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La Chanson de Roland, lecture analytique

Par   •  1 Avril 2018  •  1 618 Mots (7 Pages)  •  732 Vues

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II Une bataille admirable

La bataille et le chagrin ne doivent pas amoindrir la bravoure. On a remarqué que l’adjectif « chagrins » était accompagné de l’adjectif « courroucés ». C’est une juste colère qui anime les chevaliers et la guerre est ici évoquée dans sa splendeur.

Le lexique de la guerre :

La chanson de geste retranscrit des faits guerriers. Ainsi l’isotopie de la guerre est dominante dans l’extrait. L’équipement guerrier est évoqué avec beaucoup de précision : « ils s’arment », « de cuirasses, de casques, d’épées » (14) « boucliers, épieux » (15), « étendards » (16), « destriers » (17), « éperons » (18) ; « armures » (24). Chaque équipement est évoqué à deux reprises. Ces pluriels et cette répétition est la marque de l’amplification caractéristique de l’épopée. De façon plus générale encore, on trouve des termes appartenant au contexte guerriers : « bataille » (7), « armez-vous » « cri de guerre » (9), « l’armée » (17). Les couleurs vives accentuées par la lumière flamboyante évoquent des enluminures moyenâgeuses, « or » (14), « blancs, vermeils et bleus » (16), « jour éclatant » (23), « au soleil brillent » (24), « flamboient » (25), « dorés » (27). Cette représentation aux couleurs primaires illustre bien le caractère idéalisé de la guerre et met en valeur la splendeur et la richesse des armées de l’Empereur des Français. Certaines expansions nominales montrent le soin apporté aux armes et l’importance de la beauté : « boucliers ornés de fleurs » (26).

III Valeurs épiques

Les trois laisses sont marquées par les valeurs épiques.

Le texte montre la force un idéal moral inscrit dans la féodalité :

Les combattants évoqués sont désignés par leur titre : « comte Roland » « le roi » « le duc de Naimes » « un baron » « l’empereur ». Le peuple est évoqué par l’expression « les Français ». L’importance du collectif est évoquée à travers l’expression « tous les barons de l’armée ». Ces appellations rappellent l’organisation hiérarchisée des différentes catégories et le respect inhérent à ces distinctions. La répétition « les Français » montre l’importance de l’appartenance à un pays et laisse apercevoir le dévouement de tous : les actions de tous au service du roi ou du collectif selon le principe de l’affiliation. La solidarité se manifeste à travers certaines expressions : les guerriers s’expriment à travers la première personne du pluriel : « Si nous voyons Roland … avec lui nous donnerions de grands coups ». L’hyperbole « Il n’en est pas un qui ne pleure amèrement » suivie de la formule d’insistance par la reprise de l’adjectif « tous » dans : « Pour Roland, ils sont tous angoissés » accentuent la force de l’alliance. L’héroïsme est sans faille : celui de Roland bien sûr en tout premier lieu qui, dès le début de cet extrait, donne sa vie. Les expressions qui dépeignent la situation désespérée dans laquelle il se trouve provoquent à la fois la pitié et l’admiration : Le Comte Roland a la bouche en sang / De son cerveau la tempe est rompue / Il sonne l’olifant avec douleur et peine » (1-2). Ainsi la précision avec laquelle est décrite sa blessure physique ainsi que l’évocation de sa douleur morale montrent que le chevalier s’est donné corps et âme à son empereur et à sa patrie.

Le monde dans lequel ces actions prennent place est un monde dichotomique dans lequel le bien et le mal sont clairement distincts : la place du traître Ganelon est clairement identifié comme celui qui a trahi. Le verbe apparaît d’abord dans les propos du duc de Naimes : « celui-là l’a trahi qui vous demande de ne rien faire » (8). Charles tergiverse peu et à la fin de ce passage, il le désigne sous le terme de félon et le livre au chef des cuisiniers.

En revanche, les autres sont du côté du bien et au service du bien comme en témoignent leurs actions généreuses et infaillibles.

Conclusion

Le temps de l’épopée est un temps de bravoure et de générosité dans lequel les hommes sont fidèles à leurs paires, à leur empereur, à leur patrie et à Dieu.

Cet extrait montre le dévouement de Roland, la solidarité des Français, la bonté de Charlemagne bien conseillé par ces hommes de confiance mais aussi la traîtrise de certains aux conséquences tragiques mais justement et rapidement punie. On voit également une armée dans toute sa gloire et sa splendeur à travers cette description méliorative des chevaliers et de leur équipement guerrier. Ces caractéristiques sont au service de l’évocation d’un monde en construction dans lequel il importe de rappeler les valeurs essentielles qui permettent de le fonder et de le consolider. C’est pourquoi l’épopée est un genre qui s’épanouit dans le temps des sociétés jeunes.

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