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Extrait d'Une Vie de Maupassant

Par   •  9 Juillet 2018  •  1 353 Mots (6 Pages)  •  898 Vues

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Axe 3 :

Métamorphosée par la douleur, Jeanne maudissait déjà Dieu. Voici que désormais elle éprouve la même haine pour son époux et sa progéniture.

L’enfant est d’abord évoqué par une série de son qui, au fur et à mesure, s’affirment. Ces bruit sont d’abord vagues : « un cris étouffé » puis « un petit cri douloureux » et enfin un « miaulement frêle d’enfant nouveau-né ». Elle « tressaille » se trouble, tend les bras : « et bientôt ce bruit étouffé qu’elle avait entendu déjà la fit tressaillir ; puis ce petit cri douloureux, ce miaulement frêle d’enfant nouveau-né lui entra l’âme, dans le cœur, dan stout son pauvre corps épuisé ; et elle voulut d’un geste inconscient, tendre les bras ». Le rythme ternaire de la fin de la phrase et la gradation du nombre de syllabes (dans l’âme (2), dans le cœur (3), dans tous sont pauvre corps épuisé (9) ), au plus profond d’elle-même, sans qu’elle ait rien décidé ni maîtrisé. Jeanne est une sorte de réceptacle de sentiments : souffrances, haine et révolte, émotion nouvelle et inconnue de la maternité. Le contraste entre les thermes utilisés pour décrire l’enfant et le bonheur éprouvé par Jeanne est frappant. L’on peut penser qu’il s’agit ici du point de vue ironique du narrateur qui, d’un côté, souligne la laideur de l’enfant et, de l’autre l’admiration paradoxal de la mère : « elle voulut connaître son enfant ! il n’avait pas de cheveux, pas d’ongle, étant venu trop tôt ; mais lorsqu’elle le vit remuer cette larve, qu’elle la vit ouvrir la bouche, pousser ses vagissements, qu’elle toucha cet avorton fripé, grimaçant, vivant, elle fut inondée d’une joie irrésistible ». La joie de Jeanne est en effet immense et presque proportionnelle à la souffrance ressentie lors de l’accouchement. Ces longues énumérations et ces phrases rapides, constituées pour la plupart d’indépendance juxtaposées, traduisent parfaitement comment cette joie envahit soudai Jeanne, évolue et s’épanouit. Elle découvre un bonheur alors inconnu comme le soulignent l’adjectif « nouveau », la métaphore et l’éclosion et l’Hyperbole : « comme elle n’avait jamais été ». Il s’agit d’une sorte de résurrection (« son cœur et sa chaire se ranimaient ») et même de rédemption (« elle comprit qu’elle était sauvée ») Jeanne est passée de l’impression de mourir a celle de renaître : elle revit en donnant la vie.

Le dernier paragraphe de cette extraie propose une fine analyse psychologique des sentiments de Jeanne : et notamment du transfert qui est en train de s’opérer avec la comparative : « d’autant plus exaltée qu’elle avait était plus déçue dans son amour, plus trompée dans ses espérances » et de l’excès dans lequel elle risque de tomber : « dès lors elle n’eut plus qu’une pensée : son enfant ». Il semble qu’elle voue une sorte de culte à cet enfant. Les attitudes décrites alors, d’abord à l’imparfait d’habitude, puis au passé simple, illustrent l’amour obsessionnel qu’elle éprouve pour son enfant : « il lui fallait toujours le berceau près de son lit, puis, quand elle put se lever, elle resta des journées entière assise contre la fenêtre, oublié l’excès de souffrance et le désespoir qu’elle vient de vivre.

Conclusion :

Cet extrait qui décrit longuement et minutieusement les souffrances de Jeanne lors de son accouchement, entre parfaitement dans le projet réaliste de Maupassant. Jusque-là, en littérature, on évitait de parler de réalités aussi crues, de scènes aussi intimes. Ici, l’auteur n’hésite pas à briser l’idéalisation d’une mise au monde, en choisissant de faire souffrir son héroïne. Celle-ci, métamorphosée d’abord par la souffrance puis par la maternité, vit là une étape initiatique. Le titre du roman Une vie, et l’âge de la Jeanne laissent à panser qu’il s’agit d’un roman d’apprentissage. Ce passage s’ouvre sur un nouvel amour et une nouvelle phase de son existence.

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