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Incipit: Une Vie - Maupassant.

Par   •  12 Avril 2018  •  2 910 Mots (12 Pages)  •  845 Vues

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sur la Révolution Française, notamment à cause du plein régime de la guillotine et de la loi des suspects. Cette révolution visant à faire valoir les droits du peuple et à contrer les privilèges, a fait énormément de victimes, principalement chez les nobles (dont les aristocrates). Ces derniers étaient les plus menacés de passer sous la guillotine.

Cette période de souffrance et cette peur du peuple, causée par le contexte historique de quatre-vingt-treize, peut expliquer l’éducation sévère qu’a mis en place le père de Jeanne, qui consistait implicitement à l’éloigner le plus possible et le plus longtemps possible de cette société instable qui l’a tant terrorisé.

Ce dernier a sûrement voulut la protéger de toute cette haine ambiante.

Le contexte historique peut donc expliquer les décisions prises par le baron.

II) Le portrait psychologique d’aristocrates de province

1) Jeanne

Tous les événements du début du texte sont racontés d’après le point de vue interne de Jeanne. C’est elle qui perçoit l’atmosphère pesante, et c’est à travers ses yeux que nous découvrons le cadre spatio-temporel : elle regarde à la fenêtre, nous donne la date à travers le calendrier…

Jeanne est présentée comme l’héroïne : elle est prénommée, nous nous identifions à elle. Cependant, son portrait ne contient aucun élément physique : il est basé sur une description de la psychologie et de l’histoire du personnage.

Moralement, Jeanne est présentée comme une jeune fille naïve, innocente, presque candide : répétition des termes « ignorée » l.34, « ignorante » l.34, « ignorance » l.37. Cette naïveté est renforcée par l’utilisation d’un champ lexical se rapprochant du lyrisme, et apparaissant ici comme déplacé pour qualifier la réalité de la vie : « un bain de poésie raisonnable », « la terre fécondée », « l’amour naïf », « tendresses simples », « lois sereines de la vie » (l.36 à 39). Elle est aussi un symbole de pureté : « chaste » l.35, et son éducation a eu pour but d’en faire un modèle moral : « heureuse, bonne, droite et tendre » l.31.

Impatiente, Jeanne se déclare cependant « prête » l.9 à affronter la vie, ce qui contraste avec son portrait moral qui pousse à penser le contraire.

Le personnage principal, Jeanne, fait donc l’objet d’un portrait moral assez complet : le lecteur peut facilement s’identifier à elle, et pourra par la suite mieux comprendre ses décisions.

Malgré son âge (« dix-sept ans » l.35), Jeanne a été traitée comme une enfant par son père. Ce statut est accentué par l’apostrophe « Jeannette » l.18 (surnom affectueux formé avec le suffixe –ette = petit), directement opposé à l’appellation du narrateur, « Jeanne », qui suit. La relation entre Jeanne et son père semble affective, mais elle reste distante : on remarque la présence du verbe « craignait », impliquant une domination du baron sur sa fille. Pour mieux comprendre l’état d’esprit du personnage, étroitement lié à sa famille et à son éducation, il est donc nécessaire de s’intéresser au portrait de son père, le baron Le Perthuis des Vauds.

2) Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds

La description du père est beaucoup plus psychologique que physique, Maupassant enlève tous les détails inutiles pour présenter précisément le caractère du baron mais sur seulement 19 lignes.

Le baron n’est pas nommé tout de suite, sa première apparition est une métonymie à la ligne 18 « Une voix, derrière la porte, appela ». On ne sait pas immédiatement qui est ce personnage mais on comprend qu’il est très proche de Jeanne car il utilise un surnom hypocoristique pour la nommer « Jeannette ! » l.18 et Jeanne lui répond « papa ». Ici, Maupassant souhaite insister sur le lien très proche qui unit ces deux personnages car à son époque, le fait d’attribuer des surnoms affectueux dans les familles aristocrates n’est pas courant.

La véritable apparition du père a lieu à la ligne 19 avec « Et son père parut. ». L’auteur nous fait alors une description plus longue et précise que celle de Jeanne, il appuie principalement sur le caractère du baron auquel il attribue un nom bien particulier « Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds » l.20 qui forme un contraste avec « Jeannette ». C’est un « gentilhomme de l’autre siècle, maniaque et bon », on en déduit donc qu’il ne voit que par le passé et que l’éducation qu’il a donnée à sa fille est peut-être d’une autre époque et qu’elle a pu ainsi choquer les contemporains de Maupassant.

Cependant, on remarque que le baron fait preuve d’une rare bonté parfois excessive qui est « presque un vice » l.29. Il y a une répétition de ce terme aux lignes 26-27. Il était « enthousiaste » l. 21 et « avait des tendresses d’amant pour la nature, les champs, les bois, les bêtes », l.22, il était donc respectueux de l’environnement.

A la ligne27, on observe un rythme ternaire « une bonté qui n’avait pas assez de bras pour caresser, pour donner, pour étreindre » qui donne une impression de légèreté dans les faits de cet homme. « Une bonté de créateur » est également un éloge sans mesure de la part de l’auteur pour le baron car il le compare à Dieu, à l’Etre suprême qui selon les chrétiens, possède une bonté sans limite. Le baron semble donc ici supérieur aux autres hommes en raison sans doute de sa gentillesse.

C’était un « aristocrate de naissance » qui « haïssait par instinct quatre-vingt-treize » année de la Terreur, c’est pourquoi il a voulu éloigner sa fille de la société qui l’a terrorisé. De plus, à la ligne 24, il est écrit que le baron « exécrait la tyrannie d’une haine inoffensive et déclamatoire », « inoffensive » signifie ici qu’il était pacifique, idée que l’on retrouve à la ligne 28 « sans résistance » et à la ligne 29 « une lacune dans l’énergie ». De plus, « philosophe par tempérament » l .24 signifie qu’il était sage mais non violent.

Il aime sa fille car il voulait « la faire heureuse, bonne, droite et tendre » mais les derniers mots de sa description nous laissent à penser qu’il était naïf et ne possédait pas que des qualités. Ses opinions sur le monde dans lequel il vit semblaient bien utopiques « une sorte de bain de poésie raisonnable », il voulait ouvrir l’âme de Jeanne « dégourdir son ignorance à l’aspect de l’amour naïf, des tendresses simples des animaux, des lois sereines de

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