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Les tragiques agrippa d'aubigné

Par   •  19 Octobre 2017  •  2 364 Mots (10 Pages)  •  428 Vues

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- physiquement: « brise [le partage] » (v. 5), « Fait dégât du doux lait» (v. 8), « douleur... plus forte » (v. 21), « Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte » (v. 22), « se perd le lait, le suc de sa poitrine» (v. 29), «ensanglanté / Le sein» (v. 31-32), « du sang» (v. 34)

- moralement : « affligée » (v. 1), « les soupirs ardents, les pitoyables cris » (v. 15), « pleurs» (v. 16), « éplorée » (v. 21), « aux derniers abois de sa proche ruine » (v. 30).

Cette mère qui donne la vie finit par promettre la mort. Ce contraste se retrouve aussi dans une dimension plus picturale, la couleur du « sang » proposant un contraste choquant avec la blancheur du lait, « doux » et maternel. Cet esthétique du contraste ainsi que la notion de métamorphose constituent deux caractéristiques d'un mouvement baroque qui considère que l'homme ne peut se définir que par son inconstance, que par le changement.

III/ La rhétorique protestante: l'engagement du poète

Les procédés d'amplification et de contrastes ont une importance déterminante dans son écriture car il s'engage au service d'une cause. L'écrivain refuse de rester simple spectateur d'un fait historique : il veut convaincre son lecteur, le persuader et l'émouvoir par notamment l'utilisation d'une profusion de registre.

- L'épopée Huguenote

La structure même de cet extrait renvoie à celle de l'œuvre entière et témoigne bien d'un travail engagé. D'Aubigné déploie son talent d'auteur baroque en variant notamment les registres, pathétique, lors de l'évocation des pleurs de la mère, épique lorsqu'il évoque la violence du combat, tragique si l'on considère que la prosopopée finale scelle la mort de la mère et donc la condamnation à mort des enfants qui dépendent d'elle, et enfin polémique quand il s'engage en faveur du protestantisme. Cette variété des registres témoignent d'une volonté de créer un véritable spectacle poétique, riche et exubérant, en accord avec l'esthétique baroque. Il s'agit aussi de rendre compte d'une certaine manière avec réalisme de la complexité du monde. Quoi qu'il en soit, il s'agit de captiver le lecteur et de s'attirer en même temps que son attention, ses faveurs. Nous sommes donc en plein travail rhétorique, argumentatif.

L’enfant « le plus fort » (99, 123), doté de défauts de caractère (orgueil, obstination 99 103) voire de stupidité (106), nie l’égalité de départ, réquisitionne les deux seins, c'est-à-dire le pays et ses biens, cherche à en exclure son frère (métaphore physique des guerres 101) et pratique une conduite suicidaire (l’effusion inutile de lait = le saccage et la terre brûlée). Le parti protestant/Jacob n’entre en lice -plaidoyer pour son innocence de victime agressée - qu’ensuite (à la fin, longtemps), poussé à bout. D’A. accumule les circonstances atténuantes : faiblesse physique (99) droit naturel favorable (101-102 ; 122-123) ; jeûne (107), donc patience et juste colère (109). L'engagement d'Agrippa d'Aubigné aux côtés des protestants est sensible, d'une part, dans la façon dont il désigne les combattants, mais aussi dans la façon de décrire leurs agissements :

- Ésaü (les catholiques) est décrit comme jaloux, agressif et violent: « empoigne» (v. 3), « coups / D'ongles, de poings, de pieds» (v. 4-5), « brise» (v. 5), « Fait dégât» (v. 8),« arracher» (v. 9)...

- Jacob (les protestants) est présenté comme moins fort (v. 11), moins hargneux et surtout plus maître de soi (v. 12).

D'Aubigné indique clairement au vers 26 que les protestants défendent une « juste» cause et ont la préférence de la France («elle veut le sauver »).

On notera que l'auteur décrit plus longuement Esaü comme pour matérialiser par le nombre de vers la dominance physique des catholiques et provoquer ainsi la pitié du lecteur pour Esaü. L'art de la rhétorique est donc utilisée dans tout ces domaines par d'Aubigné, tant au niveau du lexique que du rythme, des sonorités, de la disposition des vers, de la structure du texte, des registres utilisés...

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Mots péjoratifs

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Mots mélioratifs

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Catholiques

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Orgueilleux, voleur, malheureux, dégât

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Protestants

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Dompté,

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juste [colère], juste [querelle]

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Catholiques et Protestants.

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Rage, poison, trouble, courroux, malheur, félons

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- La ponctuation expressive tout

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