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De l’amitié, Roland et Olivier, Pantagruel et Panurge

Par   •  9 Octobre 2018  •  4 528 Mots (19 Pages)  •  487 Vues

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1.3 Pantagruel

Le géant Pantagruel est présenté, dès le début du roman éponyme, comme un homme important et imposant. Non seulement parce qu’il est différent des autres êtres humains mais aussi de par sa lignée depuis Chalbroth en passant par Goliath et Gargantua, son père. Cette lignée est entièrement listée aux pages 34 à 38[9]. Viennent ensuite le récit de sa naissance et de son enfance pendant laquelle il apparaît déjà comme destiné à de grandes études, ce qu’il fera avec plaisir plus tard « Et de faict vint à Poictiers pour estudier, et y profita beaucoup » (p. 62). L’intérêt de Pantagruel pour ses études sont encouragées par son père qui fonde beaucoup d’espoirs en lui. Cependant, loin de Gargantua, Pantagruel doit se trouver des compagnons. Ouvert aux autres, il semble aimable et prêt à aider son prochain, comme il le fera avec Panurge. Malgré son langage grossier, qui est caractéristique de tous les romans de Rabelais et n’est pas spécifique à Pantagruel, le géant dégage une image bienveillante. De plus, sa soif d’apprendre n’ayant d’égal que son appétit, Pantagruel est intrigué par ce qu’il ne connaît pas, comme le montre sa rencontre avec Panurge, lorsque ce dernier s’exprime en neuf langues différentes avant de parler français. En effet, au premier regard déjà, Pantagruel souhaite aider le malheureux qui approche et il semble perplexe quand il ne comprend pas ce que Panurge lui dit. En outre, Pantagruel est un ami fidèle comme le montre le titre du chapitre IX « Comment Pantagruel trouva Panurge, lequel il ayma toute sa vie » (p. 96). Globalement, l’image que l’on a de Pantagruel est positive, puisqu’il a pour but de faire rire le lecteur, comme tous les autres protagonistes de ce roman incarnant le renversement carnavalesque.

1.4 Panurge

Le personnage de Panurge est bien plus complexe et beaucoup moins apprécié. Ainsi, Paul Stapfer écrit : « Je confierais sans inquiétude à l’honneur de Frère Jean[10] ma femme et ma fille en personnes ; mais chez ce traître de Panurge je ne voudrais pas voir ma belle-mère en peinture. »[11]. Déjà, lors de sa rencontre avec Pantagruel, sa description « il n’est pauvre que par fortune : car je vous asseure que, à sa physionomie, Nature l’aproduyt de riche et noble lignée » (p. 96) rappelle le Diable de Dante[12]. Il est vrai que Panurge est un être rusé et opportuniste, qui, pour se faire de l’argent « avoit soixante et troys manières d’en trouver tousjours à son besoing, dont la plus honnorable et la plus commune estoit par façon de larrecin furtivement faict » (p. 160). Néanmoins, Panurge est un personnage extrêmement cultivé qui parle couramment de nombreuses langues, ce qui en fait un compagnon de choix pour Pantagruel car tous deux ont la même soif de nouvelles connaissances. Son éloquence, qui rappelle celle des sophistes[13], lui permet de gagner facilement des débats publics, à l’image du débat contre Thaumaste. De plus, son intelligence et sa ruse lui ont permis de sauver sa vie, comme en Turquie, ou celle de ses compagnons, lorsqu’il tua six cent cinquante-neuf chevaliers et captura le dernier. Par contre, Panurge prend plaisir à se moquer des autres, comme on le voit avec la femme qui a refusé ses avances et se trouve ridiculisée par le stratagème de Panurge qui cherche à se venger. Néanmoins, Panurge est un personnage très optimiste qui cherche toujours une solution aux problèmes qu’il rencontre. A la mort d’Épistémon, il ne pleure pas avec ses compagnons mais s’empresse de ressusciter son ami. Comme Pantagruel, il semble assez fidèle mais, bien qu’il sauve souvent ses compagnons, il est profondément égoïste et « dédaigneux d’autrui »[14] , exception faite de Pantagruel qu’il a l’air d’aimer réellement.

- Quelle relation entretiennent Roland et Olivier ainsi que Pantagruel et Panurge ?

Afin d’analyser ces relations, il faut s’intéresser à ce qui fait une amitié. D’abord vient la rencontre, qui peut influencer la suite de la relation. Ensuite, on traitera de ce que les protagonistes ont vécu ensemble. Une ressemblance entre Pantagruel et la Chanson de Roland est la présence de disputes mais, alors qu’Olivier s’oppose à Roland, Pantagruel et Panurge ont l’air de faire front face aux autres protagonistes. Toutefois, il faut également trouver dans les textes des marques d’affection qui prouveront que ces amitiés sont (ou ne sont pas) vraies et sincères. Pour terminer, en suivant certains dictons bien connus, on se penchera sur les ressemblances et différences entre les personnages, que ce soit au niveau du caractère ou de leurs opinions personnelles.

2.1 La rencontre

On sait que Roland et Olivier ont mené de nombreuses conquêtes ensemble, de part et d’autre de l’Europe, pendant de nombreuses années « Ensemble avum estét e anz e dis ». (La Chanson de Roland, v. 2028). De plus, Aude, la fiancée de Roland est la sœur d’Olivier. Mais, même si l’on connaît un grand nombre des exploits de Roland, Olivier et les douze pairs (laisse 172), la rencontre entre les deux compagnons n’est jamais mentionnée.

Si l’on ne sait rien de la rencontre entre Roland et Olivier, celle de Pantagruel et Panurge en revanche occupe bien une place centrale dans Pantagruel. Au chapitre IX en effet, Pantagruel voit Panurge approcher mais reconnaît bien vite que derrière sa position de mendiant se trouve un homme intelligent et de « riche et noble lignée » (Pantagruel, p. 96). En outre, le titre du chapitre IX est « Comment Pantagruel trouve Panurge, lequel il ayma toute sa vie » (Idem). On voit donc directement l’importance de cette rencontre. De même, on peut en déduire facilement que ce qui a rapproché les deux hommes est leur soif de connaissances car Panurge se montre tout de suite très cultivé et polyglotte, alors que Pantagruel vient de recevoir au chapitre VIII la lettre de son père Gargantua qui l’incite à étudier avec ferveur et à apprendre les langues nobles comme le grec et le latin. Les deux compagnons semblent donc se compléter dès les premiers instants, chacun ayant quelque chose à offrir à l’autre – le savoir pour Panurge et l’argent pour Pantagruel.

2.2 Ce que les personnages ont vécu ensemble

Roland et Olivier sont tous deux de très bons chevaliers, ce qui les a amenés à combattre côte à côte maintes fois. L’expérience du champ de bataille, et de la victoire également, permet sans doute de rapprocher des hommes, surtout quand ils ont des qualités de combattants semblables.

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