Citizen kane
Par Plum05 • 13 Décembre 2017 • 1 710 Mots (7 Pages) • 645 Vues
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de la fenêtre vu de l’extérieur semble anodin, jusqu’à ce que la lumière s’éteigne brusquement. Cette action ne laisse présager rien de bon pour la suite. Orson Welles se sert de cette lumière qui vient de s’éteindre pour nous transporter de l’autre côté de la fenêtre, non plus en tant que voyeur mais cette fois ci en tant que vrai spectateur observant les choses comme elles se doivent. Le fondu enchainé est le procédé qu’il va utiliser pour tromper le spectateur et nous faire faire ainsi un déplacement plus subtil.
Un fondu enchainé amène le plan suivant, qui n’est autre que de la neige qui tombe en abondance, ce qui parait à première vue étrange vu que nous venons d’être transporté à l’intérieur. Le plan ne dure que quelques secondes avant qu’un fondu enchainé nous fasse passer au plan suivant : celui d’une cabane enneigée qui tente tant bien que mal de résister à ces intempéries. Un travelling arrière furtif va alors révéler que ce paysage fait partie d’une boule à neige reposant dans une main ouverte et plutôt inerte. Orson Welles a choisit le plan rapproché de l’intérieur de la boule à neige pour apporter une certaine confusion face à la situation et laisser le spectateur perplexe pendant un court instant. La boule à neige quant à elle semble plutôt anodine à ce moment précis, mais comme le reste du film le montrera, elle représente tout de même une partie très importante de la vie de Kane. Le plan suivant est surement le plus important du prologue voire du film dans sa globalité. C’est en effet le plan et surtout l’action qui va déclencher la véritable trame de l’histoire. Sur ce plan, seuls les lèvres de Kane sont visibles, ses dernières qui prononcent à ce moment précis le dernier mot du protagoniste : « Rosebud ». Ce mot va se révéler être le principal sujet de conversation de la presse, qui a toujours été très intéressée par le milliardaire. Ce gros plan est le seul de sa catégorie dans le prologue et peut donc être considéré comme majeur et significatif. Une fois ce mot prononcé, un plan en plongée quasi totale au dessus du lit de Kane nous laisse entrevoir sa main laissant échapper la boule à neige, qui va alors tomber et rouler sur deux marches avant de se fracasser au sol dans le plan suivant. L’explosion de cette boule à neige est accentuée par la musique qui fait sonner une note plus grave.
L’enchainement entre la chute et le plan suivant est très rapide. Le plan montre l’infirmière de Kane qui rentre dans la chambre de ce dernier. Ce plan est marqué par les distorsions, très visibles notamment sur le mur et les cotés de la porte qui sont très courbés et ne forment plus de lignes droites comme ils devraient. Le plan est très rapide et s’enchaine tout de suite avec ce qui pourrait être considéré comme un raccord dans l’axe. Ce plan joue encore une fois avec la boule à neige et les reflets, cette fois ci dans du verre. En effet, on peut voir sur le plan de nombreux éléments importants à ce prologue à commencer par la boule à neige et la cabane qui remplit une grande partie du cadre à gauche, l’infirmière et la porte qui occupent le cadre en bas à droite et enfin dans la partie supérieure de l’image la fenêtre et le corps de Kane (surtout sa main est bien visible). Le plan suivant montre l’infirmière qui se trouve maintenant au dessus du corps de Kane. Elle regroupe les bras du défunt sur sa poitrine et saisit le drap pour le recouvrir en entier. Ce mouvement de l’infirmière est accompagné par la caméra avec un panoramique de gauche à droite. Lors de ce panoramique et avant que Kane ne soit complètement recouvert, on peut entre-apercevoir son visage dans l’ombre et de profil. Cette silhouette et le plan des lèvres sont les deux seuls moments où on peut tenter de distinguer le visage de Kane. Autre que ces moments, le personnage est totalement détaché de l’action dans ce prologue. Toutefois, Kane et ses actions passées ou futures sont au centre, même lorsqu’il est détaché en tout point de la caméra. Le plan a donc prouvé de manière officielle que Kane est décédé. Il est suivi d’un fondu enchainé au noir puis d’un plan que l’on a déjà vu : celui de la fenêtre et de Kane vus de l’intérieur. Ce plan a donc marqué l’entrée et la sortie de la caméra et du spectateur dans cette chambre. Ce plan se referme par un fondu au noir qui marque la fin du prologue.
Dans ce prologue, la caméra entraine le spectateur et va agir quelque peu comme le reporter Thompson en s’introduisant dans la propriété de Kane, à travers les jardins et dans le château. Dans la séquence, la vie et l’intimité de Kane sont mises au second plan, après la recherche du scoop et d’une histoire à raconter. Enfin, les personnages ne sont pas mis en avant dans le prologue, plutôt leurs actions, comme Kane et son visage dans l’ombre ou bien hors champ et il en est de même pour l’infirmière qui n’a aucun dialogue et ne ressort pas
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