dont l'histoire est racontée qui donne son sens à l'œuvre. Beaucoup de romans à la première personne permettent des points de vue marginaux : condamnés à mort, nazis (La mort est mon métier de Merle, Les bienveillantes, Littel, ... ) Le romancier fait entrer son lecteur dans la peau d'un personnage loin de lui.

En général, les focalisations changent rapidement : la narration joue sur l'effet de surprise : un passage pensé omniscient peut se révéler mené au point de vue interne. Ce sont des effets très importants, qu'il faut parfois analyser.

En résumé : celui qui raconte n'est pas toujours celui qui voit. Celui qui voit ou raconte n'est pas toujours celui qui sait. On fait confiance en général à la personne qui raconte. La meilleure leçon jamais donnée l'a été par Agatha Christie. Dans Le meurtre de Roger Ackroyd, le narrateur est le meurtrier. Mais il aura fallu tout le récit policier pour que le lecteur peu attentif le découvre.

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