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Dissertation sur l'élégie

Par   •  14 Janvier 2018  •  2 656 Mots (11 Pages)  •  513 Vues

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Dans l’œuvre d'Ungaretti on peut voir un dépassement du « je » poète vers un « nous » universel. Par exemple dans le poème « La Pitié » on a une saturation de la première personne au début du poème mais très vite un pronom « nous » inclusif apparaît « Dieu, regarde notre faiblesse » (vers 29). Le « Je » lyrique se retrouve dans un ensemble, unité de l’humanité. Le poète n’est plus un être à part. Le lyrisme n’est plus l’expression de ses seules émotions, sensations, mais niveau universel. On ne peut donc pas inscrire Ungaretti dans une attitude solipsiste.

TS Eliot, lui, professe un anti-solipsisme absolu puisqu'il est sensible à l'implication sociale de tous les hommes à travers son recueil. En effet on trouve dans son poème de nombreuses références à la religion. Par exemple le poème « Little Gidding » doit son titre (selon les notes à la fin de recueil) au village écarté de Little Gidding en Huntingtonshire qui se trouve à dix milles d'une ancienne communauté religieuse fondée en 1626, en vue de la contemplation et de la prière, par Nicolas Ferrar. Or la culture et la religion ne peuvent pas être considérée comme individualistes. La religion est par définition un système de pratiques et de croyances pour un groupe ou une communauté. La culture, elle, est ce qui est commun à un groupe d'individus, qui le soude.

Si l'on remarque des traits solipsistes chez certains de nos auteurs, il nous faut toutefois nuancer le parallèle entre les propos de James Sacré et la définition générique de ce terme. Car ce dernier oriente bien davantage sa réflexion sur les thématiques propres à l'élégie, ainsi que sur la façon de les exprimer. Si le solipsisme met le poète au centre de sa réflexion, il nous noter que la poésie elle même est parfois le sujet des poèmes dans un processus réflexif. Il est alors question d'une dimension méta-poétique, ce que traite J.S dans ses propos.

b) Un méta-poème est un poème qui prend la poésie comme objet, la questionne, la définit, la déconstruit pour la reconstruire. La méta-poésie est un langage sur le langage dans le langage même. Elle ne se détache pas de l'objet sur lequel elle parle mais l'intègre au contraire en son fondement même. Un méta-poème tend vers le dépassement de ses frontières et aspire à la redéfinition de ce à quoi il est essentiellement destiné.

L'expression « poème un peu inquiet de lui-même » que James Sacré emploi dans la citation fait également référence à la méta-poésie puisqu'un poème « inquiet de lui-même » est un poème qui s'interroge sur sa propre fonction, sur sa propre finitude.

Chez Apollinaire, on trouve de la méta-poésie dès le premier poème du recueil. En effet, le poème « Zone » reflète tout le mouvement de l'ancienne poésie vers la nouvelle. Le titre « zone » peut signifier une entrée dans la poésie moderne. Le premier vers « À la fin tu es las de ce monde ancien » est une évocation d'une poésie qui appartient à la fois à l'ancien et au moderne. La poésie veut décrire une nouvelle zone mais n'oublie pas le passé. L'usage du mot « fin » dès le premier vers du recueil peut signifier que le recueil est un aboutissement de la poésie moderne. Le premier passage méta-poétique de ce poème arrive au vers 12 jusqu'au vers 17 (lire) → « les affiches qui chantent tout haut » il s'agit de poésie publique ouverte sur le monde du poète. On trouve de la poésie partout, dans les affiches, les publicités, les journaux. La poésie rend compte de la réalité du poète puisque le personnage déambule dans la ville et décrit ce qu'il voit. La poésie est présente dans la réalité du quotidien, la rue devient un vaste poème.

On peut également le voir chez TS. Eliot. En effet, sa poésie se fait miroir du monde. Dans une période de crise de la civilisation où la poésie ne semble pas primordiale, Eliot réinvestit la poésie d'une nouvelle fonctionnalité en créant un nouveau langage poétique pour révéler la vie. Le poème doit rendre compte de cette époque difficile. Le poème Les hommes creux en est un bon exemple puisqu'il s'agit d'un poème qui cris la désolation de TS Eliot face au monde contemporain.

L’écriture d’Ungaretti est en crise. Après la déconstruction du monde, de la langue, il cherche à reconstruire une langue italienne en s’affiliant à une tradition modernisée de la poésie lyrique. Il y a une remise en cause méta-poétique. Dans « La Pitié », les vers 11 et 12 (lire page 177) montre une volonté pour le poète de se reconstruire après fragmentation mais sans être dominé par des formes ou thématiques. On sent une difficulté à trouver les mots, à les assembler, une difficulté voulue et recherchée bien sûr, comme si l'écriture demandait au poète un effort surhumain, comme si le langage n'était plus quelque chose d'évident et qu'il était en création constante, comme si le poète était en train d'écrire, d'ébaucher le langage moderne, le langage du monde nouveau.

TRANSITION :

L'élégie est un genre à part entière. L'expression « solitude du poème » ne peut pas être comprise si l'on s'attarde sur la définition du terme « solitude ». Pour l'auteur de la citation, la « solitude du poème » désigne un poème qui ne semble pas avoir de forme, ne traite de rien en particulier « sans forme et sans objet », cela pourrait également signifier que le poème traite de tout et de rien de concret à la fois. Le poème quitte le domaine de l'individuel pour se tourner vers le collectif. La poésie lyrique est l’expression personnelle des sentiments du poète, qui chante ses émotions, ses aspirations, ses joies et ses peines. Elle implique de rentrer en soi, de s’observer soi-même et d’écouter les palpitations de son cœur et de son âme.

II.

III. L'élégie, un genre insaisissable qui échappe à toute définition précise.

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Apollinaire désire faire table-rase du passé, éternisé le contemporain dans une œuvre capable de passer l'épreuve du temps. Dans Alcools, Apollinaire désire rendre grâce au présent. C'est pourquoi dès le premier poème de son recueil il rejette le monde ancien. En effet, dans le poème « Zone » le goût pour le modernité est manifesté à travers le rejet du monde ancien. « À la fin tu es las de ce monde ancien » (vers 1), « Tu

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