Les Bonnes - Jean GENET - LA2
Par Junecooper • 14 Mars 2018 • 987 Mots (4 Pages) • 1 169 Vues
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monnaie
courante dans les milieux bourgeois, et reflètent la société de l’époque du milieu du vingtième
siècle. Mais le pouvoir de l’écriture et de la mise en scène permet de critiquer ces préjugés
nauséabonds, et vise à faire réfléchir le spectateur afin de donner une lueur d’espoir pour réduire
les inégalités entre les différentes catégories sociales.
Cette pièce théâtrale est réalisée de manière judicieuse afin de propager des idées
prônant l’égalité de traitement de toutes les catégories sociales. En réalité, il s’agit d’une mise en
scène au sein de la pièce de théâtre. Claire est une bonne qui joue le rôle d’une maîtresse en se
mettant dans la peau des bourgeois et en s’amusant à les imiter. Cette dernière se réjouit de se
mettre à la place de sa patronne pour ridiculiser les préjugés, et motivant ainsi le spectateur à se
révolter de ces propos lamentables. Elle impose directement son autorité par l’emploi des verbes
à l’impératif ‘’commence’’ ‘’passons ‘’ afin de mener le jeu à son aise et dissimuler les messages
souhaités au public. En revanche, Claire prend du temps à s’identifier et de se mettre dans la peau
d’une personne qui ne possède pas le même caractère. Le passage du tutoiement ‘’commence’’ au
vouvoiement montre qu’elle a du mal à jouer son rôle de bonne dame. Sa maladresse dans son
interpellation ‘’Claire, vous m’épuisez’’ souligne un certain contraste en vouvoyant son
interlocutrice interpellée par son prénom. Claire marque ainsi une certaine distance entre les
diverses personnalités totalement opposées.
Ce texte démontre que les rapports entre les maîtres et les valets sont des rapports de
dominant/dominé, de violence et d’humiliation. Les bonnes se trouvent réduites à leur condition
sociale et perdent leur identité propre, sombrant dans le tragique. Mais Claire a finalement du mal
à jouer le rôle d’une femme cruelle, et se met à craquer. La dernière réplique de l’extrait montre
un amalgame flagrant entre les formules de politesse et la vulgarité des propos. Elle mélange en
une seule phrase le tutoiement, le vouvoiement, l’autorité et la supplication ‘’Presse-toi, je t’en
prie. Vous êtes…’’, et prouve ainsi qu’elle ne pourra jamais se métamorphoser en une femme
bourgeoise.
Cette inversion des rôles plonge le spectateur dans une certaine perplexité. Cette situation confuse
influe sur les idées préconcues. Ce jeu montre qu’elles ont intégré ce qui les révolte dans ce rôle
de dominant-dominé. Les termes employés et l’attitude semblent réalistes. Le jeu devient une
dénonciation de l’ordre établi, de l’injustice vécue par les opprimés qui sauve de la
déshumanisation.
Cette tragédie est une pièce grinçante qui révèle de façon agressive l’injustice des
rapports et l’inégalité des classes sociales. Les bonnes sombrent dans l’autodestruction et dans la
déshumanisation, tandis que les maîtresses se réjouissent de leur supériorité et de leur pouvoir
hiérarchique. Cette pièce de théâtre, qui est une représentation visant à refléter la société, est une
œuvre engagée de manière à ce que le spectateur puisse réfléchir sur les préjugés.
Peut-on considérer que les œuvres engagées sont le moteur de la révolution culturelle et à
l’évolution des
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