L'amour dans Andromaque de Racine
Par Matt • 21 Octobre 2018 • 6 472 Mots (26 Pages) • 1 779 Vues
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Personnages de la pièce : chaine amoureuse + un confident pour chaque. Situation : Andromaque depuis quelques temps est captive de Pyrrhus, ne l’a pas épousé ni rien.
Modification énorme par rapport à Euripide, dont il reconnait lui-même s’être peu inspiré, parlant davantage de Virgile ou de Sénèque (comment faire un récit sur Troie sans s’inspirer d’Homère).
Epopées= qui peuvent moins « mettre en scène » au sens propre le fonctionnement de relation amoureuse : pas Homère (qui s’arrête avant avec les funérailles d’Hector, même si prédiction d’Andromaque qui sait la vie de son fils menacée + qui sait le sort qui va lui échoir) ni Virgile (qui de toute façon nous présente lui aussi Andromaque certes toujours pleurant Hector mais plus tard –a été l’épouse de Pyrrhus puis de son serviteur Hélénus un Priamide serviteur de Pyrrhus, qui a épousé Hermione-)
Théâtre : Andromaque : seul trois des personnages de la chaine amoureuse sont présents (pas de Pyrrhus) + présence des générations antérieures : Ménélas, Pélée, Thétis. Présence de Molossos, fils de Pyrrhus et Andromaque. Action qui se situe plus tard après cela, Astyanax étant mort à Troie depuis longtemps comme chez Homère. Pyrrhus assassiné seulement bien plus tard, Andromaque et Pyrrhus ont un avenir normalement.
Chez Euripide, Andromaque, un thème est repris cependant : insistance sur la rivalité Hermione/Andromaque mais à une autre période. Andromaque concubine et Hermione légitime.
En termes de chronologie, on est plus proches des Troyennes : Hécube, Cassandre, sort de toutes ces femmes, époque où les Grecs condamnent Astyanax, scène où on lui arrache quasiment des bras pour le mener à la mort.
Sénèque, Troyennes aussi, le même cadre chronologique à peu près que Racine, Andromaque voit le fantôme d’Hector en songe qui lui dit de cacher leur fils dont la vie est en danger et qu’elle va cacher, mais même problème, la tragédie ne porte pas que sur Andromaque.
- La fidélité
Fidélité amoureuse = fides = foi, mot souvent employé dans la pièce. Importance du lien de fidélité entre les personnages. Per/fide Pyrrhus.
Personnage qui incarne le plus cet aspect de l’amour est bien sûr Andromaque.
Fidélité par « choix » presque outrancière d’Andromaque, alors que fidélité par dépit d’Oreste et Hermione, ne peuvent s’en sortir, mais tentations de l’infidélité dues à l’orgueil chez Hermione.
Fidélité valable en amitié aussi, cf. plus tard
- Un amour interdit classique de la tragédie
Dans nombre de pièces de Racine, l’amour, non seulement n’est pas heureux car pas réciproque mais il est frappé d’un interdit. Amour frappé d’interdit dans tous les cas, outre le premier obstacle d’ordre psychologique, le fait simple qu’on ne peut forcer quelqu’un à l’aimer (ex : Pyrrhus peut faire pression sur Andromaque pour l’épouser, mais obtenir son cœur est une autre paire de manche v.293-294 « espérer encore » degré supérieur).
Obstacles moraux :
A/P : amour contraire à la fidélité envers Hector, et de plus trahison envers son mari, devient quelque part complice de ses meurtriers, mais aussi envers son peuple, impossible pour une princesse, amour contraire à l’ordre des choses puisque « ennemis »
O/H : amour contraire à la volonté du père qui a donné sa fille à Pyrrhus et non à Oreste en dépit de leur flamme passée. (v. 821-822, choix de celui qu’elle aime ne dépend pas d’elle)
Obstacles politiques :
Plus que du bonheur d’un couple, la tournure que vont prendre les choses engendrera soit la guerre soit la paix. Quand bien même Andromaque aurait cédé aux avances de Pyrrhus, aurait-elle supporté de se retrouver de nouveau confrontée aux assassins d’Hector ? Voire de se voir de nouveau veuve sous la main d’un Grec ? Un amour coupable aux yeux des Grecs, qui s’il s’était épanoui, aurait mis Pyrrhus en position de « monstre ».
- La cruauté de l’amour
Amour aussi dur qu’une guerre « Vaincu » vers 319 // vante sa « victoire » quand il croit, se convainc qu’il n’aime plus Andromaque
Récurrence de ce terme, « cruel(le) », assimilation entre la cruauté du principe même d’amour et de celui ou celle qui est aimé, perçu alors comme bourreau, persécuteur.« Inhumaine » pour parler d’Hermione, terme de comédie plutôt mais qui lui va très bien puisqu’elle joue les insensibles (v. 125-126 dans la bouche de Pylade, se rend compte qu’elle est sensible au vers 472)
Amène à considérer comme coupable celui qui est aimé (Hermione en veut à Andromaque)
v.344 : « comment lui rendre un cœur que vous me retenez » dit P à A
Cruauté encore plus exacerbée quand l’être aimé aime : « Ingratitude » dont a conscience Hermione v. 393 mais poursuit de manière encore plus perfide en jouant avec lui, entre espoirs et déceptions, ne cachant pas qu’elle aime Pyrrhus. De même, Pyrrhus cruel avec Hermione alors qu’il vient la voir sur le point d’épouser Andromaque : « rien ne vous engageait… » alors qu’il sait très bien qu’il lui a promis des choses
Cf. Alain Couprie, Lire la tragédie, Lettres Sup Nathan Université (Racine pages 76-89) : « l’être aime pour son malheur : il n’y a pas d’amour heureux dans le théâtre de Racine. Non partagé, cet amour conduit à torturer l’être aimé et refuse à celui qui aime sa raison de vivre »
Transition : amour malheureux dans tous les cas, passion qui mène donc à tous les extrêmes
- Conséquences
- Cruauté de l’amour, dépit amoureux et jalousie amènent à être cruel
Vengeance d’Hermione à l’égard de Pyrrhus et d’Andromaque, prête à tout pour détruire sa rivale en ayant dénoncé l’existence du fils d’Andromaque.
Vengeance de Pyrrhus qui sacrifie Astyanax (avant même menace des Grecs v.112-114)
Hermione en est le personnage phare, cf. Euripide
Le personnage n’est pas dans la perspective
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