La Chambre des Officiers - Fiche de lecture
Par Junecooper • 13 Octobre 2018 • 2 655 Mots (11 Pages) • 1 599 Vues
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Ce livre nous raconte aussi l'histoire d'une guerre d'une violence extrême. La Première Guerre Mondiale fut caractérisée par plusieurs nouvelles formes de violence. Tout d'abord, les soldats furent les premières victimes d'armes nouvelles, tels que des bombardements très puissants. L'apparition de ces nouvelles armes entraînèrent des « violences de masse ». Au début du livre, Adrien, fut victime d'un de ces bombardements. C'est en effet cet obus qui lui défigura la face. Le texte dit : « Une détonation part de tout près. Un sifflement d'un quart de seconde. J'ai le temps de voir une tête qui se détache d'un corps qui plie ses genoux, un cheval qui s'effondre. L'autre sous-lieutenant, qui était resté en selle, s'écroule de mon côté, l'épaule arrachée, l'os qui sort comme d'un jambon. Je sens une hache qui vient s'enfoncer sous la base de mon nez. Puis on coupe la lumière. » page 29. La Première Guerre Mondiale n'est pas que symbole de violence envers les soldats, mais aussi envers des civils. Ces derniers ne furent pas épargnés. En effet le livre nous raconte plusieurs fois l'histoire de bâtiments n'appartenant pas aux soldats détruits. Les civils touchés furent pour la plupart morts dans d'atroces souffrances. Les survivants quant à eux gardèrent des séquelles à vie. Le texte dit : « Le quatrième jour, un obus allemand tomba sur la grande tente où on colmatait l'hémorragie d'une jambe emportée à mi-cuisse. Elle passait les instruments qu'on ne pouvait plus nettoyer entre deux blessés. Le souffle emporta les blessés et les soignants, tous furent tués. Sauf Marguerite, défigurée et sourde. », page 89. On comprend que cette violente guerre n'a fait de cadeau à personne. Ces trois aspects de la guerre, que j'ai déjà étudiés en classe ou à la sortie pédagogique nous montrent à quel point la guerre fut importante, ravageuse et inhumaine, que ce soit aussi bien pour les soldats que pour les civils.
Ce livre nous évoque beaucoup d'autres aspects de la guerre, souvent oubliés, laissés de côté. La première image que nous avons en pensant à la Première Guerre Mondiale est celle des soldats dans les tranchées. Mais il y a un envers du décor dont on ne parle pas assez. Tout d'abord, l'histoire de ce livre est celle d'une « gueule cassée », Adrien. Quand on voit une personne défigurée, on pense souvent seulement à sa nouvelle identité physique. Mais derrière cette tête abîmée se cachent souvent un cœur et un cerveau devant affronter dégoût et horreur dans les yeux des autres. Leur nouvelle identité morale doit réussir à survivre dans ce monde confronté à la « normalité ». Leur propre reflet leur fait même peur, et ces personnes ont du mal au départ à s'assumer. Dans la chambre où réside Adrien, il y eut de nombreuses tentatives de suicide. Cet extrait le prouve : « Au réveil, que je savais d'expérience être le moment de la plus grande difficulté morale, je m'approchai de son lit. Si mon odorat ne m'avait pas fait défaut, j'aurais pu être alerté par l'odeur du sang répandu. Il s'était donné la mort. » page 92. Les « gueules cassées » doivent affronter le regard des autres et surtout des enfants, dont la parole et les actes ne sont pas toujours réfléchis. Ces défigurés sont pris pour des monstres sans cœur ni âme dont on doit avoir peur. Ce passage du livre nous le montre : « Même les enfants avaient changé. Je me souviens d'un jour où une dizaine d'entre eux, assis dans un square, se sont mis à rire de moi en faisant mine de me lancer des pierres. Pendant toutes les années qui avaient suivi la guerre nous avions suscité la pitié, la compassion, souvent la gêne – mais jamais la peur qui commande de se défendre de ceux qui dérangent. » page 158. Les « gueules cassées » doivent se forger une carapace face au monde extérieur et à la guerre qui déshumanisa leur corps mais pas leur cœur.
Ce roman évoque plusieurs fois un aspect trop oublié de la guerre, les femmes. Tout d'abord, ces femmes doivent quitter les êtres aimés, sans savoir s'ils reviendront vivants. Au début de ce livre il nous est raconté l'histoire de Clémence, une femme devant quitter son ami s'en allant faire la guerre. Clémence ressent alors beaucoup de tristesse et de douleur. Le texte dit : « Quand je relevai les yeux, une femme en larmes, devant moi, tenait par la main un jeune homme frêle engoncé dans son uniforme, qui essayait de se maintenir sur le marche pied du train, bousculé par ceux qui montaient. » page 11. Ensuite, que ces femmes soient infirmières, ambulancières, cuisinières pour la guerre, elles sont dans tous les cas volontaires. Volontaires, pour sacrifier leur vie, pour aider la nation et pour faire avancer dans la victoire. Dans cette histoire, il est question d'infirmières, consacrant leur vie aux autres sans jamais se préoccuper d'elles-même. En effet, Anaïs une infirmière sans nouvelle de son fils, parti sur le front des Ardennes, apporte du réconfort à Adrien. Elle le nourrit, le lave... Enfin, il est aussi question de Marguerite, un cas très particulier, car elle est une « gueule cassée » femme. C'est très rare car les femmes, n'étant pas au front ont peu de risque de se faire défigurer. Elle fut défigurée en étant une infirmière volontaire. On comprend que le fait d'être une « gueule cassée » va lui empêcher toute chance de s'intégrer socialement dans un monde où le physique est de plus en plus important. L'auteur dénonce la place des femmes dans la société, qui ne sont bonnes qu'à finir épouses. Défigurée, Marguerite n'a plus d'utilité dans cette société. Elle s'est portée volontaire pour soigner des hommes, mais maintenant, plus aucun homme ne se portera volontaire pour vivre à ses côtés. Ce passage du texte le prouve : « Le plus extraordinaire, c'est que dans les années qui ont suivi, tous mes compagnons ont finalement réussi à se marier. Tous sauf Marguerite, parce qu'elle était une femme, et qu'une femme défigurée est un être inconcevable. Marguerite est restée seule jusqu'à son dernier jour, pour toute récompense de son engagement dans la cause des hommes. » page 160. Les livres de guerre évoquant un aspect sur les femmes sont de plus en plus rares. Dans « La Chambre des Officiers », Marc Dugain a évoqué différents aspects de cette guerre, souvent laissés de côté.
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Avant de conclure
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