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Le portrait de Lisbeth, chapitre 9, La Cousine Bette

Par   •  4 Décembre 2018  •  3 386 Mots (14 Pages)  •  534 Vues

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Vengeance face à la destinée

Lisbeth est jalouse de sa cousine et souhaite prendre une revanche sur la vie qui a fait d’elle une vieille fille laide et pauvre, tandis qu’Adeline, rayonnante de beauté, épousait un baron napoléonien et était entretenue par Hulot. Ce sont bien la passion de la vengeance et cette jalousie qui vont « mouvoir » Lisbeth et la conduire aux ravages de la passion : la ruine de la famille Hulot et par voie de conséquence (quand on songe à la mort du maréchal Hulot) sa propre faillite.

On croit un temps à la « métamorphose » de Lisbeth qui, grâce à son métier, veut « faire fortune » = motif de l’ambition cf. « En 1811, la paysanne fut une assez gentille, une assez adroite et intelligente première demoiselle. » Mais le modalisateur « assez » restreint quelque peu la réussite de cette métamorphose et annonce déjà l’échec.

pb : fin de l’empire qui ruine ses projets d’installation, d’autant que Lisbeth refuse la Restauration (cf. 1815 : règne de Louis XVIII) « L’olivier de la paix que tenaient à la main les Bourbons effraya Lisbeth, elle eut peur d’une baisse de commerce. »

Telle une bête qui, face au danger, perd ses moyens, Lisbeth est effrayée, « épouvantée » et « redevint une simple ouvrière » csq : nouvel échec

Les malheurs de la famille Fischer sont alors décrits : les frères Fischer « servirent en désespérés dans les corps francs de 1815. L’aîné, père de Lisbeth, fut tué. », « Le Cadet, Johann, vint à Paris, implorer la reine de la famille. »

« Ces malheurs de famille, la disgrâce du baron Hulot, une certitude d’être peu de chose dans cet immense mouvement d’hommes, d’intérêts et d’affaires, qui fait de Paris un enfer et un paradis, domptèrent la Bette » (jeu de mots)

Soumission renforcée « Cette fille perdit alors toute idée de lutte et de comparaison avec sa cousine (…) mais l’envie resta cachée dans le fond de son cœur, comme un germe de peste qui peut éclore et ravager une ville, si l’on ouvre le fatal ballot de laine où il est comprimé. » La comparaison en dit long sur les manigances pestilentielles que la cousine va mettre en œuvre.

Thèmes de la soumission et de la rébellion :

« indépendance », « peur de toute espèce de joug », « licou de la domesticité » qui va jusqu’au refus du mariage et au choix (contraint ?) de la virginité : marginalisation supplémentaire.

A mettre en parallèle avec un autre passage du roman (chapitre 28) : « La Virginité, comme toutes les monstruosités, a des richesses spéciales, des grandeurs absorbantes. La vie, dont les forces sont économisées, a pris chez l’individu vierge une qualité de résistance et de durée incalculable. Le cerveau s’est enrichi dans l’ensemble de ses facultés réservées. Lorsque les gens chastes ont besoin de leur corps ou de leur âme, ils trouvent alors de l’acier dans leurs muscles ou de la science infuse dans leur intelligence, une force diabolique ou la magie noire de la Volonté. »

Balzac insiste alors sur la marginalisation géographique et la sauvagerie de son personnage :

« La cousine Bette présentait dans les idées cette singularité qu’on remarque chez les natures qui se sont développées fort tard, chez les Sauvages qui pensent beaucoup et parlent peu. Son intelligence paysanne avait d’ailleurs acquis (… ) une dose de mordant parisien. Cette fille, dont le caractère ressemblait prodigieusement à celui des Corses, travaillée inutilement par les instincts des natures fortes ».

à mettre en lien avec la physiognomonie de Lavater qui est ici, pour Balzac, à la fois zoologique et ethnologique.

cf. présentation p. 19 « Le caractère de Lisbeth migre volontiers vers la Corse. Des déportements jaloux sont assimilés à une vendetta, manifestation la plus représentative du tempérament insulaire. Dans l’imaginaire romantique, la Corse est associée à une brutalité sauvage que ne démentent pas les dénouement de Colomba ou de Mateo Falcone de Mérimée, ni l’univers moral de La Vendetta de Balzac.

Le dénominateur commun de toutes ces origines mêlées est la sauvagerie qui s’oppose au monde civilisé des Parisiens. La cousine Bette reste primaire et continuera à obéir à des pulsions et à ses passions.

« Le poli parisien faisait rouille sur cette âme vigoureusement trempée. »

confrontation entre la capitale et la campagne d’où vient Lisbeth. La « sauvagerie » de Lisbeth se transforme en « rouille » qui oxyde le personnage et la rend maléfique, comme le souligne l’adjectif apposé « Méchante, elle eût brouillé la famille la plus unie. »

Pourtant, au début, lorsque Lisbeth s’installe chez les Hulot, elle essaie de se conforter à la mode parisienne (« elle s’était décidée à porter des corsets, à suivre les modes, et obtint alors un moment de splendeur pendant lequel le baron la trouva mariable ») mais son succès est mitigé « son regard perçant, son teint olivâtre, sa taille de roseau pouvaient tenter un major en demi-solde ». Elle ne cherche pas à séduire mais à obtenir une stabilité financière, ce qu’elle obtient progressivement « on l’habillait et on lui donnait beaucoup de ces provisions acceptables »

+ à la fin du chapitre p. 100 « si la cousine Bette avait voulu se laisser habiller à la mode ; si elle s’était comme les Parisiennes, habituée à porter chaque nouvelle mode, elle eût été présentable et acceptable ; mais elle gardait la roideur d’un bâton. Or, sans grâces, la femme n’existe point à Paris. »

Csq : en 1837, elle se « résign[e] à ne rien être » et se « laiss[e] traiter sans façon »

Elle ne cherche pas à entrer dans le grand monde (« elle se refusait elle-même à venir aux grands dîners en préférant l’intimité ») mais se lie aux domestiques, ce qui lui vaut des commentaires acerbes : « Cette familiarité par laquelle elle se mettait franchement au niveau des gens lui conciliait leur bienveillance subalterne, très essentielle aux parasites – C’est une bonne et brave fille ! »)

On la retrouve soumise et ancrée dans son milieu d’origine, comme si lui était impossible de gravir l’échelle sociale et d’échapper à sa condition. Elle a certes appris à fréquenter le monde mais faute du caractère mondain propre à la femme de salon (cf. « elle possédait, comme Ninon, des qualités

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