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Essai critique R. Barthes

Par   •  2 Mars 2018  •  2 403 Mots (10 Pages)  •  361 Vues

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Le poète permet de dire les choses que l'on ressent. Il aide à un dévoilement de l'être. En effet, le souci du poète est d’approfondir le rapport. Pour ce faire, il doit réduire l’écart entre le dire et l’être ; entre le signifié et le signifiant. D’ailleurs, Sartre, dans Qu’est-ce que la littérature,1948, met en relief ce qui sépare le langage poétique de l’usage utilitaire de la prose : « Le poète s’est retiré d’un seul coup du langage instrument ; il a choisi une fois pour toute l’attitude poétique qui considère les mots comme des choses et non comme des signes ». En d’autres termes, les poètes cherchent à ce que le mot dise la chose et que le langage aille à l’encontre de sa fonction utilitaire. La parole est l’instrument d’une action nouvelle, d’une signification nouvelle. Elle va parfois mettre en relation deux réalités qui n’auraient pas de rapport logique. C‘est pourquoi, il faut aller au-delà des choses pour les comprendre : « La terre est bleue comme une orange » disait Paul Eluard dans L’amour la poésie, 1929.

Pour Arthur Rimbaud, le but est d'arriver à l'inconnu, inspecter l'invisible et rechercher l'inouï. Car pour lui « Je est un autre ». Il fait ainsi la découverte d'une autre nature en lui. Stéphane Mallarmé le décrit comme, je cite: « Un météore allumé sans motif autre que sa présence » c'est-à-dire une étoile filante venue de l'inconnu, de l'au-delà. De ce fait, le « moi » n'est pas ordinaire et anecdotique, il procède de l'inconscient que l'on porte en nous, sans que l'on ne le sache. Avec Rimbaud s'accomplit la distinction du sujet écrivant et du moi empirique. Il se réfère donc, à la démarche mystique qui met en avant la dépossession de soi, qui congédie le moi superficiel et étroitement individuel, pour que s'exprime la profondeur de l'être. Ainsi, le poète, être supérieur inspiré par les divinités s’oppose à l’homme qui voit les choses sous une forme ordinaire. En somme, la poésie a pour objet le déchiffrage de ce pictogramme qu’est le monde. De surcroît, le plaisir poétique se perçoit comme plaisir sensuel car lié à la lecture, aux mots, et au dire poétique. Mais encore, comme plaisir de connaissance, puisque le lecteur cherche à travers la poésie quelque chose qui lui parle, qui lui permet de ressentir la complexité de ses sentiments, d'imager un autre versant de son « moi ».

La littérature est un moyen de se divertir et de se faire plaisir. La lecture et l’écriture sont donc un dialogue, une mise en relation unique : deux expériences qui se rencontrent. Par conséquent, on est lecteur-acteur lorsqu’on lit. La lecture, part d’un coup de cœur. Ainsi, l'être humain éprouve du plaisir à lire et son degré de jouissance diffère d’un texte à un autre. C’est également ce que Roland Barthes a essayé de traiter, dans Le plaisir du texte, 1973, donnant accès à une nouvelle théorie, celle du plaisir. En effet un texte qui produit le plaisir est un texte écrit en plaisir : « Le texte que vous écrivez doit me donner la preuve qu’il me désire. Cette preuve existe : c’est l’écriture. L’écriture est ceci : la science des jouissances du langage ». Cette jouissance aura lieu quand on accèdera à la déconstruction des lois de « la langue, son lexique, sa métrique, sa prosodie », mais aussi des édifices idéologiques, des solidarités intellectuelles. De plus, le texte suscite le plaisir des lecteurs, en se dévoilant petit à petit jusqu’à atteindre sa fin ou sa morale.

Les techniques d’écriture permettent de faire en sorte qu'un texte serve le plus parfaitement possible son objectif initial : informer, rendre compte, former, éduquer, répertorier, distraire, vendre, convaincre, partager, etc. En effet, elles peuvent être nombreuses et spécifiques dans la mesure où elles intéressent toutes les catégories d'écriture. Ainsi, l’auteur recherche une certaine efficacité vis-à-vis d'une problématique différenciée à destination d'un environnement ou d'une cible volontiers segmentée. D'autre part ces techniques ne sont pas figées : elles évoluent avec le langage, les métiers et les bonnes pratiques de l'écrit. La littérature utilise, depuis la naissance du langage écrit (système d'écriture), ses techniques narratives dans le profane ou le sacré : beauté du style, instrumentation du suspense, imagination et fantaisie des personnages et des situations, utilisation de registre lexicaux variés et contrastés, codage de l’expression selon le degré d’initiation, etc. L’objectif avéré étant de capter l’attention du lecteur par le plaisir de lire : beauté de la langue, scénario captivant, profondeur des émotions, puissance des idéologies ou croyances, etc. De fait, l’explosion du marché littéraire témoigne de la floraison des intérêts pour le plaisir de lire, et de l’espace offert à tous les auteurs qui souhaitent inventer ou expérimenter de nouveaux procédés d’écriture. Sur la base de ce principe général, viennent se greffer des « écritures particulières » qui dépendent du mode de restitution du texte au public visé notamment : la lecture individuelle, les manuels scolaires, la représentation théâtrale ou cinématographique, le texte de poésie ou de chanson, la bande dessinée.

Par conséquent, l'écrivain accomplit une fonction, l'écrivant une activité, voilà ce que la grammaire nous apprend déjà, elle qui oppose justement le substantif de l'un au verbe (transitif) de l'autre. Ce n'est pas que l'écrivain soit une pure essence : il agit, mais son action est immanente à son objet, elle s'exerce paradoxalement sur son propre instrument : le langage. De plus, l'écrivain est celui qui travaille sa parole (fût-il inspiré) et s'absorbe fonctionnellement dans ce travail. L'activité de celui-ci comporte deux types de normes : des normes techniques (de composition, de genre, d'écriture) et des normes artisanales (de labeur, de patience, de correction, de perfection).

Nous voulons écrire quelque chose, et en même temps, nous écrivons tout court. Bref notre époque accoucherait d'un nouveau type d’auteur : l'écrivain-écri-vant. Sa fonction ne peut être elle-même que paradoxale : il provoque et conjure à la fois; formellement, sa parole est libre, soustraite à l'institution du langage littéraire, et cependant, enfermée dans cette liberté même, elle sécrète ses propres règles, sous forme d'une écriture commune. L'écriture de l'intellectuel fonctionne comme le signe paradoxal d'un non-langage,

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