L'importance de la scène du bal à la Vaubyessard

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L'auteur joue aussi subtilement avec les effets de lumière, souvent tamisée "entre deux flambeaux" ou "les cristaux à facettes, couverts d'une buée mate, se renvoyaient des rayons pâles", marquant ainsi cette scène unique dans un présent déjà passé, renforçant l'idée de l'illusion et du mirage et pointant du doigt la bêtise d'Emma croyant pouvoir un jour vivre dans ce monde luxueux. Dans cette même idée que l'aristocratie va disparaître à tout jamais pour Emma, la galerie de portraits qu'elle découvre à l'entrée du château, s'achève dans l'ombre, comme si l'aristocratie était déjà éteinte et le représentant de cette haute bourgeoise dont Emma ne cesse de regarder, n'est rien d'autre qu'un vieillard "laissant tomber de sa bouche des gouttes de sauce".

Cette scène est donc un moment fort dans la vie d'Emma qui perdure dans ses souvenirs par la suite et qui marque son destin d'une manière assez tragique puisque tout les thèmes présents dans cet épisode, la conduira vers la fin. Flaubert effectue un coup de maître avec cette scène puisqu'elle fait écho aux autres grandes scènes du roman. Enfin, grâce aux impressions d'Emma Bovary et aux descriptions de l'auteur, nous entrons dans le monde de l'aristocratie qui fait tant rêver Emma mais qui malgré tout reste le seul nuage luxueux et, où l'héroïne est heureuse, du roman.

Flaubert s'oppose au romantisme s'inscrivant ainsi dans le mouvement du Nouveau Roman et du réalisme, qui consistent à déconstruire le roman en le privant de toute intrigue contrairement au roman romantique faisant des personnages principaux des êtres désabusés et mélancolique. L'auteur marque donc son roman par le thème de l'ennui qui semble omniprésent dans le personnage éponyme. De plus comme il le dit dans ses correspondances Flaubert s'est profondément ennuyé à écrire ce livre et n'avait qu'une hâte : mettre le mot "fin". Nous nous demanderons donc en quoi Madame Bovary est un roman de l'ennuie et qu'est ce qui en fait la caractérisation ?

Dans sa correspondance avec Louise Colet en 1852, Flaubert exprime son intention d'écrire "un livre sur rien". Il s'appuie tout de même sur des faits divers pour construire son roman ainsi que son personnage féminin, victime de l'insatisfaction, de la frustration de ses désirs non réalisés ainsi que de l'ennuie. Mais c'est d'abord un roman sur la quête du bonheur et de l'amour car Emma est déçue par ses relations avec son mari et part donc chercher un homme capable de la rendre heureuse goutant à l'adultère. Dès les premières lignes du premier chapitre nous avons l'impression de commencer un livre d'apprentissage avec le personnage de Charles qui découvre sa nouvelle classe de 5ème faisant ainsi écho à l'héroïne qui deviendra sa femme, et qui vit ses expériences lui faisant découvrir différents sentiments relativement liés à l'amour tout au long du roman. Malgré tout, elle ne vit que des déceptions et est un personnage marqué, dès le premier scénario de Flaubert, par l'attente et l'ennuie, caractéristiques justifiées dans la marge de son scénario "cette époque elle en est encore au rêve et à l'ennui" ou encore "longue attente d'une passion & d'un événement qui n'arrive pas". Ainsi ce roman est aussi le roman des illusions et des désillusions puisque Flaubert accorde un point d'honneur à ne pas idéaliser la mélancolie et l'insatisfaction de ses personnages. Stendhal le précise aussi "le roman, c'est un miroir que l'on promène le long d'un chemin" sous entendu que l'important dans le réalisme soit le reflet du réel. Madame Bovary traite aussi du thème de l'argent puisqu'Emma goûtera au plaisir du luxe et dépensera par la suite sans compter jusqu'à se retrouver complètement ruiner. Ce roman, très complet dans les sujets qu'il aborde, nous donnera l'impression d'être de lire un roman ennuyeux sans intrigues et sans actions, pourtant Flaubert traite de sujets complexes et délicat pour l'époque, ce qui lui coûtera certains procès. De plus, un lecteur attentif remarque la satire qui se dresse autour du roman et l'ironie que Flaubert laisse derrière sa plume.

Toutefois, au-delà de la multiplicité des thèmes, il est vrai que le sujet global du roman est banal et sans grande importance. La résumé est plutôt simple à dresser puisqu'il s'appuie sur une jeune femme qui se rend compte qu'elle est dans un mariage ennuyeux et sans amour de son côté. Elle va donc sortir de son foyer et mettre le pied dans l'adultère tout en aspirant à une vie plus luxueuse et plus bourgeoise, s'endettant, elle et son mari, jusqu'à se suicider. Cependant, une scène se démarque de toute les autres de part son unicité ; c'est la scène du bal à la Vaubyessard. Cette scène nous donne une description intéressante de la haute bourgeoisie de l'époque tout en insérant la jeune provinciale dans ce cadre idyllique aux rêves de mondanité. Dès le premier scénario, Flaubert souhaite absolument écrire à propos d'une scène de "bal de château" entre les rêves d'Emma d'une vie parisienne et la lecture de quelque beau roman d'amour. De plus les personnages sont médiocres et cela dès le début du roman dans la scène au collège où Charles est ridiculisé par le professeur et par ses camarades de classe, ne brillant donc ni par leurs qualités ni par leurs actes héroïques puisque c'est tout le contraire qui se passe notamment lorsqu'Emma commence à s'égarer de la vertu au profit de l'adultère. Les actes médiocres s'enchaînent tout au long du roman ; ainsi Charles Bovary n'est même pas médecin il n'est qu'officier de santé mais s'aventure quand même dans l'opération d'un pied-bot qui bien sur le conduira à l'échec. Chaque événements qui pourrait être plus ou moins intriguant ou intéressant se réduisent à l'échec et renforce le sentiment d'ennui du personnage féminin, le transmettant ainsi au lecteur. En effet, ce processus fait partie de la désillusion que Flaubert partage aussi avec un lecteur frustré, en attente d'une victoire ou du moins d'un acte héroïque. Cela sera valable jusqu'à la fin du roman puisqu'Emma, endetté et malheureuse en amour, décide de se suicider faute d'argent, acte empreint de lâcheté.

En somme, le roman décrit