Essays.club - Dissertations, travaux de recherche, examens, fiches de lecture, BAC, notes de recherche et mémoires
Recherche

Les emplois du théâtre.

Par   •  22 Mai 2018  •  2 746 Mots (11 Pages)  •  482 Vues

Page 1 sur 11

...

des hommes… » (l.16 à 21) Ce passage prouve l’hypocrisie de Dom Juan, qui présente ce travers comme étant très répandu. Selon lui, « tous les vices à la mode passent pour vertus. » (l.32 à 33) Molière critique ainsi un vice que beaucoup de personnes utilisent pour cacher leurs fautes.

Si le dramaturge critique les vices de sa société, il peut également dénoncer publiquement les comportements immoraux de ces concitoyens. Il révèle donc les pratiques malhonnêtes physiques ou morales du peuple. Nous pouvons trouver un exemple dans la pièce de L’Avare de Molière. Dans l’Acte II, scène 2, Cléante se rend compte que l’homme à qui il veut emprunter de l’argent afin d’épouser Marianne, n’est autre que son père, l’avare Harpagon. Les deux hommes vont alors se disputer. « Ne rougissez-vous point de déshonorer votre condition par les commerces que vous faites ? de sacrifier gloire et réputation au désir insatiable d’entasser écu sur écu, et de renchérir, en fait d’intérêts, sur les plus infâmes subtilités qu’aient jamais inventées les plus célèbres usuriers ? » (l.191 à 196) Ici, on peut constater que Molière, à travers le personnage de Cléante, dénonce l’avarice de certains riches qui sont prêts à risquer leur intégrité en devenant usuriers. Harpagon est un homme qui, en voulant toujours s’enrichir, ne sera jamais satisfait. Grâce à cette pièce, Molière dévoile et dénonce l’avarice des hommes.

L’Acte II, scène 4 du Médecin malgré lui, du même auteur, renforce la haine de Molière envers les médecins. Lorsque Sganarelle tente d’expliquer à Géronte pourquoi Lucinde, sa fille, est muette, il lui explique le fonctionnement du corps humain : « Or ces vapeurs dont je vous parle venant à passer, du côté gauche, où est le foie, au côté droit, où est le cœur… » (l.93 à 95) Lorsque Géronte le corrige à propos du placement des organes vitaux : « Il me semble que vous les placez autrement qu’ils ne sont, que le cœur est du côté gauche, et le foie du côté droit » (l.116 à 118), Sganarelle lui répond que « cela était autrefois ainsi : mais nous avons changé tout cela, et nous faisons maintenant la médecine d’une méthode toute nouvelle. » Molière dénonce la malhonnêteté de Sganarelle car il prétend être un bon médecin et son incompétence à soigner sa patiente, qui n’est pas malade, en insinuant savoir ce qu’il fait. De plus, une fois qu’il s’est assuré que le père de sa patiente ne comprend pas la langue latine, il se lance dans une explication tout en latin. Ce paragraphe est en fait une accumulation de termes plus ou moins corrects tels que « armyan », « nasmus » ou encore « cubile » qui prouvent son incapacité à maîtriser la langue. Par ce biais, Molière dénonce l’incompétence de certains médecins, qui ne sont pour lui que des charlatans.

Le théâtre est un art qui distrait et instruit le peuple tout en lui permettant de se faire plaisir. En étant une des activités les plus populaires et ludiques de l’époque, l’art dramatique remet en question la vraie nature de l’Homme en le critiquant ou en dénonçant ses fautes. En contrepartie, l’art théâtral s’est modifié à travers les siècles et d’autres fonctions du théâtre apparaissent. Avec l’enchaînement des deux guerres mondiales, au XXème siècle, les dramaturges s’interrogent sur la condition humaine et veulent défendre des idées pour dénoncer l’horreur des conflits. Le théâtre devient une manière de s’exprimer contre la violence de la guerre. Les dramaturges vont alors comparer des conflits Antiques à ceux de leur époque dans leurs pièces.

Dans les siècles qui suivent, le théâtre est remis en question : certains dramaturges voulaient que l’art dramatique ne serve pas qu’à divertir. De nouvelles formes de théâtre apparaissent tel que le théâtre de l’absurde, un des mouvements les plus populaires de l’époque. Les auteurs s’interrogent alors sur la condition humaine. Le théâtre de l’absurde a ainsi été créé pour dénoncer les horreurs des deux guerres mondiales, où les dramaturges décident de représenter l’Homme dans un tout nouveau monde, très différent de celui du XVIIème et XVIIIème siècle. Il y a donc un rejet de l’humanité par les auteurs, où les pièces n’ont plus de sens, plus d’intrigue, plus d’action, des personnages qui ne se comprennent pas et dont les motivations ne sont plus claires. Le but de ce mouvement est de créer un univers qui n’est pas réaliste et un manque de logique dans des histoires invraisemblables. Dans la scène 4 de La Cantatrice Chauve d’Eugène Ionesco, deux personnages, M. et Madame Martin sont invités chez M. et Madame Smith. En les attendant, ils se rendent peu à peu compte qu’ils sont mariés, et qu’ils ont fait le même trajet en train, dans le même wagon, il y a environ « cinq semaines », et habitant tous deux à Manchester. Ils ponctuent leurs surprises par l’expression « Comme c’est curieux, quelle bizarre coïncidence. » Cette scène montre bien qu’il n’y a pas de logique, car Monsieur et Madame Martin ne se connaissaient apparemment pas en entrant chez les Smith alors qu’ils sont mariés et ont une fille, Alice. La scène n’a donc pas de sens car les personnages ne se comprennent pas et le spectateur est confus lors du déroulement de la pièce.

Un autre exemple peut être trouvé : En attendant Godot de Samuel Beckett, où Estragon et Vladimir, deux sans abris, attendent un personnage dont on ne sait rien, nommé Godot. Près d’un arbre au bord d’une route de campagne, ils attendent cet homme qui pourrait leur donner du travail. Pendant toute la pièce, il n’y a aucune action, les personnages parlent pour attendre le mystérieux « Godot. » La pièce de Beckett nous propose toute l’humanité dans ce qu’elle a de plus tragique. Les deux hommes parlent sans logique pour attendre un homme qui ne viendra pas. Cette pièce sans intrigue nous montre que les dramaturges tels que Beckett remettent en cause la condition humaine en créant des pièces insensées et reflétant l’incohérence du monde dans lequel l’Homme vit.

Avant la guerre, certains dramaturges comme Anouilh ou Giraudoux décident de se détourner d’un théâtre de boulevard à un théâtre plus engagé à cause de la montée du nazisme et du fascisme. Ainsi, le théâtre engagé devient un outil de réflexion pour le spectateur où de nombreux dramaturges exposent leurs idées politiques ou philosophiques dans leurs pièces. Au XXème siècle, le besoin de s’engager après les atrocités de la guerre reste très présent. Comme le dit Sartre dans Qu’est-ce que la littérature ?, l’écrivain est en situation, et donc, il ne peut ignorer les problèmes

...

Télécharger :   txt (16.7 Kb)   pdf (82.5 Kb)   docx (16.8 Kb)  
Voir 10 pages de plus »
Uniquement disponible sur Essays.club