Les problèmes de l'école dans L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane
Par Matt • 27 Avril 2018 • 1 423 Mots (6 Pages) • 3 270 Vues
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III- Les divergences culturelles entre les Diallobé et l’Occident
A- Les débats autour de l’école moderne
L’école étrangère traduit un conflit entre la tradition issue de la culture des Diallobé et la culture occidentale. Le conflit entre la Grande Royale et les guides se manifeste par l’introduction de l’école étrangère. La grande Royale est pour l’introduction de l’école étrangère. Elle entretient une conversation privée en présence de son frère et de Thièrno. Au cours de cet entretien, elle dit qu’il fallait prendre une décision (P.45). Elle explique qu’au cours des combats avec les blancs, l’élite Diallobé devait être au premier rang (P.47). Dans sa déclaration, elle explique qu’à l’école nouvelle, les enfants risquent leur culture, leur foi. Il fallait en conséquence n’y envoyer que ceux qui sont susceptibles de courir ce risque sans trop de danger. L’école sert d’arme de domination. L’intérêt des Diallobé, ce n’est donc pas de refuser la confrontation avec le nouveau rapport au monde qui leur est imposé, mais d’apprendre de l’intérieur, son fonctionnement pour user à leur avantage.
B- Les manifestations du conflit interculturel
Face à la nécessité d’envoyer ou non les enfants à l’école nouvelle, le chef des Diallobé se demande si l’on peut apprendre ceci sans oublier cela et si ce qu’on apprend vaut ce qu’on oublie (P.44). En fait, la question n’est pas de savoir s’il faut aller ou non à l’école coloniale qui se présente comme un moyen de domination, mais de savoir si une identité culturelle donnée peut survivre à la confrontation coloniale. Les individus se trouvent déracinés par la civilisation occidentale que le colon diffuse avec force au détriment de valeurs traditionnelles africaines. Les Diallobé sont obligés d’aller à l’école moderne. Comme le dit Samba Diallo, « il n’y a pas une tête lucide entre deux termes d’un choix ». Une fois à l’école moderne, les nouvelles valeurs rétrécissent la quête de Dieu et l’attachement aux pratiques ancestrales. Et le résultat de l’aventure de Samba Diallo, est l’aliénation du moment où la métamorphose culturelle ne s’achève pas quelque fois et installe dans la détresse.
IV- La fin du conflit
A- La mort du héros
La mort de Samba Diallo est due au geste meurtrier du fou. Celui-ci fut indigné par le refus de Samba Diallo de prier pour lui. Il le harcela sans cesse pour qu’il prie (P187). Mais le jeune ne l’entendait visiblement pas, du moment qu’il était en pleine médiation. Au désespoir, le fou crie ‘’ promet moi que tu prieras demain’’. Au terme de sa méditation, Samba Diallo prononça sans le savoir à haute voix : ‘’ Non, je n’accepte pas…’’ En entendant ces paroles, le fou les considère comme un refus. Il sortit alors son arme et poignarde Samba Diallo. Ce qui mit fin au pèlerinage de Samba Diallo sur terre. Il avait abandonné sa foi, au profit de la culture occidentale, de l’éducation moderne qui engendre aussi, une acculturation, une perte d’identité. Certains pensent que la mort du héros est un suicide. Samba Diallo provoquait le fou car il ne voit pas d’autre solution à son drame. Cette position s’appuie sur le fait que le thème du suicide est évoqué auparavant dans l’œuvre.
B- L’entrée dans le monde de l’irréel
Après sa mort, Samba Diallo se plongea dans le monde des ténèbres et il eut un entretien avec son frère d’ombre, considéré par certains comme Dieu. Au cours de ce dialogue, Samba Diallo accepta de quitter le monde des humains pour entrer dans celui des ombres. C’était alors pour lui, la fin de son parcours sur terre. Au début du dialogue, le héros approuve un certain soulagement à retrouver l’ombre car pour eux, elle est la délivrance. Il accueillit la mort avec joie car il désirait la paix et la joie qu’elle apporte.
CONCLUSION
Ainsi, l’aventure ambiguë consacrée à la vie du personnage de Samba Diallo introduit une dimension métaphysique et essaye de cerner comment l’école est ressaisie et interprétée dans le roman africain francophone. Il présente l’image que le romancier donne à voir de l’intérieur de l’école, lui qui est issu de cette école et connait bien le point de vue des africains. La présentation de cette réalité sociologique soulève la question des processus de scolarisation et d’acculturation qui émergeaient dans le roman africain à ses débuts du 21e siècle.
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